L'Université Internationale Averroès (UIA) a placé la question de l'intelligence artificielle (IA) au cœur de sa dernière conférence académique. Dans un pays où les usages numériques progressent à un rythme soutenu mais où la dépendance technologique reste forte, chercheurs, responsables institutionnels et acteurs économiques ont débattu des enjeux liés à la souveraineté, à l'inclusion et à la gouvernance de l'IA. Créée en avril dernier, l'UIA s'est rapidement positionnée comme un lieu de réflexion sur les mutations contemporaines. Après des débats consacrés à « l'Université et l'employabilité » en présence du ministre Younes Sekkouri, puis aux « métiers d'avenir et opportunités d'investissement » avec Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie, l'institution poursuit son ambition d'accompagner les grandes transitions du Maroc. La table ronde du 10 septembre a été marquée par la présentation de l'ouvrage du professeur Az-Eddine Bennani, L'intelligence artificielle au Maroc ? Souveraineté, inclusion et transformation systémique (2025). Spécialiste de la stratégie numérique, ancien de Hewlett-Packard et fondateur d'un cabinet de conseil en France, M. Bennani enseigne aujourd'hui à la NEOMA Business School et à l'Université de Technologie de Compiègne. Son livre, fruit de quarante années d'expérience, propose une feuille de route « IA 2030 » qui ambitionne d'ancrer le Maroc dans une trajectoire technologique autonome. Lire aussi : L'UE lance une consultation sur la transparence des systèmes d'IA L'auteur y développe une approche systémique, croisant les usages concrets de l'IA – santé, mobilité, patrimoine, sport, finance numérique ou encore économie informelle – avec les questions de gouvernance et de diplomatie technologique. Ses recommandations convergent vers cinq priorités : Ces propositions interviennent dans un contexte où le Maroc cherche à accélérer sa transition numérique tout en affirmant une souveraineté technologique. Le lancement du Dirham-Digital, la montée en puissance des start-up locales et l'émergence d'un écosystème d'innovation témoignent d'une dynamique réelle. Mais les défis restent nombreux : dépendance aux infrastructures étrangères, fracture numérique persistante entre territoires et manque d'investissements publics dans la recherche fondamentale. En réunissant chercheurs, étudiants et décideurs, l'Université Internationale Averroès entend se positionner comme un acteur du débat public. À travers cette initiative, l'institution ambitionne de contribuer à la définition d'un modèle marocain de l'intelligence artificielle, enraciné dans les réalités nationales mais ouvert aux dynamiques africaines et mondiales.