La création d'entreprises au Maroc maintient une trajectoire globalement positive, traduisant la vitalité du tissu entrepreneurial national. Les données publiées par l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) offrent, à ce titre, une lecture précise de la structure des nouvelles entreprises, tout en mettant en évidence des choix clairs en matière de secteurs d'activité, de répartition régionale et de formes juridiques. Au-delà des volumes, ces chiffres permettent également d'apprécier les grandes dynamiques économiques à l'œuvre. Les détails à fin octobre. Sur la période 2015-2025, la création d'entreprises au Maroc enregistre une progression significative, confirmant une tendance de fond favorable à l'initiative privée. Alors qu'en 2015 (de janvier à octobre), le nombre de nouvelles entreprises s'élevait à 57.263 unités, ce nombre a atteint 92.232 créations sur la même période en 2025, soit une hausse substantielle de 61,1% en une décennie. Le taux de croissance annuelle moyen (TCAM) ressort ainsi à 4,9%. Après le repli conjoncturel observé en 2020, lié au contexte sanitaire et économique mondial, la reprise s'est rapidement accélérée. Dès 2021, le nombre de créations a dépassé à nouveau le seuil des 88.203 entreprises, marquant un retour à une dynamique ascendante. Depuis lors, cette évolution est restée orientée à la hausse, témoignant d'un regain de confiance des entrepreneurs. Cependant, le volume de créations à fin octobre ne reflète pas toute la capacité entrepreneuriale du pays, comme en témoigne le nombre de certificats négatifs déposés au cours de l'année. Le volume atteint 127.561 demandes en 2025, soit une hausse annuelle de 10%. Les dénominations sociales dominent, avec 119.580 demandes, en hausse également de 10% sur un an. Les enseignes commerciales, elles, totalisent 7.981 demandes, soit 5% de plus. Commerce : le moteur de la création d'entreprises au Maroc L'analyse sectorielle des créations effectives sur la période allant de janvier à octobre 2025 révèle une forte concentration autour de quelques activités clés. Le commerce demeure, sans surprise, le principal moteur de la création d'entreprises au Maroc, représentant 35,75% des nouvelles immatriculations. Ce poids confirme son rôle structurant dans l'économie nationale et son accessibilité pour les porteurs de projets. Le BTP et les activités immobilières occupent la deuxième place avec 19,74% des créations, traduisant la poursuite des investissements dans l'immobilier et les infrastructures. Les services divers suivent avec 17,57%, ce qui témoigne de la montée en puissance des activités tertiaires. Les transports représentent 7,67% des créations, tandis que les industries en totalisent 7,03%, un niveau encore modeste au regard des ambitions industrielles du pays. Les hôtels et restaurants atteignent, pour leur part, 5,70%, reflétant le redémarrage progressif de l'activité touristique. En revanche, les secteurs agricole et financier demeurent marginaux, ce qui confirme une faible diversification sectorielle des nouvelles entreprises. Formes juridiques : la SARL à associé unique s'impose largement La SARL à associé unique domine nettement le paysage juridique, représentant 64,9% des nouvelles sociétés, devant la SARL classique (34,4%). Les autres statuts restent très minoritaires, les sociétés anonymes ne pesant que 0,2%, soulignant leur faible attractivité pour les PME. Ce choix massif traduit la recherche de simplicité administrative, de flexibilité et de maîtrise des coûts, structurant un tissu entrepreneurial centré sur de petites entités individuelles. Sur le plan régional, Casablanca-Settat conserve une avance nette avec 28.748 créations, suivie de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12.601), portée par l'industrie et la logistique, et Rabat-Salé-Kénitra (11.779), cette dernière bénéficiant de son rôle administratif. Marrakech-Safi enregistre 10.524 créations, les autres régions restant modestes, ce qui confirme un déséquilibre territorial marqué et la concentration des initiatives entrepreneuriales dans quelques pôles urbains majeurs. Dépôts de brevets : 386 demandes en 2025 ! Les dépôts de brevets au Maroc traduisent une évolution réelle de l'innovation nationale. Les certificats négatifs, eux, mesurent l'intensité de la création d'entreprises. Ensemble, ces indicateurs éclairent la dynamique économique et entrepreneuriale marocaine. En 2025, les dépôts de brevets au Maroc atteignent 4.031 demandes, selon les données de l'OMPIC. Ce volume affiche une baisse de 14% par rapport à 2024, mais une reprise de 4% comparé à 2023. Dans ce contexte, les déposants nationaux adoptent une trajectoire plus dynamique. Ils déposent 386 brevets par voie nationale en 2025, soit une progression qui atteint 41% sur un an et 89% sur deux ans. Cette évolution confirme un regain d'intérêt pour la propriété industrielle locale. Elle traduit aussi une stratégie de sécurisation accrue des innovations domestiques. À l'inverse, les brevets étrangers au Maroc montrent un net ralentissement. Les dépôts via la voie «PCT et priorité» chutent à 166 demandes, soit 19% en glissement annuel. La voie de «validation», bien que dominante, recule également. Elle totalise 3.479 brevets validés en 2025, un volume en repli de 18% par rapport à 2024, mais quasi stable comparé à 2023. Cette évolution reflète une prudence accrue des investisseurs internationaux, surtout dans un contexte macroéconomique mondial qui influence clairement les décisions de protection. Marques au Maroc : baisse de plus de moitié des demandes d'enregistrement Les dépôts de marques au Maroc enregistrent une contraction significative. En 2025, les demandes tombent à 2.104 dossiers, contre 4.256 demandes en 2024. La baisse annuelle atteint ainsi 51%. Les déposants nationaux enregistrent 1.252 demandes de marques. Ce chiffre recule de 49% sur un an. Les déposants étrangers, eux, ont déposé seulement 852 marques. Ce recul traduit un climat d'attentisme économique. Plusieurs projets commerciaux semblent différés ou redimensionnés. Les dessins et modèles industriels au Maroc, eux, suivent la même tendance. En 2025, les demandes atteignent 168 dossiers seulement, reculant de 45% par rapport à 2024. Les déposants nationaux comptent pour 136 demandes, alors que les étrangers n'en ont enregistré que 32. Ce repli questionne l'investissement dans le design industriel. Il limite aussi la valorisation commerciale des produits innovants. Globalement, les brevets, marques et dessins industriels ralentissent sensiblement. À l'inverse, les certificats négatifs et les créations d'entreprises confirment une forte dynamique entrepreneuriale. Ainsi, l'innovation se structure avec prudence, tandis que l'initiative entrepreneuriale et commerciale progresse. Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ECO