Les Echos : Comment a évolué le métier du guide à travers les années au Maroc ? Leila El Maizi : Il y a une trentaine d'années, il n'existait pas de femmes guides. J'étais parmi les premières au Maroc à exercer ce métier. Au tout début c'était très difficile. Néanmoins et au fil des années, cette situation a nettement changé. Actuellement, rien qu'à Marrakech il y a 34 femmes guides qui exercent dans la ville, et sur le plan national nous sommes près de 50 femmes à avoir choisi ce métier. Le métier en lui-même a beaucoup changé aussi, et je pense que l'intégration de la femme, plus particulièrement dans ce métier, l'a anobli en quelques sortes. Il y a une quarantaine d'années, on considérait encore ce métier comme celui de «voyous». Heureusement que les choses ne sont plus les mêmes depuis. Et ce changement a été réussi notamment grâce à la volonté de l'Etat et de quelques hommes du métier qui avaient cru en nous. Comment décrivez-vous la situation des femmes guides actuellement ? La situation des femmes guides actuellement n'a rien d'exceptionnel par rapport à celle des hommes. Je pense que toutes les difficultés qui existaient au départ ont été réduites avec le temps. La société marocaine comme les hommes appartenant à notre corps de métier ont fini par accepter la femme comme guide touristique. Par contre, il suffirait juste que celle-ci soit réellement disponible pour accomplir certaines exigences... Vous savez comme moi qu'il est plutôt difficile pour une femme ayant la charge d'une famille d'exercer ce métier. Il faudrait également qu'elle soit capable de parcourir parfois tout le Maroc sans arrêt, accompagner un groupe de touristes, leur présenter notre culture, notre patrimoine, notre histoire... Comment voyez-vous l'avenir du métier de guide touristique au Maroc ? En tant que guides, nous nous devons d'être de plus en plus cultivés. Avant, on basait le choix des guides sur la connaissance de la langue sans aucune autre culture. Toutefois, les attentes du client ont évolué. Le contexte touristique mondial a changé aussi. Pour pouvoir être à la hauteur, il faut que les guides aient des connaissances considérables, des formations continues, notamment pour les anciens d'entre nous et ceux n'ayant pas de diplômes spécialisés. Les jeunes guides touristiques ont quelque part le devoir de donner un coup de main à cette ancienne génération de guides en vue de les mettre au fait de l'actualité touristique dans le pays. La connaissance des faits historiques est aussi primordiale dans notre métier.