Plusieurs idées passionnantes, d'autres plus osées ou anti-conventionnelles ont guidé le monde de la photographie. Celles de transformer les hasards de la vie en photographies, germaient depuis longtemps dans la tête d'Alexander Von Reiswitz. Le bonheur de la recomposition Le travail de ce photographe berlinois se greffe à la nature des passants pour en devenir le support. Lors de son séjour en avril 2009 à Casablanca, il crée des portraits de 15 familles dans les rues et sur les places de la ville blanche. Des endroits tels la grande mosquée, le quartier des Habous, Mers-Sultan ou Derb Ghallef. Un groupe d'étoiles allait alors naître de cette expérience artistique ! «Constellations familiales» est l'exposition qui figure dans le cadre de «Retroperspektive 2010» pour les 50 ans du Goethe-Institut au Maroc. Si la constellation familiale est la méthode de thérapie de groupe, basée sur la mise au jour de l'inconscient collectif, son homonyme par l'objectif photographique est un projet international agrémenté de photos capturées dans 44 pays et qui contiendrait, en plus, une publication dans laquelle des écrivains complèteront librement les histoires de famille. Comment tout cela a-t-il débuté ? Par un beau matin de l'année 2005, alors qu'il se trouvait à Tokyo, le Berlinois avait pris son appareil photo, arpenté les rues et s'était aussitôt mis au travail. Toutefois, des moments importants dans la vie d'Alexander Von Reiswitz s'ajouteront à ce premier travail d'initiation : «Je me rappelle bien que mon père avait remplacé la photo de mon arrière-grand-mère dans le salon par la photo d'une veille dame achetée au marché aux puces. Cette dame avait un regard sévère et il disait : Cela va très bien !». Von Reiswitz se remémore et interprète : «Le manque était rempli, l'album de famille était de nouveau en ordre et complet. Souvent, je pensais que mon arrière-grand-père aurait pu rencontrer cette femme par hasard, l'aimer et peut-être même l'épouser». Un regard inattendu est apposé par l'artiste sur la notion de la famille recomposée. La démarche artistique est également un élément tangible de cette thérapie par la famille. Tout commence par des questions telles que «Voudriez-vous être un grand-père sur mon prochain album-photo ?». Peu à peu, il rassemble les membres de la «famille» et prépare une image pour l'éternité basée sur le hasard. «Quelle bonne idée !», disent beaucoup de gens, ils sourient puis suivent les recommandations de mise en scène d'Alexander Von Reiswitz en s'approchant encore plus sans aucune crainte, comme s'ils étaient à la recherche de contacts humains. Il en sera ainsi à New York, à Tokyo, à Saint-Pétersbourg et... à Casablanca.