Initiée par l'Amerm et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, l'étude «Les Marocains et les migrants subsahariens : quelles relations ?» révèle ambigüités et malaises sociaux, comme on peut s'en douter, mais surtout... beaucoup de choses que l'on ne savait pas. Faits : la majorité des ressortissants d'Afrique subsaharienne, surtout des Nigérians, mais aussi des Sénégalais, des Maliens et des Ivoiriens qui transitent par le Maroc ou qui ont finalement choisi d'y vivre, ont un niveau d'éducation élevé, sont âgés de 26 à 35 ans et, avant de quitter leur pays d'origine, avaient une vie professionnelle précaire. Dans l'éventail des «blacks» de passage ou résidant au Maroc, tout le continent noir est représenté, du Ghana, au Zimbabwe, en passant par l'Ethiopie et le Gabon. L'objet de cette étude est l'analyse des perceptions et des attitudes des Marocains vis-à-vis des Subsahariens, ce qui signifie de mener 4 actions principales : saisir les caractères démographiques et socioéconomiques de la population cible ;appréhender les rapports des Marocains avec les migrants subsahariens ; examiner comment les Marocains perçoivent les Subsahariens et cerner les attitudes et les comportements des Marocains à l'égard des migrants subsahariens. Conduite sur les villes de Casablanca, Rabat, Tanger, Oujda, Nador et Bouârfa, l'étude a révélé, selon le Pr. Houria Alami M'Chichi de la faculté de droit de Casablanca, «de fortes ambigüités dans les réactions des Marocains, avec une présence évidente du racisme. Toutefois, note l'universitaire, ce racisme est tempéré par une sensibilité et une culpabilisation sociales, car les Marocains sont conscients qu'ils sont eux aussi un peuple d'émigrés» en Europe, au Québec, dans les émirats du Golfe et en... Afrique noire. La difficulté de rapports fluides des Marocains avec les «blacks» de passage ou établis dans nos villes tient à plusieurs aspects. Social, avec des difficultés communes, d'où un «raidissement» des autochtones, et la couleur de la peau.La religion en tant que telle joue un rôle négligeable : ce n'est pas parce que le «black» sénégalais est tijani et musulman que le sentiment raciste du Marocain musulman lambda sera atténué. «L'homme est un loup pour l'homme», a dit Thomas Hobbes il y a quelques siècles de cela. Cependant, selon certains résultats de l'étude, c'est en raison de la religion que le Marocain se déclarera généreux envers l'Africain de passage. L'honneur est sauf. Comment les Africains du Maroc vivent-ils cela alors ? «Mal», répond le professeur Houria Alami M'Chichi, et «le rejet est réciproque» même si l'on commence à voir quelques mariages mixtes et que les enfants vont soit à l'école marocaine, soit à l'école privée bilingue». Sondages à Tanger : 200 spécialistes de 20 pays Le 6e colloque francophone des sondages réunit 200 experts de 20 pays (Maroc et France bien sûr, mais également Algérie et Québec, Vietnam et Belgique, Sénégal et Burkina Faso), cette semaine à Tanger. La manifestation scientifique traite de la matière sous toutes ses formes : ses développements méthodologiques, mais aussi ses applications en politique, santé ou éducation.C'est l'université Abdelmalek Essaâdi qui coiffe l'événement en partenariat avec la Société française des statistiques, le Ceped français (Centre population et développement) et l'Académie Hassan II des sciences et techniques. C'est la première fois que ce colloque international se tient hors d'Europe. Il s'est ouvert lundi par une série de formations destinées au grand public, aux enseignants et aux étudiantsdes universités marocaines avant de se poursuivre par de nombreuses présentations sur les baromètres politiques de confiance, la culture du cannabis et sa relation avec le rendement scolaire dans le Rif et les effets psychologiques des sondages dans la prise de décision finale.