Istiqlal : Les idées ne meurent jamais !    Du 17ème au 18 Congrès : Engagement, détermination et renouveau    Dialogue social: Baitas assure de "la forte volonté politique" du gouvernement de traiter les différents dossiers    Baitas: Le gouvernement continue ses efforts pour la généralisation de l'Amazigh    Allemagne : L'AMDIE en prospection pour les investissements étrangers au Maroc    Maroc Telecom : Le chiffre d'affaires évolue de 1,2% au T1 de 2024    Conseil de gouvernement: Adoption d'un projet de loi relatif au régime de l'AMO    Le Conseil de gouvernement approuve des propositions de nomination à des fonctions supérieures    La famille marocaine au coeur des différentes politiques publiques (Baitas)    Le Maroc dénonce vigoureusement l'incursion par certains extrémistes et leurs partisans dans l'esplanade de la Mosquée Al-Aqsa    Immigration irrégulière: 14 corps de migrants repêchés au large de la Tunisie    Algérie : l'ANP s'entraîne à percer "un mur de défense"    Le président sénégalais ordonne la création d'une commission d'indemnisation des victimes des violences politiques    Dakhla: la Marine Royale porte assistance à 85 candidats à la migration irrégulière    6e Edition du Championnat Arabe de Handball (natifs 2004/05) : Forfait général de l'Algérie    RS Berkane contre USM d'Alger : le verdict de la CAF est tombé    Morocco's cannabis regulation agency granted 2,905 cultivation licenses in 2024    Maroc : Un serval, espèce en voie d'extinction, vu à Tanger    Températures prévues pour le vendredi 26 avril 2024    Lubna Azabal, étoile marocaine, à la tête du jury des courts-métrages et de La Cinef à Cannes    Festival Angham: Meknès vibre aux rythmes issaouis et gnaouis    Gouvernement britannique: L'activité commerciale au Sahara marocain "parfaitement légale"    Le Crédit Agricole du Maroc lance son offre d'affacturage à travers sa filiale CAM Factoring en marge de la 16ème édition du Salon International de l'Agriculture au Maroc    Le Maroc condamne les incursions par des extrémistes juifs dans l'esplanade de la mosquée Al-Aqsa    Meeting international Moulay El Hassan de para- athlétisme : Des formations au profit d'entraîneurs et d'arbitres nationaux et internationaux    OM : Sorti sur blessure, les nouvelles rassurantes d'Amine Harit    Comment le Maroc s'est imposé sur le marché du doublage en France    L'ONMT met "Rabat, Ville Lumière" dans les starting-blocks des Tour-Opérateurs français    L'Espagne à l'honneur au 27è Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde    Dakhla: Ouverture du premier forum international sur le Sahara marocain    Espagne : Après l'ouverture d'une enquête sur son épouse, Pedro Sanchez envisage de démissionner    Reportage : En France, des médecins marocains racontent leur quotidien [INTEGRAL]    Diplomatie. Le Cameroun lance un centre de transformation numérique    Education : l'ANLCA, l'UNESCO et Huawei s'allient contre l'analphabétisme    L'innovation numérique en débat à l'Université Al Akhawayn    Energies. Les ambitions de l'Angola    Coupe du Monde Futsal 2024/Tirage de groupes: Le Maroc dans le deuxième chapeau    Liga / J32 : En-Nesyri décisif face à Mallorca    Mauritanie. Le président Ghazouani candidat pour un deuxième mandat    Formation professionnelle. La Côte d'Ivoire et Djibouti coopèrent    Interview avec Abdulelah Alqurashi : « Produire le premier film saoudien classé R a été risqué, mais je brûlais de voir la réaction du public »    Diplomatie: Albares réaffirme l'excellence des relations de l'Espagne avec le Maroc    Les prévisions météo pour le jeudi 25 avril    Quelles sont les 12 meilleures huiles d'olive vierges extra au Maroc en 2024 ?    Gaza/Cisjordanie: L'ONU réclame 1,2 milliard de dollars pour aider deux millions de personnes    Match USMA-RSB: La CAF sanctionne l'USMA par un forfait de 0-3, le match retour maintenu à Berkane    Rabat: Cérémonie en l'honneur des lauréats du 1er concours national de la sécurité routière    Le tourbillon rock-blues Zucchero arrive à Casablanca    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Quand Hmoudane devise sur sa Trinité «Le Ciel, Hassan II et Maman France»
Publié dans Le Soir Echos le 13 - 08 - 2010

On commence déjà à parler de la rentrée littéraire et à brandir des noms qui feront l'événement. Ceci se passe en France, bien sûr. Il y a au moins trois Marocains qui sont attendus et qui sont publiés dans de grandes maisons d'édition de l'hexagone : Mohamed Hmoudane, Fouad Laroui pour « Une année chez les Français » aux éditions Julliard et Abdellah Taïa pour « Le Jour du Roi » chez Le Seuil. Nous tenterons de rendre compte ici de ces récits en commençant cette semaine par le roman de Mohamed Hmoudane, « Le Ciel, Hassan II et Maman France » (Ed. De La Différence, aout 2010, 222 pages).
Le roman de Hmoudane arbore un titre original qui rassemble des entités décisives dans le parcours du protagoniste Mahmoud. «Le Ciel» auquel le héros est soumis malgré lui, une sorte de fatalité qu'accepte volontiers le personnage en suivant nonchalamment sa pente. «Hassan II», ou plus généralement
le Makhzen, est le symbole de toute une vie d'avant le Départ marquée par la violence et les injustices.
«Maman France» ou l'aigre-doux, une bouée de sauvetage et un système qui vous enfonce encore plus dans la dèche. Le Tout donne un mélange savoureux. Le titre prend d'autres connotations et résonances en fonction de la lecture que chacun peut faire du texte.
Vu sous un certain angle, ce récit aborde quelques thématiques déjà évoquées dans «French dream», premier récit de Hmoudane paru en 2005, notamment les questions de l'émigration, les difficultés de l'intégration et les malentendus culturels.
Placé sous le signe de la poésie par la mise en exergue de deux citations d'Arthur Rimbaud et par l'évocation de ce grand poète au sein même du récit, le texte baigne dans la poéticité par son mode narratif «instable» et non linéaire.
Hmoudane demeure fidèle à ses premières amours puisqu'il a d'abord publié plusieurs recueils de poésie avant le roman.
Le travail de l'écriture, les questions de littérature, les rapports entre le réel et la fiction… sont des interrogations que soulève Hmoudane, pour la première fois, au sein même de son récit. Par ailleurs, des figures littéraires traversent le texte.
On rencontre Rimbaud à plusieurs reprises mais aussi Jean Cocteau et tous ces Dieux par lesquels jure Mahmoud : «Par Hölderlin et Pessoa, Baudelaire et Saint-John Perse, Khaïr-Eddine et Tchikaya Utamssi, Paz et Cavafis, Césaire et Senghor, par les poètes de l'Antiquité et de la Modernité, les morts et les vivants, je vous jure, messieurs, par tous vos poètes vénérés, que je ne m'amuserai plus jamais à désaccorder, à casser, la précieuse Lyre d'Orphée !» (p. 117). Il a beau jurer, il ne faut surtout pas le croire. Un vibrant hommage est rendu à l'écrivain Mohamed Leftah placé parmi les «êtres incandescents, hors du commun» (p.121).
Sur un ton tantôt badin, tantôt grave, l'auteur saisit des moments décisifs du parcours de son personnage, des tournants dans des existences tourmentées. Ainsi l'arrivée de l'an 2000 coïncide pour le protagoniste avec ses 10 ans passés chez «Maman France», un anniversaire qu'il fête comme il se doit et qui devient «l'occasion pour [se] restituer quelques épisodes de [sa] vie, de dresser, une fois n'est pas coutume, un inventaire et, pourquoi pas, d'arrêter des résolutions et de [s'] efforcer de les tenir…» (p. 39).
Le prétexte est tout trouvé pour donner lieu au texte qui convie les autres composantes de la Trinité, le Ciel et Hassan II.
Humour et dérision à tout bout de page sur le compte, entre autres, de la France que Hmoudane dote de ce doux terme de Maman, une maman malgré elle ! Le pays natal n'est jamais loin et la langue du cru est appelée à la rescousse d'un texte qui n'hésite pas à balancer à la figure du lecteur les termes les plus crus. Le discours est incisif et souvent caustique.
C'est cette langue qui fait que les figures féminines qui ont marqué le parcours du protagoniste défilent et les malentendus se dévoilent.
La sexualité est un fil discret qui traverse tout le texte partant des conquêtes de Mahmoud et des amours homosexuelles de Walid pour déboucher sur la terreur semée à Marrakech par l'intégriste Abou Qodaïb après avoir fait un détour par la période de l'enfance à Salé marquée par la violence.Espace pivot du roman : La Fabrik. C'est un bar de la banlieue parisienne, lieu où l'on «fabrique» le récit, l'endroit où on défait et refait le monde. C'est là que Boualem se proclame Roi des «Khoroto» ; par «khoroto […] il faut entendre […] un blédard, fruste, naïf et gaffeur» (p.193).
Est-ce une autobiographie comme certains ont déjà qualifié ce texte ? Au beau milieu du récit, Hmoudane ou Mahmoud, peu importe, balance : «Je n'invente rien – Je ne manque pas pour autant d'imagination» (p. 116). Au lecteur de déceler sa vérité là-dedans.
Ce qui est sûr c'est qu'on sent l'auteur jubiler en édifiant son univers, il règle des comptes sans méchanceté et conduit son texte jusqu'à la jouissance.
In fine, c'est un récit iconoclaste qui, tout en sabrant les icônes, construit sa propre logique, sa langue particulière et, pour tout dire, encore une fois, un univers sauvageon fleurit entre les doigts de Mohamed Hmoudane.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.