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« Nous devons inventer notre modèle social »
Publié dans Le Soir Echos le 31 - 01 - 2011

A la veille de l'annonce par la CGEM des vingt mesures pour l'emploi, rencontre avec Jamal Belahrach dans un entretien sans détours.
Mardi, vous allez faire une série d'annonces. Sans les dévoiler à l'avance, pourriez-vous nous parler de vos propositions sur l'emploi ?
Le travail de la commission a débuté il y a deux ans. Les mesures qui vont être annoncées ne rentrent pas complètement dans la Vision 2020 annoncée par la CGEM. Elles sont complémentaires de celle-ci. Il s'agit d'une ambition qui nécessite un certain nombre de fondamentaux comme une croissance minimum de 6 à 8% pendant une période d'environ 10 ans. Il faut être vigilant avec les chiffres qu'on annonce, mais il est important de souligner que pour la première fois, la CGEM va s'impliquer dans des questions d'emploi. C'est là un signe fort pour que l'entreprise marocaine s'investisse dans l'emploi, qui devient aussi une question de sécurité. Quand on voit le volume de chômeurs jeunes au Maroc, qui est le double du taux national, on doit affronter ce problème.
Une adéquation entre offre et demande ?
Il ne suffit pas que la croissance soit là, il faut être capable d'aligner les bonnes ressources. Force est de constater que jusqu'à présent, nous avons failli. Il faut le dire. Ça fait des années qu'on parle de cette inadéquation, mais nous n'avons toujours pas fait ce qu'il fallait pour en venir à bout. Ce n'est pas parce qu'on forme certains profils techniques en volume que le problème sera résolu. Il y a une véritable réflexion qui doit être mise en place ainsi qu'une dynamique collective avec les entreprises, les universités et le gouvernement. Ce qui a été fait n'est pas suffisant. Je rappelle quelques éléments comme l'existence de plans dans tous les secteurs qui annoncent beaucoup d'emplois, mais rien n'a été fait pour anticiper cela. On annonce des chiffres mais sans être réellement passé à l'action pour l'instant. Il est aujourd'hui urgent de ne plus attendre.
Qu'en est-il de ces jeunes sans qualification aucune ? Comment les intégrer dans le circuit économique ?
Nous ne faisons rien ! Et c'est là qu'il faut travailler. Comment ? Dans les mesures que nous allons annoncer, une des mesures cible les jeunes qui ont un niveau inférieur au baccalauréat. Ce que je nous reproche collectivement, c'est que nous travaillons par à-coups. Nous sommes dans la réaction. Or un pays comme le nôtre et notre dynamique économique requièrent une vision globale de la question du chômage. Les ignorer nous exposerait à de graves problèmes comme ceux qui secouent la région actuellement. Il ne faut pas oublier que la crise tunisienne a été déclenchée par une problématique d'emploi et non pas par une revendication purement politique. Savez-vous que d'ici 6 ans, nous aurons 3 millions de personnes supplémentaires sur le marché de l'emploi sans aucune qualification, parce qu'il y a environ 300.000 abandons scolaires par an ? Au risque de me répéter, nous devons cesser de travailler en nous focalisant sur des niches et mettre en place une vision globale. Nous en avons les moyens et la CGEM a un rôle important à jouer sur ce registre.
Le tissu économique marocain est fait à 90% de PME. Est-ce que les approches proposées tiennent compte de ce critère ?
On revient à la case de départ. Le problème de l'emploi n'a à ce jour jamais été pris de manière globale et sérieuse. A travers les annonces que nous allons faire ce mardi, nous souhaitons lancer un véritable débat. Mon objectif est d'arriver à un Pacte national pour l'emploi. Comment en mesurer le succès ? Il faut réunir tous les acteurs. L'Etat d'abord, qui doit être à l'origine de ce pacte, les entreprises, les partenaires sociaux, pour s'occuper de toutes les couches de la société qui sont en souffrance ou en déshérence. Ensuite, il faut créer des mécanismes de gouvernance quantifiés où chacun serait comptable de son engagement. Il est impératif d'entrer dans une logique de résultats et d'efficacité et non pas se cantonner à une politique d'annonce de chiffres. Il faut changer de paradigme. C'est la fin d'une époque et hélas, je pense que le Maroc n'a pas encore compris que nous sommes entrés dans la mondialisation. Nous sommes toujours dans notre microcosme en pensant que notre pays est déconnecté du monde. La seule connexion que nous faisons est lorsque les investisseurs étrangers se présentent ; mais s'ils ne trouvent pas les compétences recherchées, ils repartent. Nos responsables doivent mettre l'emploi au centre de leurs préoccupations. Qui dit emploi, dit entrée dans le formel, salaires, consommation, taxes et impôts donc rentrée d'argent dans les caisses de l'Etat, etc.
Il est temps que nous nous posions véritablement les bonnes questions. Et ce n'est pas en annonçant que l'Etat va allouer quelques postes aux diplômés chômeurs que le problème sera résolu.
Les diplômés chômeurs…
La responsabilité engagée est celle de l'Etat, qui joue le jeu en cédant à leur chantage. Il faut expliquer aux gens que l'Etat n'est pas un employeur miracle. Lorsque les gens sont formés, c'est pour trouver un emploi sur le marché du travail. Si on accrédite cette idée de fonctionnariat, nous sommes finis. D'ailleurs, ça n'existe plus dans aucun autre pays. Sauf que pour avoir la paix, on entretient ce mythe. Il faut du courage politique, malheureusement nous n'en avons pas aujourd'hui. La bonne manière serait de proposer à ces diplômés chômeurs l'accompagnement idoine pour leur permettre de s'insérer dans le marché du travail. D'où la réforme majeure dont nous avons besoin pour la formation continue qui est aujourd'hui inexistante. L'Office de la formation (OFPPT) n'est pas en mesure de le faire seul. Quand vous savez qu'aujourd'hui des entreprises peinent à se faire rembourser quand elles envoient leurs salariés en formation, vous imaginez les efforts et le temps gâchés ? Sans parler de l'employabilité des salariés qui se dégrade et les empêche de se maintenir sur le marché de l'emploi.
Le Pacte national doit adresser tous ces sujets. L'emploi d'une part, mais aussi l'employabilité à travers la formation qui est un élément clé.
Si vous aviez carte blanche, quelles sont les 3 actions immédiates que vous prendriez ?
Je commencerais par réunir tous les acteurs pendant le temps nécessaire à l'élaboration des actions et des mesures concrètes pour faire régresser le chômage.
Deuxième point, je ferais un plan sur cinq ans avec des indicateurs précis, mesurables tous les trimestres.
Troisième point, je réformerais tout le marché du travail, avec tous les acteurs. Prenez l'exemple des statistiques du chômage, elles sont calculées sur un petit échantillon alors que l'Anapec devrait avoir plus de moyens pour pouvoir mieux comptabiliser les demandeurs d'emploi. Aujourd'hui, on parle dans l'absolu et on se gargarise avec un taux de chômage de 9,8%, mais il faut savoir que c'est l'un des plus élevés du monde par rapport à des économies comparables ! Alors que faire ? Doit-on considérer qu'une génération doit être sacrifiée ?
Mes trois actions seraient donc de réunir tout le monde d'urgence pour travailler sur un pacte national sur 5 ans et réformer le marché du travail.
Si vous me le permettez, un quatrième point qui n'est pas abordé serait celui de la flexibilité de l'emploi, qui est un sujet primordial. En effet, tous les marchés qui ont un faible taux de chômage sont ceux où la flexibilité fonctionne.
Et si vous me laissez une cinquième action, ce sujet étant mon dada, je voudrais parler du modèle social. Nous devons inventer notre modèle social marocain qui engloberait les questions de la protection sociale, les problèmes du marché du travail et de la santé. Nous n'avons pas de modèle fiable. Nous tâtonnons depuis des années. AMO par-ci, IPE par-là, mais nous n'avons pas réussi à définir quelque chose. Prenons les pays du nord. Ils ont un modèle social précis. Il coûte cher, mais il est financé. D'où ma proposition sur la TVA sociale. Il faut aujourd'hui oser. En déployant et généralisant la TVA sociale et en baissant les charges sociales on assurerait la compétitivité des entreprises. En la généralisant, nous aurions les moyens de financer notre modèle social avec comme effet bénéfique le développement de l'emploi.
Je souhaiterais que l'année 2011 soit celle de l'emploi, de la formation et de l'employabilité.
D'ailleurs, les élections de 2012 sont une chance. Avez-vous entendu un seul parti politique parler d'emploi, de formation ou de santé ces cinq dernières années ? Nous n'allons pas attendre d'avoir des manifestations pour réagir. C'est le moment. Je pense pour ma part que nous sommes encore dans un bon timing, sinon ces questions vont rapidement devenir des questions de sécurité.
Comment une entreprise comme la vôtre peut-elle contribuer à ce projet de société ?
Avec près de 6.000 personnes qui trouvent un emploi à travers nos services, ce n'est pas rien. Si l'Etat faisait un partenariat avec nous, nous pourrions aider à placer davantage de chômeurs. Notre maillage est notre force. Nous sommes aussi un véritable observatoire entre les attentes des entreprises et l'offre disponible. Nous pouvons donc aider à orienter les politiques de formation. Hélas, nous ne sommes pas sollicités. Chacun est dans son coin. Prenez le dialogue social. Nous sommes en 2011 et où en sommes-nous ? Quand on assiste à une réunion au ministère à laquelle sont conviées 80 personnes, ce n'est pas un dialogue social, c'est un dialogue de sourds.
C'est la fin d'une époque. Nous avons ce qu'il faut pour nous en sortir. Encore faudrait-il qu'on nous entende…
Mardi, nous allons mettre le paquet. Il faut simplement que les agendas des uns et des autres convergent. Il y a un projet sociétal initié par le roi, mais il manque un rouage entre cette vision et la société. Il est temps que ces gens prennent la mesure du problème et agissent dans ce sens avant que ce soit le roi qui prenne les choses en main à nouveau. Chacun doit faire son boulot.


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