Sur un plan individuel, chacun de nous prend les grandes décisions de dépenses en les mettant en phase avec les entrées prévues. Au moment où la demande d'une augmentation substantielle du SMIC fait son chemin dans l'espace public, une hypothèse, grave, se profile qui, si elle se vérifiait, aurait des répercussions dramatiques sur la stabilité du pays. A la lumière des événements qui secouent une bonne partie du monde arabe, et en particulier ces régions qui fournissent le monde en carburant, de nombreux analystes prévoient une envolée du prix du baril jusqu'à 200 dollars. Concrètement, cela imposerait une modification radicale de notre quotidien, une récession généralisée et une hausse du chômage. Pour nous rassurer, nous pouvons dire que ces mêmes experts lient cette probabilité à un incident majeur en Arabie Saoudite. Mais faudra-t-il attendre d'être acculés pour réagir ? Ou devrions-nous plutôt accélérer la modification de nos comportements pour atténuer, s'ils venaient à se produire, de tels effets ? Du coup, comme le dit Obama, le président candidat à sa propre succession, il faut cesser de subventionner l'énergie d'hier et investir dans celles de demain. Une chose est sûre, tant que la pression ne se fera pas sentir sur chacun de nous, le poids de l'industrie pétrolière continuera à peser sur notre avenir en le grévant. Une autre chose, moins facile à gérer pour les politiques et les hommes publics, est d'appeler les citoyens – tous les citoyens – à endosser, ensemble, les contraintes pour mieux les contourner. Pour y arriver, il faudra du courage mais aussi et surtout une grande transparence, ainsi qu'un grand effort de solidarité pour protéger les plus faibles et éviter qu'ils soient exclus. Sinon, il est bien entendu possible de continuer à croire au monde merveilleux de Oui-Oui et promettre à chaque groupe d'accéder à ses demandes, fussent-elles irréalistes. En d'autres termes, il est peut-être temps de considérer les citoyens comme des individus intelligents et de désolidariser l'engagement politique des échéances électorales pour l'enraciner dans un véritable projet de société.