Un regain de tension sur le marché des commodities annonce la fin de la correction des prix du brut. Les 140 dollars pourraient bien être atteints d'ici fin 2012. Pour l'AIE, il y a urgence à augmenter l'offre de pétrole. Les prix du pétrole ont légèrement progressé vendredi dernier à New York, à la veille d'un week-end prolongé aux Etats-Unis et à l'issue d'une séance hésitante et peu animée. En effet, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en juillet, a terminé à 100,59 dollars, en progression de 36 cents par rapport à la veille. Des volumes d'échanges anémiques ont continué à être enregistrés, alors que le marché est resté sensible aux annonces macroéconomiques. Des indicateurs américains décevants ont contribué à entretenir la prudence des opérateurs. Selon des chiffres publiés vendredi, la hausse des dépenses de consommation des ménages aux Etats-Unis a ralenti à 0,4%, en avril et elle n'atteint que 0,1% une fois l'inflation prise en compte. Le département américain du Commerce a, de son côté, confirmé jeudi un net ralentissement de la croissance économique du pays au premier trimestre. « Les prix du pétrole restent à des niveaux élevés », qui s'expliquent notamment «par les fondamentaux du marché et les incertitudes géopolitiques», indiquait jeudi dans un communiqué, l'AIE, après une réunion trimestrielle de son conseil d'administration. L'organisation en craint les conséquences : depuis septembre, des signes indiquent que le renchérissement du pétrole impacte la reprise économique, en aggravant les déséquilibres mondiaux, en réduisant les capacités financières des ménages et des entreprises et en exerçant une pression haussière sur l'inflation et les taux d'intérêt. Les pays émergents, les plus dynamiques, sont d'ailleurs les plus touchés. Alors que la demande croît traditionnellement entre mai et août, «il existe un besoin clair et urgent » de trouver des approvisionnements pétroliers moins coûteux pour les raffineurs afin d'éviter une nouvelle contraction du marché. « A ce stade, de nouvelles hausses de prix ne sont dans l'intérêt ni des producteurs, ni des consommateurs de pétrole », clame l'AIE. Il apparaît «urgent» qu'un dialogue renforcé entre les deux parties soit mis en place afin de trouver des solutions de court et long termes. La production d'or noir devrait être augmentée, affirme l'institution. L'Agence appelle donc, en clair, à une hausse de la production d'or noir dans l'intérêt de tous. On peut en effet supposer que le récent manque de vigueur de l'économie américaine s'explique par la flambée des prix du pétrole. Notons, que l'issue de la dernière séance de la semaine a été indécise, le baril ayant oscillé entre hausse et baisse tout au long de la journée. Mais bien que les risques de reflux des cours des commodités soient toujours présents sur le court terme, les analystes de Goldman Sachs restent «structurellement haussiers ». Selon eux, après une correction qui a retiré environ 10% aux sommets touchés par les matières premières en avril, les prix sont revenus à un niveau mieux corrélé à leurs fondamentaux. Cependant, le récent regain de tension sur les marchés, annonce la fin de la correction des prix des commodités et en particulier ceux du brut. Si la croissance globale a ralenti, elle devrait être suffisante pour tendre les marchés au deuxième semestre, entraînant une nouvelle hausse des prix, estime Jeffrey Currie, de Goldman Sachs. Alors que les évènements qui se sont produits dans les pays MENA n'ont pas encore conduit à des ruptures d'approvisionnement insupportables, ils auront des conséquences durables pour les marchés pétroliers. En réalité, bien que la croissance globale soit plus modérée qu'attendu, estime la banque américaine, l'arrêt de la production libyenne a rapproché l'échéance d'une pénurie, en réduisant le volume de capacités non utilisées disponibles. Les coûts totaux d'extraction se sont appréciés suite aux dépenses sociales décidées par les gouvernements et à l'accroissement des risques opérationnels. Enfin, les productions additionnelles anticipées ont été loin de se réaliser, tant dans les pays MENA que dans les autres régions pétrolières. Tablant sur un assèchement des capacités non utilisées disponibles des pays de l'Opep d'ici à début 2012, et sur une tension progressive des marchés des hydrocarbures, Goldman Sachs a sensiblement relevé ses prévisions des cours du baril. Après une rapide chute de 15 dollars du prix du baril, la banque attend désormais le cours du Brent fin 2011 à 120 dollars, contre 105 dollars précédemment. Ses prévisions à douze mois ont également été révisées de 107 à 130 dollars, alors que fin 2012, l'or noir devrait de nouveau culminer à 140 dollars contre 120 dollars, précédemment.