La halle aux poissons de Laâyoune est la plus grande d'Afrique, mais aussi une des plus modernes. Visite d'un lieu où pêche rime avec technologie. Fini la vieille criée à l'ancienne. L'heure est dorénavant au high tech. Entrée en service en décembre 2008, la halle aux poissons de Laâyoune fait la fierté de l'ONP (Office National des Pêches). D'une superficie de 8600 m2, tout y est supervisé de manière informatique, de l'arrivée du poisson à son envoi dans les camions, en passant par la phase de vente aux enchères. A l'origine de cette petite révolution technologique, le système d'information Maia. Généralisé par l'ONP dans plusieurs grands ports du pays, comme Safi, Agadir et bien sûr Laâyoune, ce système informatique en réseau permet de gérer et de contrôler l'ensemble de la pêche nationale. Moustache brune et lunettes sur le nez, Hassan Azerki n'est pas peu fier de « sa » halle aux poissons. Pour le délégué régional de l'ONP à Laâyoune, la nouvelle installation a révolutionné la pêche dans cette région particulièrement poissonneuse. Chaque jour, ce sont environ 100 tonnes de poissons blancs et jusqu'à 1 000 tonnes de poissons pélagiques (sardines, maquereaux, etc…) qui transitent par la halle. Un repos biologique de deux mois, durant lequel la pêche de poisson blanc est suspendue, est cependant observé chaque année, pour éviter les problèmes de surexploitation. Tous les jours, le rituel est le même. Les bateaux de pêche rentrent de mer au petit matin et la cargaison est déchargée avant de prendre la direction de la halle, située à quelques mètres du port. Généralement, la criée commence vers 5 heures et ne se termine pas avant 11 heures. Première étape : le sas d'identification et de pesage. Chaque marchandise passe par l'une des quatre bornes pour être identifiée et validée. Tout est enregistré directement dans le système Maia, qui répertorie la quantité et la nature des poissons, le bateau qui les a pêchés ou encore la zone de pêche. Ces informations sont également transmises au ministère de la pêche et à l'ONP. «Ce système permet d'avoir une grande traçabilité des produits et de lutter contre les fraudes», souligne Hassan Azerki en montrant le poste informatique qui équipe l'une des bornes de pesage. Une fois la procédure de pesage et d'identification passée, la marchandise passe dans la zone d'étalage où se déroulent les ventes aux enchères. Sur un mur, quatre écrans diffusent les informations relatives aux lots du jour (espèce, poids, horaire et lieu de vente dans la halle…). Cela permet aux acheteurs d'avoir les renseignements avant le début de la criée et de se placer au bon endroit, au bon moment. Une fois le lot adjugé, celui-ci est envoyé dans le sas d'expédition où les acheteurs récupèrent leurs cargaisons. Contrairement à certaines autres halles aux poissons, l'hygiène est une priorité à Laâyoune. Un service vétérinaire circule dans les allées durant la criée pour contrôler la qualité des produits, précise le directeur de la halle. Un plan de nettoyage et de désinfection à grands coups de karcher est assuré après chaque criée par une société de nettoyage privée. De plus, un laboratoire se penche tous les trois mois sur le sol de la halle pour vérifier son état de salubrité. En quelques années, la grande halle aux poissons de Laâyoune est devenue incontournable dans la région. « La quasi-totalité des pêcheurs et des gens qui travaillent ici sont originaires du coin », indique Mohammed Abdou Essallami, directeur régional à l'Agence du Sud. Cette institution publique, chargée de mettre en place de nombreux projets de développement au Sahara, a participé à la création de la nouvelle halle. Elle ne compte pas s'arrêter là et a lancé plusieurs autres chantiers dans des villages de pêcheurs de la côte saharaouie. Plus que jamais, la pêche continue à s'imposer comme un véritable moteur économique pour le Sahara. Benjamin Roger