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Dans l'œil de Rim Temimi
Publié dans Le Soir Echos le 11 - 08 - 2011

Rim Temimi est une photographe tunisienne. Elle est aussi la co-commissaire d'une exposition itinérante sur la révolution tunisienne.Elle était d'ailleurs au cœur de ce qu'elle appelle «l'éveil national». Entretien.
Sous la houlette de Leila Souissi douze artistes amateurs et professionnels tunisiens forment le collectif «Dégage», en référence au 14 janvier où ils ont immortalisé à coups d'instantanés le Printemps arabe. 2 000 clichés nés place Habib Bourguiba sous l'ombre du faucon suprême, donnent lieu à une exposition itinérante qui a sillonné Nice, Arles, Paris et Bruxelles en septembre. Eclairage avec Rim Temimi, photographe et commissaire de ce tour d'images révolutionnaires lors de son escale dans la capitale allemande.
Parlez-nous de cette fameux 14 janvier…
On ne s'y attendait pas. On ignorait que le président Ben Ali était sur le départ. Depuis quinze jours, la révolte grondait suite à l'immolation de Bouazizi le 17 décembre. Depuis fin décembre, la notion de temps n'avait plus le même effet : toutes les cinq minutes un nouvel événement d'une plus forte ampleur succédait au précédent. Je n'avais pas encore pris part au mouvement de révolte, car j'étais sous le coup de fortes pressions venant de ma famille et de mes amis. Ils m'appelaient tous les jours pour me mettre en garde, craignant que j'aille photographier ce qui ce passait mais le 14 janvier, j'avais éteint mon téléphone potable et je suis descendue dans la rue avec mon appareil photo, j'en avais terriblement envie. On ne savait pas à qui accorder de crédit entre la psychose ambiante, l'intox qui circulait au milieu de l'information et la réalité. Il y a eu un réel éveil de la part de tous les Tunisiens : certains venaient nous rejoindre à Tunis, place Habib Bourguiba, puis en février à la Kasbah lors de la demande de la dissolution du RCD, l'ancien parti unique, avec inscrit sur leurs fronts, le nom de leurs villes d'origine. Nous n'avons pas vécu sous l'ère Bourguiba ni l'indépendance, mais c'est une forme unanime d'indépendance. En 50 ans, nous n'avons eu que deux présidents. Prendre des photos avant ce jour était interdit et tabou, c'est un acte politique important. L'appareil photo était considéré comme une menace.
Qu'avez-vous ressenti au plus fort de la répression? Votre confrère Sélim Tlili a déclaré «ils étaient prêts à nous tuer…et nous étions prêts à mourir».
Absolument. Ils nous ont tués pendant plus de vingt ans, on ne sentait plus rien, on était déjà morts.
Là, nous étions tous ensemble. Notre exemple renvoie à une chanson qui dit El pueblo unido jamás será vencido « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ». Elle a été écrite par le compositeur chilien Sergio Ortega en juin 1973. Après le coup d'Etat du 11 septembre de la même année, le groupe Inti Illamini rendit cette chanson célèbre. Au fil du temps, elle est devenue un symbole d'unité et de solidarité populaire pour des citoyens opprimés de tout pays luttant pour la liberté et l'égalité.
Une photo terrible de Saif Chaabane symbolise ce que vous dites. Celle d'un Tunisien qui s'est cousu la bouche…
Oui. L'auto-censure était un recours automatique. Même chez nous, on parlait à voix basse. Nous avons revu cet homme quelques jours plus tard, comme l'élan du peuple a été général, favorable, il s'était décousu la bouche et affichait, cette fois, un large sourire.
Même les policiers ont manifesté : c'est une première mondiale. En témoigne la photo de Heithem Chebbi, d'un policier qui tient un sandwich saucé uniquement de harissa.
Lors de la manifestation des policiers, nous avons découvert qu'il existait plusieurs polices : une police politique, une police présidentielle, une police à l'américaine ! Et le sentiment de confusion s'est dissipé, car avant on ignorait qui était et qui pensait quoi ? La police a voulu prouver qu'elle n'était pas responsable de la mauvaise gouvernance. Ce policier qui a brandi son sandwich, souhaitait dire à ses concitoyens, qu'il n'est qu'un simple fonctionnaire, capable de s'offrir avec son salaire mensuel, misérable qui représente 250 dinars ce bout de pain, alors que le sandwich du président Ben Ali, aurait été garni de thon. Cela signifie aussi, que tous les corps de métiers ont été spoliés.
Comment s'est formé le collectif « Dégage » ?
Naturellement. Les artistes, les photographes, les galeristes ressentaient le besoin d'agir d'un point de vue citoyen afin de réagir à la psychose infernale, c'était indispensable à notre équilibre mental. Nous avons alors rencontré Leila Souissi, aujourd'hui commissaire d'exposition du collectif « Dégage » pour lui montrer nos photos. L'idée d'élargir le groupe a ensuite germé afin de réunir amateurs et professionnels, qui avaient suivi l'aventure humaine en temps réel à coup de photos.
Nous sommes actuellement 12 membres actifs, de 18 à 38 ans, certains débutent, d'autres sont photographes depuis plus de vingt ans. J'ai été fière d'être témoin de ce collectif, qui offre un regard différent de celui des médias. Notamment en Allemagne, en tant que commissaire d'exposition à Berlin pour la Tunisie et le peuple tunisien. En tant que tunisienne, africaine, musulmane.
Qu'en retenez-vous et où en est la Tunisie sur le plan de sa marche vers la démocratie ?
Enormément d'émotion, je n'ai jamais vu autant d'hommes et de femmes pleurer en même temps. Qui aurait pu soupçonner que la première révolution arabe marquerait le XXI e siècle ? C'est de plus la révolution de la dignité et non du jasmin. En cette période de ramadan, le calme est revenu et la préparation des prochaines élections anime les 4 principaux partis : PDM (Le Pôle démocratique moderniste), Ettakatol, PDP (Parti démocrate progressiste) et Ennahda.
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