2011 aura été l'année de toutes les contre-performances pour le secteur. Les professionnels sont à la peine et les acquéreurs potentiels adoptent un attentisme inquiet. La livraison de fin d'année de logements sociaux pourra booster le secteur. Tout est de savoir dans quelle mesure. Le secteur de l'immobilier au Maroc est à la peine et les transactions sont en baisse continue depuis le début de l'année. Le constat est si alarmant que les opérateurs craignent une crise pire que celle de 2010. « Après la crise de 2010, nous nous attendions à une reprise du secteur cette année. C'est tout le contraire qui s'est passé », nous affirme Mohamed Kotbi, délégué général de la FNPI (Fédération nationale des promoteurs immobiliers). En termes de transactions, les baisses ont été significatives pour la catégorie seconde main durant le deuxième trimestre de cette année. Le volume des ventes de cette catégorie de biens immobiliers a chuté de 17,5% par rapport au premier trimestre de 2011. En glissement annuel, la baisse est de 26%. Pour leur part, les programmes neufs du logement intermédiaire et de haut standing attendent, pour la plupart, des acquéreurs qui se font de plus en plus rares. Cette rareté est justifiée par un attentisme inquiet de la part des futurs acheteurs en cette période de soubresauts dans la région arabe et de crise internationale. « Pour ceux qui attendent des variations importantes au niveau des prix, je peux confirmer que ce scénario n'est pas possible. Aussi s'ils ont des intentions d'achat, qu'ils le fassent », déclare Kotbi. D'ailleurs, du côté de l'évolution des prix, aucun changement notoire n'a été observé cette année. Il y a eu une quasi-stabilisation des prix dans la plupart des villes marocaines comme Marrakech ou Tanger. A Casablanca ou à Rabat, certains promoteurs ont dû légèrement revoir à la baisse leurs prix pour drainer de la clientèle. Même les MRE ne se sont pas rués vers les acquisitions de biens immobiliers en cette période estivale. Une période connue pour être considérée comme celle de tous les pics dans le secteur. De ce fait, un grand malaise général règne sur le marché immobilier actuellement. De plus, les banques sont en manque de liquidités et hésitent à s'aventurer dans des prêts à long terme. Depuis la remise en place du dispositif fiscal incitatif en janvier 2011, les demandes des promoteurs immobiliers pour signer des conventions avec l'Etat en vue de bénéficier des avantages fiscaux et autres incitations ont connu un grand engouement. Les dossiers déposés porteraient sur la construction d'environ 700 000 ! Actuellement, 100 000 unités à 250 000 DH découlant de plus de 120 conventions ont déjà été mises en chantier. Cela représente près de 13% des logements ayant fait l'objet de conventions avec l'Etat. De quoi satisfaire le besoin annuel en logements sociaux, estimé par le ministère de l'habitat à 87 500 unités. Cependant, la plupart des promoteurs immobiliers se sont rués vers ce segment low cost car il représente une aubaine en termes de marges bénéficiaires puisque presque toutes les taxes sont exonérées ou abaissées. Cette recrudescence vers ce segment, même si elle augmentera le chiffre d'affaires global du secteur, pourra, à long terme, désavantager ceux qui cherchent un logement intermédiaire ou haut standing, lesquels seraient délaissés par les promoteurs immobiliers. Une situation alarmante que vit le secteur en ces moments, si ce n'est que la relance du programme de logements sociaux à 250 000 DH qui promet de sauver la mise cette année. Le dernier trimestre de l'année en cours verra la livraison de 100 000 logements sociaux lancés début 2010. Une livraison qui va booster considérablement le chiffre d'affaires du secteur et qui redonnera, peut-être confiance aux acquéreurs potentiels de l'intermédiaire et du haut standing.