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Jalila Sbaï, l'historienne qui est aussi artiste-peintre
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 09 - 2011

Les téléspectateurs les plus assidus se souviennent sûrement de la diffusion sur Al Oula en juin 2004 d'un documentaire de Jemaa Baïda, le Maroc et le protectorat. Parmi les intervenants, il y avait Jalila Sbaï qui parla de Si Kadour Ben Ghabrit et de la Mosquée de Paris. Récemment, elle a travaillé sur un thème que va populariser le film d'Ismaïl Farroukhi, Des hommes libres qui sort à Paris dans quelques jours. A la demande de Benjamin Stora et Abdelwahab Meddeb, Jalila a produit une contribution à un ouvrage collectif à paraître chez Albin Michel Histoire des relations entre juifs et musulmans du Coran à nos jours. Son texte s'intitule La Mosquée de Paris et le sauvetage des Juifs sous l'occupation allemande : une chronique des rumeurs.
Ma conversation avec cette spécialiste de la politique musulmane de la France depuis la IIIe République jusqu'à nos jours a commencé par emprunter un détour privé parce que je ne me lasse jamais d'entendre évoquer Fès. Elle m'a donc dressé un portrait de sa grand-mère et de quelques-uns des siens. J'ai ainsi pu remarquer que ses talents de conteuse ne sont pas moindres que ceux d'autres historiens ou politologues marocains, ses aînés Mohammed Tozy et Mohammed Kenbib.
Jalila Sbaï a étudié avec minutie les travaux de Robert Montagne qui fut un des acteurs majeurs de la politique du protectorat sous Lyautey avant de partir à Damas puis à Alger durant la Seconde Guerre mondiale. La carrière de ce sociologue et politologue s'acheva en 1954 alors qu'il venait de publier aux éditions France-Empire Révolution au Maroc, un ouvrage dans lequel il s'opposait à l'indépendance du pays en proclamant l'opportunité de réformes draconiennes. Dès 1937, Montagne avait produit un article intitulé La crise nationaliste au Maroc. Le travail d'historienne de Jalila Sbaï porte actuellement sur les deux versants de l'activité de Montagne. D'une part, elle étudie à la faveur de l'itinéraire du fondateur du Centre des hautes études d'administration musulmane, rebaptisé plus tard le Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes, les réflexions d'un catholique français sur la question de la Palestine à travers ses articles, notes et rapports qu'il adressait au ministère des Affaires étrangères. D'autre part, les travaux de Jalila Sbaï analysent la production scientifique et administrative de Robert Montagne sur l'évolution de l'arabisme vers l'islamisme (1935-1954). Cent ans après l'instauration du protectorat, il sera passionnant à tous ceux qui veulent s'informer aux sources de consulter le volumineux ouvrage La sociologie musulmane de Robert Montagne qui a paru il y a une dizaine d'années sous la direction de François Pouillon. Au cours de ce colloque, l'intervention de Jalila Sbaï porta sur la politique musulmane de Robert Montagne. J'ai pris grand intérêt à l'entendre évoquer les écrits de Montagne, mais, comme toujours, c'est vers l'ouvrage de Charles-André Julien Le Maroc face aux impérialismes 1415-1956 (aux éditions J.A, 1978) que je suis revenu. C'est un ouvrage fourmillant d'observations fines et de détails précis, dont on peut saluer la clarté des analyses autant que la tournure loyale des exposés. Dans l'avant-propos de ce livre incontournable, Charles-André Julien concluait, le 2 novembre 1977 : « Que, tout au long de cette histoire d'un peuple qui n'accepta pas la domination étrangère, ce soit à lui qu'aille ma sympathie, je ne m'en excuse point et en revendique hautement la responsabilité, ne serait-ce qu'au nom de la réalité historique dans la mesure où elle fut bafouée. L'historien qui a écrit ce livre qu'il a voulu de vérité a été aussi un militant de l'anticolonialisme ».
Mais vous l'avez compris, je souhaitais aussi que Jalila parlât de Fès. Elle y a consenti, et ce fut charmant parce que sa fougue de chercheuse se retrouva dans la vivacité de son évocation de la vie des gens dans sa ville natale. Quels peuvent être les projets d'une chercheuse associée à la Chaire d'histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, ce lieu de savoir, où j'eus le plaisir d'interviewer Jacques Berque à l'occasion de la parution de Langages arabes du présent chez Sindbad. Berque pour la revue Lamalif. Berque, il faut le rappeler, a été l'élève de Montagne. Quant à Jalila Sbaï, ses maîtres ont été notamment Henry Laurens, Christian Décobert et le regretté Alain Roussillon qui a d'ailleurs dirigé le Centre Jacques Berque de Rabat.
Alors, les projets de notre historienne ? Eh bien, surprise ! Jalila Sbaï est aussi artiste-peintre et elle envisage d'exposer ses toiles. A la foire d'art contemporain à Marrakech, dans les années à venir ?
En attendant, cette jeune femme trépidante achève de me surprendre en me parlant de sa passion pour la plongée sous-marine. Une confidence que la nouvelle directrice du F.M.I. n'hésite pas, elle non plus, à faire à la presse. Jalila plonge depuis seize ans, en Mer Rouge aussi bien que dans le Lavandou, tandis que Christine Lagarde, plus récemment, le faisait en Corse. Mais ceci est une autre histoire, une histoire d'eau, en somme.


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