Le Maroc prend part à Abuja à la Réunion africaine de haut-niveau sur la lutte contre le terrorisme    Pluie d'accords signés en présence de Mohammed Sadiki et son homologue français    SIAM 2024 : Le prince héritier Moulay El Hassan préside l'ouverture de la 16e édition    Le CAM et l'AFD signent deux conventions de crédit pour promouvoir l'agriculture durable    La « Déclaration de Meknès » clôture la 4e Conférence ministère de l'initiative AAA    SIAM, la foire agricole "la plus prestigieuse" d'Afrique du Nord    Video shows Algerians blocked Berkane players from entering pitch    Fès : Arrestation pour homicide volontaire et incendie avec l'intention d'effacer les traces du crime    Excluding Morocco, Tunisia, Algeria, Libya invite Mauritania to next Maghreb summit    Maghreb sans le Maroc : Un appel du pied en direction de la Mauritanie    Insuffisances rénales et cardiaques : reconnaissance internationale pour une innovation médicale made in Morocco    Météo: les prévisions du mardi 23 avril    Cannabis légal et agriculture numérique : les nouvelles stars du SIAM 2024    Renforcement des liens France-Maroc : Gérald Darmanin salue la coopération bilatérale    Tournoi de l'UNAF (U17) : Match nul entre le Maroc et la Libye    Investissement au Maroc : Mohcine Jazouli séduit les opérateurs allemands    Royaume-Uni: L'expulsion des migrants vers le Rwanda débutera dans « 10 à 12 semaines »    Tunisie/Présidentielle: des personnalités politiques appellent au respect de l'intégrité du processus électoral    Europe : Record de jours de « stress thermique extrême » en 2023    Tension russo-européenne : Moscou garantira sa "sécurité" si Varsovie accueille des armes nucléaires    Les deux Corées : Pyongyang tire une salve de missiles balistiques à courte portée    Droit d'accès à l'information: La CDAI et le CdE organisent un atelier régional à Rabat    FRMF: Cérémonie en l'honneur de l'équipe nationale de futsal championne d'Afrique    Info en images. la victoire marocaine à la CAN de futsal 2024    Maroc-Zambie: La Chambre des conseillers prête à accompagner les initiatives visant à renforcer la coopération bilatérale    Abdellatif Ouahbi appelle à la création d'un réseau sur le système de la justice dans les pays africains de l'Atlantique    Le Commonwealth de la Dominique réaffirme son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc    Chambre des représentants: élection des présidents des commissions permanentes    L'ancien ambassadeur du Tchad au Maroc Mahamat Abdelrassoul décoré du Grand Cordon du Wissam Al Alaoui    Une influenceuse marocaine portant le hijab se fait cracher dessus à Paris et porte plainte    Essaouira abrite le tournage de "Flight 103", un drame sur l'attentat de Lockerbie    Les participants d'Ektashif séjournent au Maroc dans le cadre de l'Année de la Culture Qatar-Maroc 2024    FNAP 2024. Le folklore marocain dans toute sa splendeur    Départ du 14ème Maroc Historic Rally à Casablanca    La région Hauts-de-France condamnée à verser 287 000€ au lycée musulman Averroès    «Des toiles de la Russie», une exposition de l'artiste maroco-russe Abdellah Wahbi à la Fondation Hassan II pour les MRE    SIAM 2024. L'Espagne veut renforcer la coopération avec le Maroc    France : Le premier Salon du monde arabo-amazigh s'ouvre les 11 et 12 mai à Paris    Températures prévues pour le mardi 23 avril 2024    Dakhla : Les FAR portent assistance à 52 Subsahariens candidats à la migration irrégulière    UNESCO : L'Algérie prépare un dossier pour le classement du zellige    CV, c'est vous ! EP-65. Sarah Benmoussa, l'audace dans l'entrepreneuriat !    Hicham Dguig : «Le 3e sacre consécutif du Maroc est le fruit d'un travail intense et constant» [vidéo]    Match RS Berkane - USM Alger : La CAF saisira «les instances compétentes»    Le temps qu'il fera ce lundi 22 avril 2024    « L'affaire sera portée devant les instances compétentes »: la CAF réagit à l'annulation du match USMA-Berkane    Mauritanie. La présidentielle, le 29 juin    Le Cinéma Marocain Brille en France avec la Sortie du Film "Jouj" produit par Cineland et distribué par Golden Afrique Ciné    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La France natale d'André Malraux et de Sahad Djamaa
Publié dans Le Soir Echos le 29 - 09 - 2011

Dès lors que les estimations réalisées par le télescope spatial Kepler de la Nasa ont permis de savoir que la Voie lactée, notre galaxie, abrite – au minimum – 50 milliards de planètes dont 500 millions présentent des conditions qui seraient favorables à l'apparition de la vie, et donc à plus ou moins long terme, susceptibles de favoriser l'apparition de romanciers, on ne choisit plus avec la même assurance désinvolte de lire tel écrivain on tel autre.
Mon choix d'aujourd'hui a-t-il été vraiment bien pesé ? Mettons que oui, puisqu'il s'agit du premier roman trépidant et rêveur d'un jeune homme doué, Sahad Djamaa qui signe Le chien qui parle (Non Lieu, 2011). Curieusement, ce roman est préfacé par Jean-Michel Bélorgey qui est – rien que ça – membre du Conseil d'Etat. Mais on n'oubliera pas que Sahad Djamaa est né en France de parents algériens et que Belorgey a signé avec Leïla Sabbar un ouvrage où étaient montrées et commentées des images algériennes.
Le chien qui parle est sous-titré La marche de l'archiviste. Le premier paragraphe du récit nous présente un individu alité dans un hôpital – sur notre planète, et pas ailleurs ! – après avoir ingurgité le contenu de deux tubes d'antidépresseurs. Dès le deuxième paragraphe, il marche durant cinq heures. Au troisième paragraphe, un train le mène à Nice. Et on va bouger, si l'on suit Sahad Djamaa.
Mais voilà que j'abandonne Le chien qui parle pour ouvrir Hôtes de passage d'André Malraux qui parut en 1975. Cela commence en mars 1966 : « Léopold Senghor, président de la République du Sénégal, fait présenter à Dakar le plus éclatant ensemble de sculptures africaines réuni en Afrique : six cents pièces ».
Je me souviens de l'article d'Abdallah Stouky dans Souffles, la revue fondée par Abdellatif Laâbi, à propos du premier Festival des arts nègres. Au temps de la lutte pour l'indépendance, le journal des amis de Senghor, nous dit Malraux, s'appelait Condition humaine…
La condition humaine est si précaire et si mystérieuse qu'Hôtes de passage se clôt sur une conversation entre Malraux et un vieux compagnon du temps de la guerre d'Espagne rendant visite au ministre de la Culture du Général de Gaulle. La scène se passe le 6 mai 1968. Max Torres, émigré en 1938, dirige le séminaire de chimie du cerveau à Berkeley : « L'un de mes collègues a mis au point un… comment dire, puisqu'il n'accepte pas le mot : hallucinogène ? […] Mon collègue n'a conservé que deux doses. Quand il a su que je venais ici, il m'en a remis une pour toi. Si tu n'en veux pas, je la rendrai… ». « Donne les sachets », finit pas répondre Malraux.
Forts de cette information, reprenons Le chien qui parle. Pas d'hallucinations, juste la vraie vie d'un jeune homme : « Je suis seul, déprimé, sans appart, paumé, fauché, mais inscrit en I.U.T. d'informatique. Je fouille les poubelles des fast-foods pour me nourrir. Par chance, à cette époque les employés ne déversaient pas encore de la Javel sur les hamburgers, comme il leur est demandé de le faire de nos jours ! ».
Le chien qui parle est l'histoire d'un jeune homme qui se bat pour advenir à lui-même. Le récit est factuel mais sensible, ponctué d'épisodes de déprime et de liaisons amoureuses, une fable vraie « obsédée de son propre mystère, de sa propre dualité, de son propre miracle » ainsi que l'écrit généreusement Jean-Michel Bélorgey. Sahad Djamaa nous dit son « besoin de devenir une personne comme les autres. » Il consacrait son temps « à l'illusion de pouvoir un jour mettre au monde la petite fée de [son] âme ». Il rejoignit Kit qui « enseigne l'anglais tout près de Saint-Petersbourg » et est supposé y rester quatre mois pour rédiger son mémoire de recherche : « Mon plaisir à découvrir ce pays aurait bien pu être gâché par les difficultés que présente mon type méditerranéen proche du physique d'un Géorgien ou d'un Tchétchène. Pour dire la vérité, je n'ai jamais eu aussi peur. Ce pays est d'une violence extrême, brut de décoffrage ; ici chaque imposture, chaque mensonge vous font prendre des risques. Tous les deux jours, j'appelle Malika pour lui raconter mes découvertes. Je ne lui dis pas un mot des regards haineux qu'on me lance dans les rues depuis que je suis devenu tchétchène. Je lui décris le goût de la viande d'ours, lui explique les ressemblances entre les nourritures géorgiennes et orientales, lui raconte la présence de ressortissants du Maghreb et d'Afrique installés ici depuis l'époque soviétique, lui décris la splendeur des palais, la beauté des paysages, le ski de fond. Ce qui surprend le plus ma mère, c'est mon récit d'une marche sur la banquise ». C'est qu'on voit du pays. Et on n'a pas qu'un aperçu d'un séjour à Dublin. Il y a aussi la France natale de Sahad Djamaa qu'il dépeint sans fioritures. De l'amertume dans certaines pages. L'ascenseur social, pour un jeune homme qui a repris des études et collectionné les diplômes mais se voit fermer trop de portes, n'est pas bloqué mais destiné à conduire du premier étage à plus bas encore. Alors, nous dit la quatrième de couverture, « après un master en économie, Sahad Djamaa s'installe à Londres pour finir sa thèse. En 2005, il quitte une situation confortable pour se lancer dans l'écriture. » Aurait-il, depuis, déniché quelque mécène ? « Je n'ai fait que cultiver, nous avait-il prévenu, un centième de courage et de la force qui m'a été offert par une femme merveilleuse ». Il s'agit de Malika, la mère de Sahad Djamaa. Plus personne ne se souvient qu'André Malraux était fils d'épicier ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.