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La France natale d'André Malraux et de Sahad Djamaa
Publié dans Le Soir Echos le 29 - 09 - 2011

Dès lors que les estimations réalisées par le télescope spatial Kepler de la Nasa ont permis de savoir que la Voie lactée, notre galaxie, abrite – au minimum – 50 milliards de planètes dont 500 millions présentent des conditions qui seraient favorables à l'apparition de la vie, et donc à plus ou moins long terme, susceptibles de favoriser l'apparition de romanciers, on ne choisit plus avec la même assurance désinvolte de lire tel écrivain on tel autre.
Mon choix d'aujourd'hui a-t-il été vraiment bien pesé ? Mettons que oui, puisqu'il s'agit du premier roman trépidant et rêveur d'un jeune homme doué, Sahad Djamaa qui signe Le chien qui parle (Non Lieu, 2011). Curieusement, ce roman est préfacé par Jean-Michel Bélorgey qui est – rien que ça – membre du Conseil d'Etat. Mais on n'oubliera pas que Sahad Djamaa est né en France de parents algériens et que Belorgey a signé avec Leïla Sabbar un ouvrage où étaient montrées et commentées des images algériennes.
Le chien qui parle est sous-titré La marche de l'archiviste. Le premier paragraphe du récit nous présente un individu alité dans un hôpital – sur notre planète, et pas ailleurs ! – après avoir ingurgité le contenu de deux tubes d'antidépresseurs. Dès le deuxième paragraphe, il marche durant cinq heures. Au troisième paragraphe, un train le mène à Nice. Et on va bouger, si l'on suit Sahad Djamaa.
Mais voilà que j'abandonne Le chien qui parle pour ouvrir Hôtes de passage d'André Malraux qui parut en 1975. Cela commence en mars 1966 : « Léopold Senghor, président de la République du Sénégal, fait présenter à Dakar le plus éclatant ensemble de sculptures africaines réuni en Afrique : six cents pièces ».
Je me souviens de l'article d'Abdallah Stouky dans Souffles, la revue fondée par Abdellatif Laâbi, à propos du premier Festival des arts nègres. Au temps de la lutte pour l'indépendance, le journal des amis de Senghor, nous dit Malraux, s'appelait Condition humaine…
La condition humaine est si précaire et si mystérieuse qu'Hôtes de passage se clôt sur une conversation entre Malraux et un vieux compagnon du temps de la guerre d'Espagne rendant visite au ministre de la Culture du Général de Gaulle. La scène se passe le 6 mai 1968. Max Torres, émigré en 1938, dirige le séminaire de chimie du cerveau à Berkeley : « L'un de mes collègues a mis au point un… comment dire, puisqu'il n'accepte pas le mot : hallucinogène ? […] Mon collègue n'a conservé que deux doses. Quand il a su que je venais ici, il m'en a remis une pour toi. Si tu n'en veux pas, je la rendrai… ». « Donne les sachets », finit pas répondre Malraux.
Forts de cette information, reprenons Le chien qui parle. Pas d'hallucinations, juste la vraie vie d'un jeune homme : « Je suis seul, déprimé, sans appart, paumé, fauché, mais inscrit en I.U.T. d'informatique. Je fouille les poubelles des fast-foods pour me nourrir. Par chance, à cette époque les employés ne déversaient pas encore de la Javel sur les hamburgers, comme il leur est demandé de le faire de nos jours ! ».
Le chien qui parle est l'histoire d'un jeune homme qui se bat pour advenir à lui-même. Le récit est factuel mais sensible, ponctué d'épisodes de déprime et de liaisons amoureuses, une fable vraie « obsédée de son propre mystère, de sa propre dualité, de son propre miracle » ainsi que l'écrit généreusement Jean-Michel Bélorgey. Sahad Djamaa nous dit son « besoin de devenir une personne comme les autres. » Il consacrait son temps « à l'illusion de pouvoir un jour mettre au monde la petite fée de [son] âme ». Il rejoignit Kit qui « enseigne l'anglais tout près de Saint-Petersbourg » et est supposé y rester quatre mois pour rédiger son mémoire de recherche : « Mon plaisir à découvrir ce pays aurait bien pu être gâché par les difficultés que présente mon type méditerranéen proche du physique d'un Géorgien ou d'un Tchétchène. Pour dire la vérité, je n'ai jamais eu aussi peur. Ce pays est d'une violence extrême, brut de décoffrage ; ici chaque imposture, chaque mensonge vous font prendre des risques. Tous les deux jours, j'appelle Malika pour lui raconter mes découvertes. Je ne lui dis pas un mot des regards haineux qu'on me lance dans les rues depuis que je suis devenu tchétchène. Je lui décris le goût de la viande d'ours, lui explique les ressemblances entre les nourritures géorgiennes et orientales, lui raconte la présence de ressortissants du Maghreb et d'Afrique installés ici depuis l'époque soviétique, lui décris la splendeur des palais, la beauté des paysages, le ski de fond. Ce qui surprend le plus ma mère, c'est mon récit d'une marche sur la banquise ». C'est qu'on voit du pays. Et on n'a pas qu'un aperçu d'un séjour à Dublin. Il y a aussi la France natale de Sahad Djamaa qu'il dépeint sans fioritures. De l'amertume dans certaines pages. L'ascenseur social, pour un jeune homme qui a repris des études et collectionné les diplômes mais se voit fermer trop de portes, n'est pas bloqué mais destiné à conduire du premier étage à plus bas encore. Alors, nous dit la quatrième de couverture, « après un master en économie, Sahad Djamaa s'installe à Londres pour finir sa thèse. En 2005, il quitte une situation confortable pour se lancer dans l'écriture. » Aurait-il, depuis, déniché quelque mécène ? « Je n'ai fait que cultiver, nous avait-il prévenu, un centième de courage et de la force qui m'a été offert par une femme merveilleuse ». Il s'agit de Malika, la mère de Sahad Djamaa. Plus personne ne se souvient qu'André Malraux était fils d'épicier ?


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