Le projet de création de clubs de presse au sein des lycées marocains a fait l'objet d'un atelier organisé par l'Académie régionale de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, l'Unesco et l'Isesco les 12 et 13 octobre. Objectif à long terme : intégrer l'éducation aux médias et à l'information dans le cursus de l'enseignement secondaire. Des clubs de presse dans les lycées ! Si le concept existe déjà depuis quelques années au Maroc, il avait besoin d'une mise en valeur. C'est chose faite grâce à l'atelier organisé les 12 et 13 octobre par l'Académie régionale de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. Soutenue par l'Unesco et l'Isesco, l'initiative vise à intégrer, par le biais de ces clubs qui ne sont pas présents au sein de tous les lycées, l'éducation aux médias et à l'information dans le cursus de l'enseignement secondaire. « Les citoyens ont accès à une multitude d'informations, que ce soit en provenance des médias traditionnels ou des médias sociaux. Il devient indispensable de former les individus à mieux maîtriser l'information qui leur parvient », a lancé Ito Misako, conseillère à la communication et à l'Information au sein de l'Unesco. La Gazette du bahut, un bon exemple Internet ainsi que la télévision nous assaillent en effet de nouvelles, et il s'avère parfois difficile d'en faire le tri. « Les journalistes ne sont pas les seuls à puiser de l'information. Nous sommes tous amenés à le faire », a ajouté Ito Misako. Ainsi, les clubs de presse peuvent constituer un bon moyen pour les lycéens de chercher l'information à sa source, et de mieux comprendre le système des médias. Les clubs déjà existants prouvent que le projet est bénéfique à la fois aux étudiants et à leurs enseignants. Mohammed Saïd Bennani, professeur de français au lycée Moulay Youssef de Rabat, dirige depuis une dizaine d'années le club de presse du lycée. « Notre journal scolaire, La Gazette du bahut, a connu des hauts et des bas depuis sa création en 2001. Il a été édité en moyenne à niveau de trois numéros par an ». Une fréquence satisfaisante pour un journal fait par des élèves pris par leurs cours… Pour que le projet atteigne les objectifs visés, le journal scolaire doit fonctionner comme tout journal. Au lycée Moulay Youssef, le professeur de français Saïd Bennani porte donc, momentanément, la casquette de rédacteur en chef. « Je leur dispense moi-même une formation sur la hiérarchisation, le choix de l'information, ainsi que sur l'écriture journalistique. Ils ne font que cela durant les premières semaines ». Ensuite, direction le terrain, avec une nette préférence pour le reportage. Mieux vaut l'apprendre tôt ; le terrain est le lieu par excellence où puiser l'information brute. « Ils ne reprennent pas simplement les informations diffusées sur Internet », tient à préciser dans ce sens cet enseignant passionné. Volontariat Autre règle à suivre : un club de presse dans un lycée doit être ouvert à tous. Volontariat et engagement suffisent à intégrer le «canard» du bahut. « Dans notre lycée, tout le monde peut intégrer l'équipe du journal, même les étudiants des classes préparatoires », confirme Saïd Bennani, que cette aventure enchante ! « Je suis tombé dans le bain, tout simplement. Je suis un amoureux de la presse, et je tiens à ce qu'un journal, même si c'est un journal scolaire, ne soit pas uniquement un recueil de textes. Il faut qu'il soit réalisé dans les règles de l'art !» De quoi donner à d'autres enseignants l'envie de franchir le pas. 3 questions à… Tijania Fertat, directrice de l'Académie de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër Quel est donc l'objectif de ces deux journées d'atelier ? C'est d'aider ces clubs à se professionnaliser un peu plus. Ces clubs sont des lieux et des moyens d'apprentissage, aussi bien de la langue que de l'écriture. Apprendre aux élèves à faire des bons choix, à s'exprimer et à dire ce qu'ils pensent. C'est une manière pour nous de les préparer à une citoyenneté responsable. Qu'avez-vous à répondre à certains parents qui pensent que ces activités les détournent de leurs études ? Je vous donne un exemple simple que j'ai pu observer. Un élève qui fait du théâtre n'apprend pas seulement son rôle, mais aussi celui des autres. Ce qu'il apprend par cœur pour jouer une pièce, il ne le fera peut- être pas dans un cours classique. Les élèves apprennent beaucoup dans ces activités parascolaires, parce qu'elles sont fondées sur la liberté et le désir. Et quelle est la particularité des clubs de presse ? Nous avons le devoir d'entrer dans le monde de nos lycéens. Avec la profusion de nouveaux médias, l'information est multiple, diverse ; c'est un véritable déluge que l'élève reçoit chaque jour. Il s'agit donc de tenter de lui donner des repères pour qu'il puisse se forger sa propre opinion, et le doter d‘outils lui permettant de faire le bon choix. Consciemment, sans être l'objet de quelque influence, peut-être néfaste.