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L'Allemagne ne peut ignorer le reste de l'Europe
Publié dans Le Soir Echos le 24 - 03 - 2010


 
 
Dans une interview fracassante donnée au Financial Times, Christine Lagarde attaque directement l'Allemagne et sa politique macro-économique qui «n'est pas un modèle durable pour le long terme». La ministre française de l'Economie a raison. Elle a raison de porter le débat de la politique allemande sur la place publique européenne, la crise grecque souligne l'urgence d'une réflexion globale à l'échelle de l'Union sur la question économique. Elle a raison et tort sur le fond, sur le déséquilibre que crée l'Allemagne. 
L'Allemagne a payé cher sa réunification. Par une perte de compétitivité due à une dérive de ses coûts. Par une dégradation de ses comptes publics qui, dix ans plus tard, a forcé le gouvernement Schröder à engager un serrage de ceinture sans précédent. Et elle a payé en acceptant d'abandonner son mark  pour l'euro. C'est du moins le «deal» présenté à l'opinion publique: l'Allemagne donne sa monnaie forte à ses partenaires et eux, en échange, acceptent d'en finir avec les conséquences de la guerre.
Les 80 millions d'Allemands, qui ont vu leur pouvoir d'achat diminué et leur protection sociale très fortement réduite (le départ en retraite est à 67 ans), ont douloureusement conscience des sacrifices qu'ils ont faits. Et ils ont observé avec tracas, puis désolation, puis rage, les autres pays continuer à vivre «des avantages du mark», au-dessus de leurs moyens, avec des déficits, sans efforts de remise en cause. Les amis français sont, bien entendu, l'objet de vives reproches qui sont restés feutrés –les Allemands n'osant pas encore nous tancer– mais qui n'en sont pas moins aigres.
La crise grecque, vue d'outre-Rhin, est l'occasion de dire «on avait prévenu que les pays du club Med allaient tricher. Qu'ils se serrent la ceinture à leur tour. Pas question de les aider».  Et pour bien souligner que l'Allemand qui part en retraite à 67 ans  ne veut plus payer pour le retraité grec qui part à 55 ans, Berlin n'accepte de dire que «la Grèce ne fera pas faillite» que du bout des lèvres et non sans obtenir des autres pays des engagements, cette fois fermes, de discipline budgétaire. Le Fonds monétaire européen, idée avancée par Wolfgang Schaüble, l'un des derniers «Européens» de la classe politique germanique, est d'abord une façon de faire appliquer cette discipline avant d'être un outil de sauvetage des pays en crise.
Le slogan «L'Allemagne paiera» ne marche plus.
Interdire les dérives, forcer à l'austérité, la politique économique est en Allemagne d'abord budgétaire. Elle est aussi monétaire, afin de ne jamais autoriser la moindre inflation, de trop triste mémoire puisqu'elle a conduit à la prise du pouvoir par Hitler. Au total, ce premier volet qui concerne le gouvernement et la banque centrale a pour obligation de défendre la monnaie. Il s'accompagne d'un second: la politique d'entente avec les syndicats afin de trouver des compromis pour maintenir la compétitivité du pays. Cette entente capital/travail fonctionne encore de nos jours comme l'a démontré la récente décision d'IGMetal de ne pas demander de hausse des salaires pour maintenir les emplois.
L'Allemagne est viscéralement attachée à ce «modèle», il ne saurait être question de lui demander de l'abandonner. Si Madame Lagarde voulait l'attaquer de cette façon, elle aurait tort. Au contraire, les autres pays devraient l'imiter. La ministre française devrait obtenir de Nicolas Sarkozy de s'engager de manière plus crédible sur le retour de la France à l'équilibre des comptes publics.
Mais là où la critique de la ministre porte, c'est sur l'équilibre d'ensemble de la zone euro. Une monnaie unique interdit les dévaluations. S'il y a trop de déséquilibres économiques entre les pays, il faut soit que les hommes se déplacent là où il y a du travail, soit qu'on transfère des fonds pour aider les pays en retard. Soit la mobilité, soit la fiscalité. Hélas l'Europe n'a rien de tout cela: les déséquilibres ne sont donc pas compensés. En matière de compétitivité salariale, les écarts sont devenus «impressionnants» selon Laurence Boone de Barclays Capital: avec un recul de 7% pour la Grèce par rapport à l'Allemagne et de 20% pour l'Irlande. Ces  déséquilibres ne sont «pas durables» comme dit Christine Lagarde.
L'Allemagne aurait une bonne politique si elle était seule. Mais elle fait partie de l'Union. Elle ne peut être «la Chine de l'Europe» rétablissant sa compétitivité aux dépens des autres, reprenant à la France ou à l'Italie une partie des parts de marché qu'elle perd face à la Chine. L'Europe est un continent trop lourd pour n'être qu'une grosse Allemagne exportatrice, il lui faut une autonomie c'est-à-dire un équilibre global offre/demande, seule manière d'éviter les tiraillements internes et d'atteindre un optimum de croissance.
Le nouveau «deal» avec le partenaire allemand devrait dès lors être double: discipline monétaire et budgétaire confirmée et, en échange, hausse de la demande interne allemande. Comment? C'est aux Allemands de décider mais, par exemple, par des transferts sociaux supplémentaires ou par de meilleurs salaires dans les secteurs protégés.
Si Madame Lagarde a raison, elle laisse de côté sa part du travail: convaincre l'opinion allemande que la France accepte d'en finir avec ses dérives budgétaires depuis 35 ans. Son «avertissement» à Berlin, comme le titre le Financial Times, devrait s'accompagner d'un «engagement français». Paris ne peut demander une solidarité dans un seul sens. Le slogan «L'Allemagne paiera» ne marche plus. Les désillusions des opinions publiques, en Allemagne et ailleurs, sont si profondes qu'il est temps de parler clair aux Allemands, mais aussi de se comporter de façon à les convaincre.


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