À un mois de la tenue du Congrès du RNI, il semblerait que l'on se dirigerait vers un plébiscite pour Mezouar… Est-il le seul RNIste à même de prendre les rênes du parti ? En tout cas le seul candidat officiel jusqu'à aujourd'hui est Salaheddine Mezouar, qui a d'ailleurs reçu l'approbation de tous les membres du Bureau politique. Le PAM a dernièrement opté pour un soutien au gouvernement, l'USFP se positionne dans l'opposition. Quelle sera la stratégie du RNI ? Pour l'instant nous avons choisi l'opposition. Je pense qu'on va y rester. Il va falloir qu'on joue notre rôle pleinement, par-ce que je pense qu'aujourd'hui l'opposition a un pouvoir très fort, d'autant plus fort depuis la dernière Constitution. Ça nous donne donc une grande opportunité pour contrecarrer la coalition gouvernementale ainsi que les politiques qui nous semblent conservatrices, et constituer une sorte d'équilibre politique. Tout seul, ce sera compliqué, comptez-vous vous allier avec l'USFP par exemple ? Pour le moment la question n'est pas posée. Mais il me semble que pour la bonne marche politique du Maroc, il va falloir un moment poser cette question. Effectivement, réfléchir à la formation de pôles politiques, notamment dans l'opposition. Benkirane va bientôt célébrer ses 100 premiers jours à la Primature. Comment évaluez-vous les politiques soutenues jusqu'à présent par la coalition gouvernementale ? Sincèrement, je pense qu'on n'a pas de bilan à faire. Les cent premiers jours sont passés sans que l'on ne voit aucun changement. Aujourd'hui il y a un facteur très important, qui est le temps. J'ai l'impression que personne ne tient compte de ce facteur là. Vous parlez du volet économique ? Je parle du volet économique, mais aussi du social. La société en général attend énormément de ce gouvernement, et très rapidement. Je pense que le facteur temps n'est pas suffisamment pris en compte par les partis aujourd'hui au pouvoir. Cela m'inquiète un peu. Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que le gouvernement poursuit une politique de continuité. Lorsqu'on voit la loi de Finances, qui n'est autre qu'une version de la loi de Finances préparée par l'ancien gouvernement, avec quelques retouches. Ce n'est pas très rassurant ; notamment pour la classe économique, lorsqu'on sait que nous sommes en mars et la loi n'est pas encore votée. C'est une loi de finances qui est aussi décalée par rapport à la réalité économique du pays et de la région. Ce n'est ni rassurant pour le volet économique ni pour le volet social. Je reste donc très mitigée par rapport au bilan du gouvernement. La coalition en elle-même, sur le plan idéologique, n'a pas de sens. Je dirais « wait and see ». Comment voyez-vous le revirement du PAM qui, au début, se situait dans l'opposition, et depuis la tenue de son Congrès, a choisi de soutenir le gouvernement ? Je pense que lorsque le PAM était dans l'opposition, cela était logique, vu les résultats des élections. Maintenant, ce revirement pourrait s'expliquer peut-être, par un souhait du PAM d'entrer dans le gouvernement, dans le cas où il y aura un remaniement ministériel. C'est une lecture qui ne me paraît pas impossible. Dans l'hypothèse où cela se réaliserait, ça changerait toute la donne politique. Bientôt les communales, comment le RNI compte-t-il s'y préparer, pour notamment tenter de créer un certain contre-pouvoir ? Effectivement, les communales, mais aussi les régionales, auront lieu bientôt. La raison pour laquelle on tient notre Congrès très bientôt. Ce sera donc pour mieux préparer les communales et les régionales. L'idée c'est qu'il y ait une prise de conscience. Cela nécessitera qu'on soit plus agressif dans la préparation de ces scrutins, mais aussi de présenter une nouvelle élite. Nous devons aussi redonner confiance aux militants, à travers notamment les Congrès provinciaux que nous sommes en train d'établir, notamment pour recruter de nouveaux profils, et constituer une nouvelle élite qui ira affronter les communales. Aujourd'hui, on est d'ailleurs en pleine phase de recrutement. Nous avons rajeuni nos élus à Casablanca, nous avons de plus en plus de responsables de coordination jeunes, engagés, honnêtes, et qui veulent travailler. Ne trouvez-vous pas votre projet trop ambitieux ? C'est effectivement un défi ambitieux, mais vous ne pouvez pas faire de la politique si vous ne proposez pas des défis ambitieux. Il ne faut pas oublier que nous avons eu le mérite de proposer un projet à l'opposé de celui qu'avait proposé le PJD. Durant toute la campagne des législatives, nous étions les véritables leaders d'un projet moderniste. On n'est pas arrivé premier mais il n'est surtout pas question de revenir sur notre projet.