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Bakir Zied et Abdallah Badis : deux façons d'être soi chez les autres
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 05 - 2012

Ainsi, un romancier à la fadeur calculée sinon aux calculs fades peut devenir éditeur à l'enseigne d'Encre d'Orient tout en demeurant un très provincial parisien, assez provincial pour se laisser aller à succomber au charme plus ou moins acide, et pas moins calculé, du premier livre d'un jeune Tunisien devenu germanopratin.
On a nommé Henry Bonnier dont le nom ne dit pas grand-chose à grand monde et Bakir Zied qui voudrait tant que son nom dise quelque chose à quelqu'un. D'ailleurs celui-ci signe de son nom précédant son prénom un premier roman On n'est jamais mieux que chez les autres mettant en bouquet des provocations sans risque et des
émotions sans concession.
L'ambition de Zénon ? Prendre la place de Zied, et toutes ses aises. Seuls les titres de ses ouvrages nous sont parvenus depuis l'antiquité grecque où s'illustra Zénon de Citium, ce philosophe fondateur du stoïcisme. Il y a aussi l'autre, Zénon d'Elée dont le dictionnaire Robert nous enseigne qu'il tenta de prouver l'impossibilité du mouvement par une série de paradoxes qui sont restés célèbres et dont le plus connu est celui de la flèche qui ne parvient jamais à son but. Quel serait le but de Zied ? D'abord et avant tout, comme on le lui souhaite, d'obtenir la régularisation administrative de son séjour parisien, lui qui a commencé de vendre On n'est jamais mieux que chez les autres dans les laveries de Saint-Germain des Près en version auto-éditée avant d'épater les gens d'Encre d'Orient. Son livre est une promenade déjantée, qui se voudrait burlesque, et où les effets de style sont la seule possession du héros, du narrateur et du lecteur. On entre dans un foyer réservé aux immigrés, et dans la peau de mendiants professionnels tandis que Zénon semble ne s'être jamais nourri qu'avec des mots. Son départ de Tunisie nous évoque celui de Mohamed Hmoudane quittant le Maroc dans French Dream mais Hmoudane ne fait pas le malin aussi systématiquement que Baki Zied qui, bien que trentenaire, a un ton de premier de la classe abstinent virant sale gosse obstiné, et vice-versa. Sans doute se retrouverait-il dans la phrase d'Henri Calet : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ». Bakir Zied gagnerait à puiser dans cet océan secret pour continuer à bricoler dans l'incunable plutôt que de persévérer mécaniquement dans l'épate-beurgeois au nom de son expérience de la précarité sous la tente de l'insolence. La vraie insolence d'Abdallah Badis, c'est sa tranquille absence d'insolence. Du bricolage d'une 404, il est bien joliment question dans son premier film, Le Chemin noir. Ce documentaire entre campagne et sites sidérurgiques sinistrés de Lorraine est sorti à Paris à l'Espace Saint Michel où l'on applaudissait encore il y a quelques semaines Sur la planche de Leïla Kilani, merveilleuse réussite de fiction documentée où la vie et les rêves de jeunes ouvrières trépignent entre tendresse et dureté. Abdallah Badis y va, lui aussi, de sa prouesse en jouant son propre rôle d'Algérien ayant passé l'essentiel de son existence en France et méditant sur ses origines et les courages des siens. Des chibanis lui racontent leur carrière et tout ce petit monde apaisé, rieur ou mélancolique s'affaire à réparer une vieille 404. La leçon du Chemin noir ? On n'est jamais mieux qu'en se respectant les uns les autres, en s'écoutant, en se faisant entendre, en contribuant à ce que les plaies des nations et des hommes cautérisent et à ce que poussent les fleurs et les enfants. Il y a dans ce film d'Abdallah Badis tout ce que la maturité apporte à un artiste, cette humilité et cette fidélité manifeste à ce qui demeure la meilleure boussole de l'être : la nécessité intérieure. Dans Le Chemin noir, on est immergé dans le respect de la mémoire ouvrière franco-maghrébine, loin des miasmes de la xénophobie et des errements du repliement sur soi. Ainsi, Abdallah Badis a-t-il réussi à forger les images et les paroles de l'amicalité franco-maghrébine sans faire l'impasse sur les jours tragiques, quand le couvre-feu couvait des noyades d'innocents. La question n'est pas tant de considérer bien hâtivement qu'on n'est jamais mieux que chez les autres. Sans doute ne serait-on jamais mieux qu'en accord avec le monde, pourvu que celui-ci acceptât d'être envisagé, ô surprise, comme l'allié de tous.


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