Jeudi, douar Elharakat, relevant de la commune de Tasseltant à Marrakech, a vécu un vrai cauchemar. Sans prévenir, les forces de l'ordre s'y sont rendues pour démolir des habitats insalubres. Les résidents du douar, encore sous le choc, ne veulent pas céder. L'intervention musclée des forces de l'ordre a fait trois blessés parmi les habitants, dont une femme qui a été hospitalisée. « C'est une véritable injustice ». Omar Arbib, membre de la section locale de l'AMDH à Marrakech, n'a pas trouvé d'autres mots pour rapporter ce qui s'est passé jeudi dernier, à douar Elharakat, dans la commune de Tasseltant, à quelque 5 kilomètres de la ville ocre. « Vingt estafettes des forces axilaires, douze 4×4 et deux Jeep de gendarmes mais aussi deux trucks et des maçons. Leur unique et ultime objectif : démolir 84 habitats insalubres. Ils en ont démoli 50 jusqu'à présent », raconte Arbib. Opération « Silence,on démolit » Contactés par Le Soir échos, des témoins du douar ont affirmé que personne n'a été prévenue de cette opération. Ces derniers déclarent aussi que la police ne leur a même pas donné le temps de récupérer leurs vêtements, meubles, lits, et affaires personnelles. L'intervention musclée des forces de l'ordre, accompagnées de propos insultants selon les mêmes témoins, a fait trois blessés parmi les habitants, dont une femme hospitalisée. Quatre autres personnes ont été arrêtées puis relâchées. Elharakat, douar entourés de terres fertiles, cultivées d'olives, abritre aujourd'hui près de 15 000 habitants. « Pendant des années, lorsqu'un habitant du village voulait construire sa maison, le caïd lui disait textuellement : « Tu n'as pas besoin d'autorisation... » nous révèle Arbib. Habitat insalubre ou esthétique ? Les habitants contactés menacent, dans un premier temps, de construire des bidon-villes, si les autorités persistent à détruire les habitats. « Ils menacent dans un second lieu de s'immoler », nous apprend Arbib. « C'est la faute au Caïd et à Benkirane. Ces deux-là doivent apprendre à nous traiter comme des humains », s'indigne une habitante. Arbib nous apprend que les autorités ont fait une pause jeudi soir. Un élu parlementaire a donné rendez-vous aux habitants, aujourd'hui, afin de trouver un compromis. « Il n'y a pas d'habitat insalubre à Tasseltant. Jamais une maison ne s'est effondrée ici », conclut Arbib. Contactée vendredi, la gendarmerie de Marrakech n'a pas voulu donner sa version des faits. * Tweet * * *