Après avoir passé au crible les opérations iftar initiées par de nombreuses associations durant le mois de Ramadan, le Soir échos vous fait découvrir, en guise de clôture de cette série, un ftour organisé par un groupe de personnes, loin du tissu associatif. Une initiative originale et salutaire. Découverte. Une table préparée pour les personnes nécessiteuses du quartier Bourgogne à Casablanca. La charité n'est pas l'apanage exclusif du tissu associatif. Meilleure illustration ne saurait être trouvée pour décrire le ftour organisé par un groupe de six personnes. Le scénario se déroule au quartier Bourgogne à Casablanca, singulièrement sur le Boulevard El Hank. Le ftour est organisé dans un jardin public. Deux banderoles affichées de part et d'autre nous souhaitent la bienvenue. Les différents aliments étalés sur les tables à l'intérieur des tentes blanches aiguisent l'appétit des jeûneurs. Ces derniers viennent progressivement s'asseoir sur la devanture du jardin, à l'approche de la rupture. Dynamisme En face du jardin, se trouve un hangar où sont préparés les repas. Une allée les sépare. Des femmes s'activent dans la préparation du couscous et à la cuisson des poulets. Tout doit être prêt avant le début des activités de la nuit du destin. Mais que de chemin parcouru avant d'en arriver là. « C'est la cinquième année de suite que nous organisons ce ftour. L'idée a germé depuis longtemps vers 2003 , 2004. En 2007 on a commencé avec 50 personnes, en 2008 ils étaient entre 100 et 150. Aujourd'hui on a atteint la barre des 600 personnes dont 400 prennent le repas sur place. Nous savons que notre quartier regorge de gens pauvres qui ont besoin d'aide. Souvent ils sont obligés de faire de longs déplacements pour récupérer le ftour.», informe un membre du groupe sous couvert de l'anonymat. Un ancien cadre de la société Managem, actuellement en retraite. Sacrifice Ces derniers n'hésitent pas à se sacrifier pour la bonne cause. Ce cadre banquier nous confie qu'il « reste ici chaque jour de 16h à 21 h. Cela fait quatre ans que je ne mange plus avec ma famille. Ce qui me motive c'est le fait de partager ce travail avec des amis généreux ». Même son de cloche chez cet ancien footballeur du Racine de Casablanca (RAC) qui a préféré reporter ses vacances pour donner un coup de pouce et permettre aux personnes démunies de prendre le ftour dans la convivialité . A ces trois, il faut ajouter un député communal, un chef d'entreprise et un magistrat président de Chambre. De l'informel organisé Les fonds pour le financement du ftour proviennent essentiellement de bonnes volontés. Il sont estimés à 90 000 dirhams dont 45 000 dirhams en espèce. « Les recettes ne suffisent pas, parce qu'on doit payer certaines personnes. Nous avons des excédents de dattes et de farine que nous essayons de vendre pour les payer », déclare notre interlocuteur. Même s'ils font dans l'informel -comme nous l'indique un des leurs – , il n'empêche, ils ont mis en place un système pour évaluer le nombre de nécessiteux. Pour ce faire, ils ont concocté des cartes numérotées pour les membres des différentes familles ciblées. « Un mois avant le Ramadan , on prépare des cartes numérotées qu'on délivre aux membres des 150 familles environ», poursuit-t-il . Toutefois, les 6 bénévoles envisagent de créer une association pour formaliser leurs actions. « Nous comptons mettre en place une association pour l'organisation du ftour de l'année prochaine », indique notre interlocuteur, tout en sourire. * Tweet * *