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« La question de l'archive n'est pas une question du passé » | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 30 - 11 - 2012

Jamaa Baida, professeur d'histoire contemporaine et directeur des Archives du Maroc nous dit tout sur cette institution, hissée dernièrement par le gouvernement au rang d'établissement public stratégique. Il s'agit avant tout de préserver la mémoire du Maroc, des fois contre vents et marrées. Une tâche certes difficile, mais qui reste des plus nobles.
Jamaa Baida.
Quelle est la valeur civilisationnelle d'une archive ?
Les archives sont tout simplement les témoins et la preuve d'une civilisation. Sans témoins et sans preuves, vous mettez votre patrimoine historique à la merci de l'équivoque et de la suspicion. Or, on ne bâtit pas le présent et l'avenir d'une nation sur ces bases fragiles! Ceci dit, je n'aimerais pas circonscrire la mission des Archives du Maroc dans le seul souci de patrimoine, d'histoire et d'identité nationale. Certes, ces aspects sont très importants ; mais les archives n'ont pas seulement un intérêt historique ou patrimonial, elles revêtent aussi un intérêt pour le présent et le futur, avec des retombées sur le développement économique du pays. En outre, elles consolident la pratique de la transparence dans le cadre d'un régime démocratique. L'organisation des archives exprime ainsi une fidélité au passé et un souci du présent et de l'avenir. Jacques Derrida a, en quelques mots, parfaitement résumé cette idée : « la question de l'archive n'est pas une question du passé. [...] C'est une question d'avenir, la question de l'avenir même, la question d'une réponse, d'une promesse, d'une responsabilité pour demain ».
Pouvez-vous nous présenter « Archives du Maroc » ?
« Archives du Maroc » est un établissement public fondé en vertu de la loi 69-99 relative aux archives, promulguée le 30 novembre 2007. Cette dernière a vu le jour dans le cadre des recommandations de l'Instance Equité et réconciliation. En effet, l'IER a constaté, durant les 23 mois de sa mission, dans quel état de désolation étaient les archives publiques au Maroc ; en outre, son travail a été fortement entravé par l'absence d'une loi des archives dans la mesure où les pouvoirs publics n'étaient pas obligés de lui communiquer les dossiers qui l'intéressaient. « Archives du Maroc », en vertu de la loi 69/99, est un établissement public doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. L'établissement est soumis à la tutelle du ministère de la culture, mais sa vocation transversale fait qu'il doit se concerter avec toutes les administrations publiques afin de mettre en place une politique nationale des archives et rattraper des décennies de temps perdu dans ce secteur. C'est d'ailleurs en raison de cette vocation transversale qu'« Archives du Maroc » a été hissé par le Gouvernement au rang d'établissement publique stratégique au même titre que dix-neuf autres établissements. « Archives du Maroc » est soumis au contrôle financier de l'Etat, applicable aux entreprises publiques et autres organismes conformément à la législation en vigueur. Son siège est fixé à Rabat. « Archives du Maroc » est chargé principalement de sauvegarder le patrimoine archivistique national, d'assurer la constitution, la conservation, l'organisation et la communication des archives publiques à des fins administratives, scientifiques, sociales ou culturelles. Hélas, nos outils de travail demeurent encore très modestes, aussi bien sur le plan des ressources humaines que des moyens financiers ; mais les débuts étant souvent difficiles, je ne désespère pas de voir le Gouvernement s'engager plus énergiquement et faire de la mise en place de cet établissement stratégique un grand chantier qui reflète l'aspiration des Marocains à la modernité et à la démocratie. Car, et je ne cesserai de le répéter, il n'existe pas d'Etat moderne et démocratique sans une bonne gestion des archives publiques. Mieux encore : Il n'y a pas d'Etat sans archives !
Cinq ans après sa création, où en est « Archives du Maroc » ?
Si l'institution a été prévue, il y a cinq ans, par la loi de novembre 2007 relative aux archives, elle n'a été lancée officiellement qu'il y a un an et demi. En plus, il faudrait préciser qu'au lendemain de ce lancement, l'établissement n'avait comme personnel que son directeur et son budget était de l'ordre de zéro centime, puisque rien n'était alloué à l'établissement dans le budget de 2011. C'est donc avec des efforts surhumains que notre équipe est passée d'un singleton à quelque 24 personnes à la fin de 2012. Et avec des moyens dérisoires, nous menons une campagne tous azimuts pour sensibiliser...toujours sensibiliser...car si vos interlocuteurs ne sont pas conscients de l'intérêt des archives pour notre pays, rien de bon ne se fera à l'avenir.
Des doléances..?
Nos doléances sont nombreuses, mais je n'en citerai que celles qui ont déjà fait l'objet d'une approbation unanime du Conseil d'Administration réuni le 4 mai dernier et qui ont été adressées au Chef du gouvernement : la mutualisation des efforts de toutes les parties concernées et leur soutien pour permettre à « Archives du Maroc » d'atteindre ses objectifs ; la constitution d'une commission formée des départements représentés dans le conseil afin d'élaborer les textes d'application prévues dans la loi relative aux archives ; appel à la mise en place d'un Conseil Supérieur des Archives sous la présidence effective du Chef du Gouvernement et où seraient représentés au plus haut niveau les Ministères et les secteurs concernés afin de débattre des questions à caractère transversal ; inclure la question de la gestion des archives dans le projet de la Régionalisation avancée ; allouer un terrain et un budget conséquent pour la construction d'un nouveau local pour l'institution ; et enfin consacrer la date du 30 novembre comme Journée Nationale des Archives.
Quels sont les principaux chantiers en cours ?
Nous sommes en train d'aménager des locaux provisoires dans une aile de l'ancienne Bibliothèque Générale mise à notre disposition par notre ministère de tutelle, le ministère de la culture. En attendant, nous recrutons du personnel en fonction des postes octroyés par les Finances et lui assurons une formation qui le rendra opérationnel dans de meilleurs délais. Nos contacts avec des parties étrangères, notamment la France et la Tunisie, permettent d'économiser le temps. Nous comptons dans les mois à venir renforcer ce volet formation car tout le travail qui reste à faire avec les administrations publiques serait vain si nos interlocuteurs ne sont pas formés pour apprécier à sa juste valeur cette chose que l'on appelle « archives » et qu'on doit coûte que coûte cesser d'assimiler à la cave et à la moisissure ! Il va falloir valoriser les archives et les archivistes.
Pourquoi organiser des journées d'études ?
Les Journées d'études sont toujours de bonnes occasions pour sensibiliser et pour faire le point sur des questions déterminées. Nous avons déjà organisé, le 30 novembre 2011, un colloque sur le thème « Archives nationales : Etat des lieux et perspectives ». Nous avons dédié un autre, le 9 juin 2012, à l'occasion de la journée internationale des archives, au thème : « Quelle gestion des archives au Maroc à l'horizon de la régionalisation avancée ? ». Et, le 30 novembre 2012, nous convions des experts à se pencher sur la question capitale des calendriers de gestion des archives courantes et intermédiaires.
Qu'espérez-vous en tirer ?
La question des calendriers de conservation des archives est très complexe ; mais c'est l'épine dorsale de toute gestion archivistique cartésienne. Les pays qui sont en avance dans ce domaine ont mis des années, voire des décennies, pour mettre en place une gestion rigoureuse qui implique toutes les administrations publiques. Pour nous, c'est le début d'une réflexion et je compte sur l'appui soutenu du Gouvernement pour rattraper en peu de temps ce que nous avons omis depuis que le Maroc a recouvré son indépendance en 1956.
Qu'en est-il des archives marocaines détenues par les institutions étrangères ?
En vertu de la loi du 30 novembre 2007, « Archives du Maroc » est chargé de collecter, traiter, conserver et communiquer les sources archivistiques se rapportant au Maroc et qui se trouvent à l'étranger. Une partie de notre patrimoine se trouvant à l'étranger, notamment en France et en Espagne, je ne puis omettre ce volet étant moi-même historien qui a galéré pendant trente ans pour aller consulter des archives outre-mer. Mais, au jour d'aujourd'hui, nous avons d'autres urgences auxquelles il faut faire face sans attendre ; des archives sont en danger ici et maintenant dans mon propre pays. Eteignons-le feu chez nous et occupons-nous calmement et sereinement de ce qui est conservé, dans de bonnes conditions, ailleurs.
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