L'auditorium du 11e étage s'apparentait, le cadre austère et l'attention de l'auditoire obligent, à une Agora, marquée par la solennité où se glissait subrepticement de temps à autre une émotion à peine contenue. Othman Benjelloun était en famille et, initiateur de projets et non des moindres, grand « capitaine d'industrie », est aussi inspirateur d'émotion. Il a créé l'ambiance conviviale, l'une des caractéristiques qui font la force du groupe qu'il préside et dirige. Un groupe, deux métiers de base On ne peut réduire la grande et exceptionnelle allocution qu'il a prononcée à une simple rencontre annuelle avec le management de FinanceCom, prévue comme d'habitude pour présenter les vœux de la nouvelle année. C'est un discours programmatique, une prestation méthodologique où se croisent deux exigences, celle de la cohésion – de toutes les familles qui constituent le groupe – et celle d'une espérance qui est aux propos du président Othman Benjelloun ce que le moteur est à toute œuvre humaine. Comme si elles constituaient deux répliques à un état d'esprit ambiant, inspiré par le scepticisme voire le doute tout simplement. Fondateur de l'un des tout premiers groupes privés au Maroc, interagissant dans plusieurs domaines et branches, de l'industrie à la finance internationale, des télécommunications, du transport varié au tourisme et à l'élevage, il est au cœur du développement multilatéral. Et toute sa vie durant, il n'a eu de cesse de créer, de développer, de finaliser, de partager aussi avec une même vertu, imprescriptible : la confiance et la détermination. Aujourd'hui, on prend note, non sans succomber à une sorte de vertige, de ce qu'il annonce comme chiffres , dans un calme olympien : un total bilan agrégé de 240 milliards de dirhams, soit 30 milliards de dollars ! Voilà pour le chiffre significatif. Mais, au-delà, Othman Benjelloun met en exergue autre chose : « je vous expose, dit-il, mes ambitions, notre stratégie, notre philosophie de vie ensemble pour les années, les décades à venir afin d'atteindre nos objectifs de développement dans l'intérêt de notre pays et de notre continent». Comment se déploie une telle vision ? Comme il l'affirme, « au cœur de FinanceCom se trouvent placée deux joyaux, la banque et l'assurance ». Il a souhaité ensuite que la même synergie instituée depuis quatre ans entre banque et assurance, notamment BMCE Bank et RMA Watanya, avec « l'implication étroite et efficace de notre partenaire et actionnaire Crédit Mutuel CIC, puisse servir de modèle à répliquer parmi d'autres composantes du groupe FinanceCom… ». Dans la foulée, il a annoncé que « l'autre pilier de notre grande organisation est représenté par Méditélécom...» qui se prévaut à juste titre d'avoir un « partenaire industriel, un des leaders mondiaux dans le domaine, France Telecom qui a su saisir, en y investissant, le potentiel de ce joyau technologique et managérial, de ce modèle véritable de partenariat euro-méditerranéen que constitue Méditel ». La vision de développement du groupe FinanceCom s'articule également sur des partenariats diversifiés, notamment avec la CDG dont Othman Benjelloun a souligné sa fierté, illustrant chaque jour un peu plus l'intelligence d'un partenariat public-privé exemplaire, la CIMR, actionnaire historique de BMCE Bank, la Mamda-Mcma et, ce qui n'est pas le moindre apport, les partenariats étrangers, comme le Crédit Mutuel CIC, Francé Télcom, le groupe Espirito Santo du Portugal, le groupe Accor, la Banque mondiale à travers la SFI et l'Agence française de développement (AFD). Un groupe multimétiers Tissés pendant de longues années, confortés aussi par une volonté, les partenariats multilatéraux constituent un pilier du développement et de la croissance du groupe FinanceCom. Or, cette croissance exponentielle, jamais démentie en dépit des péripéties et des soubresauts que traverse depuis deux ans l'économie mondiale, inspire à Othman Benjelloun le commentaire suivant, dont on peut affirmer qu'il trempe dans une philosophie prospective : « Nous vivons, a-t-il dit, une période décisive de l'histoire du Maroc et, au-delà, de l'histoire contemporaine. Quel regard en définitive, en tant que groupe privé national multimétiers, peut-on y porter ? » Et de répondre, la sérénité affichée : « Notre réponse est que c'est un regard de confiance. C'est un regard de confiance si l'on tient compte des véritables fondamentaux politiques et économiques du pays où notre groupe prend racine ». Tandis que , de part et d'autre, y compris dans la communauté d'affaires et bancaire, souffle peu ou prou un vent , à tout le moins un écho d'inquiétude, vraie ou feinte, Othman Benjelloun, homme qui s'est constamment nourri de l'optimisme méthodique et ne s'est jamais laissé tenter par le défaitisme, qui a su élever le « principe d'espérance » ( Heidegger) , a décliné l'analyse suivante sur le Maroc. Elle vaut précieuse leçon : « Dans un monde de turbulences politiques, économiques et financières, le Maroc représente, en effet, un havre de stabilité, fort de son identité, fort du cheminement sociétal qu'il s'est forgé aux termes d'évolutions – et non de révolutions – institutionnelles et constitutionnelles vers une authentique démocratie parlementaire »...Sage, réaliste, pertinent même ? Il n'hésitera pas à soutenir la transition démocratique en cours en affirmant : « Ce regard est de vigilance aussi, par rapport aux défis qui guettent une expérience démocratique récemment renouvelée et que mène une coalition gouvernementale assez inédite qui, dans l'intérêt supérieur du Maroc, soit réussir... ». L'engagement international de FinanceCom passe évidemment par la Bank Of Africa (BOA), Londres, Paris, Le Luxembourg, la Chine... Il est à l'image d'une nation, le Maroc qui fait de l'ouverture l'une de ses vocations. Cet engagement, on le doit à un homme, Othman Benjelloun qui, comme l'a si bien illustré le film institutionnel de près de vingt minutes, projeté au début de la cérémonie, dispose de relations exceptionnelles à travers le monde, tisse et essaime des amitiés rares et, in fine, devient le bâtisseur d'un idéal pour une communauté de 22 000 employés et pour le pays aussi...