L'Union européenne a pratiquement revisité sa politique de lutte contre le terrorisme au lendemain de l'attentat du 11 mars 2004 à Madrid. La menace extrémiste à l'intérieur des pays de l'UE a depuis été couplée à une poussée du terrorisme lié à la nouvelle configuration d'Al-Qaida, notamment dans les régions du monde arabe et en Afrique. « Al-Qaida a été franchisée», expliquaient la semaine dernière des responsables européens devant un parterre de journalistes arabes invités à Bruxelles. Selon ces derniers, les problèmes de terrorisme et de criminalité internationale sont devenus un sérieux sujet de préoccupation majeur dans la région et au-delà, dans le grand voisinage méridional, ainsi qu'au Sahel. « Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a constitué un réseau terroriste, notamment dans la région du Maghreb et au Mali. La situation s'est détériorée à la suite du conflit en Libye, du fait de la recrudescence du trafic d'armes, d'êtres humains et de stupéfiants et de la présence de combattants djihadistes ayant participé aux hostilités, ce qui a contribué à faire de la région sahélo-saharienne une zone d'instabilité». « Aujourd'hui, c'est l'extrémisme islamiste qui fait peser sur l'Europe la menace la plus grave », déclarent les mêmes sources. Pour à la fois lutter contre ces nouveaux périls au Sud et atteindre les objectifs fixés par sa stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel (l'Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger mais dont la mise en oeuvre est centrée sur les trois derniers pays), l'UE s'attelle à travailler en étroite collaboration avec les pays du Maghreb, eux-mêmes directement touchés par la situation dans la zone sahélo-saharienne, mais également acteurs dans cette zone. Le Maroc, un allié de taille D'ailleurs, fin janvier, la France a invité l'Espagne, le Maroc et le Portugal à un sommet entre ministres de l'Intérieur pour constituer un front commun contre les éventuelles « percées » d'éléments jihadistes qui viendraient à franchir les frontières sud depuis la Mauritanie et surtout l'Algérie qui finalement, a montré ses limites dans la lutte contre le terrorisme. « Le Maroc est pratiquement le seul pays aujourd'hui de la région a pouvoir sécuriser son territoire», révèlent les responsables européens, tout en précisant que le pays doit encore faire des efforts en matière des droits de l'Homme. Si Al-Qaida et ses recruteurs sont déjà dans le collimateur des services européens, les radicaux wahabbistes n'échappent pas non plus à la vigilance des Européens. « Aujourd'hui, des vices dans les procédures permettent encore à des éléments fortement soupçonnés de financer des activités terroristes et criminelles d'échapper à la justice », se plaignent les responsables européens de lutte contre le terrorisme. Le 7 mars prochain, les ministres de l'Intérieur de l'UE se réuniront avec, peut être, un ordre du jour où figurera le renforcement de l'échange d'informations entre les services de renseignements Nord-Sud, à la lumière des événements qui se dérouleraient d'ici là au Maghreb, au Sahel et dans les pays du Moyen-Orient.