En verrouillant son format de coopération avec l'Afrique, la Russie envoie un signal clair : ses partenariats stratégiques avec le continent n'ont pas vocation à être instrumentalisés par des contentieux politiques portés par des États aux lectures idéologiques surannées. Un message qui trouve un écho favorable auprès de la majorité des capitales africaines, soucieuses de préserver l'efficacité et la crédibilité de leurs engagements internationaux. Réunis au Caire les 20 et 21 décembre 2025 pour la deuxième conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie–Afrique, les responsables africains et russes ont donné à voir une réalité diplomatique de plus en plus assumée : la volonté de Moscou de circonscrire strictement le format de ses échanges avec le continent africain et d'en exclure toute source de division politique. Ce cadre, appliqué de manière constante par la Russie lors de ses forums africains, vise à limiter La participation est réservée aux États souverains reconnus, écartant de facto toute entité à la validité non prouvée. La Russie continue ainsi de privilégier un cadre fondé sur la reconnaissance internationale des États participants. Cette approche, déjà appliquée lors du sommet Russie–Afrique de Saint-Pétersbourg en 2023 et confirmée au Forum de Sotchi en 2024, a été reconduite au Caire, malgré les pressions de certains États traditionnellement favorables aux thèses du Front séparatiste. Cette exclusion persistante ne relève pas d'un incident protocolaire, mais bien d'un choix stratégique assumé par Moscou. En limitant la participation aux seuls États souverains membres des Nations unies, la Russie cherche à préserver la lisibilité politique de ses forums africains et à éviter les débats clivants susceptibles de parasiter les discussions économiques, sécuritaires et géopolitiques. En parallèle, la diplomatie algérienne a tenté de profiter de cette rencontre pour maintenir son activisme autour du dossier du Sahara. En marge du forum, le chef de la diplomatie algérienne a tenté, en vain, de mobiliser des soutiens à travers une série d'entretiens bilatéraux, une démarche qui n'a trouvé d'écho qu'auprès de deux pays, la Namibie et le Zimbabwe qui ont accepté que cette question soit évoquée dans leurs échanges officiels, confirmant ainsi l'isolement croissant de cette position sur la scène africaine. À l'inverse, plusieurs capitales influentes ont clairement opposé une fin de non-recevoir à toute tentative d'introduire ce dossier dans leurs discussions. L'Égypte, pays hôte du forum, tout comme la Tanzanie, ont délibérément recentré leurs entretiens avec la partie algérienne sur des thématiques de coopération bilatérale, excluant toute référence à des sujets jugés sensibles ou sources de division. Ce contraste met en lumière une évolution notable au sein du continent africain. La majorité d'États refusent que leurs relations diplomatiques et économiques soient instrumentalisées par des agendas politiques périphériques, préférant privilégier des partenariats pragmatiques axés sur le développement, l'investissement et la stabilité régionale.