Enseignement et biens habous : Toufiq clarifie les nouvelles orientations    CAN de rugby à XV (Ouganda-2025) : le Maroc termine à la 6è place    Le temps qu'il fera ce dimanche 20 juillet 2025    Une mère accuse le vol d'organes de son fils décédé : le parquet de Casablanca dément et rétablit les faits    Cinéma : Voici les projets admis à l'avance sur recettes au titre de la 2e session de 2025    À Avignon, la famille de Christophe Gleizes, le journaliste incarcéré en Algérie, dénonce une «fantasmagorie politico-judiciaire»    Le Maroc debout    Le Maroc a mobilisé des investissements conséquents au service de la prospérité économique de la région du Sahara    Céréales : Le Maroc importe 1,113 million de tonnes de blé russe jusqu'à fin juin        L'ancien président coréen Yoon Suk Yeol inculpé pour abus de pouvoir    La présidence syrienne annonce un cessez-le-feu immédiat à Soueïda    Défis climatiques et souveraineté : histoire d'eaux troubles    Interview avec Paul Mamere : « Mon parcours n'est pas une exception »    Euro (f) Suisse 25 : Cruelle désillusion pour les Bleues, l'Allemagne en demi-finale    Euro (f) 2025 / Quart de finale : L'Espagne élimine la Suisse    Golf scolaire : Le Maroc domine le championnat du monde    Le Parlement panafricain demeure un organe sans autorité, vingt ans après sa création, déplore le Policy Center for the New South    Ouezzane/Génération Green: Lancement de plusieurs projets de développement agricole et rural    Le détenu décédé à Nador souffrait d'une maladie incurable et bénéficiait des soins de santé nécessaires    Le Gabon adopte une nouvelle stratégie de développement du secteur de la pêche maritime    Maroc vs Ghana en 1⁄2 finale de la CAN    Le Real Madrid lance son programme éducatif de football au Maroc    Des enseignants marocains entament un programme inédit sur la Shoah en Europe centrale    Partenariat Maroco-Chinois Pionnier pour Stimuler l'Innovation en Santé et l'Intégration entre Médecine Moderne et Traditionnelle    Le moral des ménages repart à la hausse au 2e trimestre 2025    Saham Bank obtient 55 millions d'euros de la BERD    Infantino : Le Maroc est devenu un des centres mondiaux du football    La co-organisation du Mondial 2030 devrait générer plus de 100 000 emplois annuels au Maroc, selon Nadia Fettah    Ferhat Mehenni : Le régime algérien transforme Tala Hamza en base militaire dans le cadre d'un plan d'éradication des Kabyles    Bruno Retailleau accuse l'Algérie de connivence avec l'immigration clandestine et prône une rupture nette    Lekjaa : Le Maroc prépare 2030 dans une logique de continuité et de durabilité    Le Maroc scelle un accord avec Boeing pour ériger cinq pôles aéronautiques d'excellence    Hackathon national : quatre initiatives distinguées à Rabat    Cinéma: La Commission d'aide dévoile sa liste    Le Maroc et l'UNESCO annoncent une nouvelle alliance pour promouvoir le développement en Afrique par l'éducation, la science et la culture    Les prévisions du samedi 19 juillet    Morocco National Hackathon supports digitalization for four local NGOs    Programme "Moussalaha" : 390 détenus bénéficiaires    Yaoundé vibre avec les « Renaissance Music Awards »    Pose de la première pierre du projet de valorisation du site archéologique de Sejilmassa    Ferhat Mehenni honoré lors d'une prestigieuse cérémonie internationale à Paris    Festival : Jazzablanca, un final éclatant de stars et de jeunes talents    Nadia Fettah: « Tous les partenaires sont convaincus de la nécessité d'une solution consensuelle »    Marruecos extiende la alfombra roja a Jacob Zuma tras el acercamiento sobre el Sahara    L'Humeur : Timitar, cette bombe qui éclate mou    Ould Errachid reçoit l'ancien président d'Afrique du Sud et leader du parti MK, Jacob Zuma    Festival des Plages Maroc Telecom : Une soirée d'ouverture réussie à M'diq sous le signe de la fête et du partage    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Salim Jay : Rives et dérive avant d'accoster
Publié dans Le Soir Echos le 29 - 04 - 2010

Happés par Tanger, provisoirement ou longuement,  des écrivains occidentaux du milieu du siècle dernier jusque dans les années 1970 ont trouvé de vigoureux contempteurs en deux chercheurs, Marie-Haude Caraes, spécialisée  en sciences politiques  et Jean Fernandez, socio-anthropologue. 
Ils  voudraient déniaiser des lecteurs trompés par la légende attachée à Bowles, Genet, Morand ou Burroughs. Ils ne parviennent pas  à cacher, cependant, leur amour de la littérature. Dans «Tanger ou la dérive littéraire», essai sur la colonisation littéraire du lieu, (Publisud, 2003)  voici Barthes, Bowles, Burroughs,  Capote, Genet, Morand, voire Kerouac. Du beau monde, mais des prédateurs selon nos auteurs qui citent abondamment les textes, contextualisent   finement et dénoncent plutôt solitairement puisque la gloire reconnue est, souvent, le deuil de l'esprit critique. Caraes et Fernandez pointent la folle mythologisation de soi que s'autorisent, à Tanger, des écrivains occidentaux : «Les écrivains à Tanger provoquent et défient la loi, pactisent avec leur culpabilité. Des surhommes ou des dieux. Est ainsi rendue plus éclatante leur présence au monde. Leurs textes sont sacrés ou sacralisés à la mesure de l'absorption, de la pénétration  ou du bouleversement qu'ils infligent à la ville et à ses habitants. Au fond de l'histoire, restera l'abandon».
«Tanger ou la dérive littéraire»  est un pamphlet si savant, si méticuleusement nourri d'analyses, qu'il mérite d'être dit, à ce jour, unique. Mais partial, assurément. 
De Tétouan, tandis qu'à  Tanger se déroulait un Salon international du livre, durant l'hiver  2003,  j'ai rapporté les vers magnifiques d'un poète marocain de langue française Mohamed El Jerroudi : «Tu as tous les  rivages du monde/ pour accoster un jour / au cœur de ton pays natal». Trois vers comme un sésame. 
Répondant à Mohamed Leftah dans «Le Temps du Maroc» en février 1997, Boubkeur El Kouche, qui venait de publier «Regarde, voici Tanger – Mémoire de Tanger depuis 1800»  (L'Harmattan, 1996)  prit la défense de  Bowles : «C'est quoi qu'on puisse dire, une des figures emblématiques de Tanger. Depuis quelques années, on a tendance à dénigrer sa production romanesque et à occulter son action. Il est vrai que le Tanger de Bowles  ne fait pas la part belle aux Tangérois. On lui reproche à juste titre de donner une image négative des Arabes. Mais il est vrai  aussi qu'il a encouragé des paroles dissidentes. Abdallah Laroui a relevé néanmoins, qu'à travers le discours des marginaux, Bowles a exprimé surtout ses propres fantasmes». 
«Par ailleurs, Bowles est resté obstinément accroché à une image figée de Tanger et a déclaré qu'il n'aimait plus cette ville qu'il avait qualifiée : la Dream City». 
Je suis plus séduit par l'art narratif de Bowles que par ses opinions. Un esprit attiré par le divers et un compositeur de musique qui se passionna pour les musiques populaires, les contes et légendes, le récit d'autrui. C'est ce que montrent les nouvelles contenues dans «Réveillon à Tanger» paru en 1981 sous le titre «Midnight Mass»  avant la traduction française de Claude- Nathalie Thomas au Quai Voltaire, en 1987. 
«L'éducation de Malika»  est le récit que je préfère dans «Réveillon à Tanger»   C'est une sorte de petit roman dont la lecture est indispensable à qui voudrait connaître une biographie à la fois plausible et apparemment inouïe de paysanne marocaine. Jeune fille, dans un bourg, elle doit se débattre avec un soldat qui  l'importune. Sa mère croit que Malika était consentante. Alors, pour se venger de cette méprise, Malika va vouloir se libérer, s'enfuir, et elle va suivre un étranger jusqu'à Tétouan, jusqu'à Madrid, jusqu'à Paris, jusqu'en Italie, jusqu'à Beverly Hills. Mariée, elle perd rapidement son époux. La voilà veuve et richissime, Malika Hapgood. Son retour à Tétouan, flanquée de son maître d'hôtel philippin, est un morceau de bravoure.  
C'est bien le moment de souffler à l'oreille de ce personnage de fiction les vers  d'El  Jerroudi : 
«Tu as tous les rivages du monde / pour accoster un jour / au cœur de ton pays natal».    


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.