Alors que le Maroc vit une véritable crise politique, aggravée par une économie asphyxiée, une balance commerciale et des finances publiques extrêmement déficitaires, l'indice Mastercard de confiance des consommateurs vient nous apprendre que les Marocains sont très optimistes et leur optimisme progresse considérablement en ces périodes. Cet indice indique que le niveau de confiance des consommateurs au Maroc a progressé pour atteindre un score record de 85,2 sur 100. Les Marocains sont d'ailleurs les 2e plus grands optimistes du continent, juste derrière le Nigeria qui a eu un score de 94,3. Après le Maroc, on retrouve le Kenya (76,5) et de l'Afrique du Sud (56,3). Selon le communiqué de Mastercard, les consommateurs au Maroc sont optimistes, vis-à-vis des cinq indicateurs mesurés. « Comparé à l'édition précédente de l'Indice publiée il y a six mois, les consommateurs sont plus confiants par rapport à leur revenu régulier (92,9 contre 89,7) et la Bourse (85,7 contre 70,3). Les consommateurs restent également très positifs par rapport à la qualité de vie (83,6 contre 87,3). L'emploi (83,3 contre 88,9) et l'économie (80,6 vs. 87,8), malgré des scores en légère baisse, sont comparables à l'édition précédente de l'Indice », lit-on dans le communiqué. Pour corroborer les résultats de cette enquête, Faissal Khdiri, DG de MasterCard, Afrique du Nord et Sub-Saharienne francophone déclare que « Des perspectives de croissance économique soutenue ont contribué à maintenir un climat de consommation optimiste auprès des consommateurs africains dans la dernière étude, et le Maroc ne fait pas exception. La confiance des consommateurs dans le marché est restée très élevée ces deux dernières années, les interviewés mettent l'accent sur leurs perspectives de revenu régulier ». La confiance des ménages continue à se détériorer Selon ces résultats propres à Mastercard, les augmentations survenues depuis le début de cette année sur certaines denrées alimentaires et sur les prix à la pompe ainsi que les dizaines de milliers de pertes d'emplois notamment dans le BTP n'ont pas eu d'effets négatifs sur le moral des ménages. Il conviendrait, néanmoins, de comparer cette enquête avec la dernière note de conjoncture des ménages du HCP (Haut commissariat au plan). En effet, les résultats de l'enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, menée par le HCP, montrent que l'Indice de Confiance des Ménages (ICM) aura enregistré, au cours du deuxième trimestre de 2013, une détérioration de 1,6 point par rapport au premier trimestre de 2013 et de 6,5 points par rapport à son niveau du deuxième trimestre de l'année 2012. Par rapport au niveau de vie, les Marocains ne sont pas aussi optimistes qu'on nous le prétend. « Comparée à son niveau de la même période de 2012, la perception des ménages sur l'évolution passée a connu une détérioration de 1,3 point et de 13,2 points pour ses perspectives d'évolution », note l'institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami. Ce pessimisme prend plus d'importance lorsqu'on sait que plus de 76% des ménages anticipent une hausse du nombre de chômeurs pour les 12 mois à venir contre 72,4% un trimestre auparavant et 64,4% un an auparavant. De même, près de 52% des ménages marocains considèrent, au deuxième trimestre de 2013, que le moment n'est pas opportun pour faire des achats de biens durables alors que seulement 20,1% pensent le contraire. Une situation financière déplorable De plus, alors que l'indice de Mastercard nous apprend que les Marocains sont très optimistes quant à leur revenu avec un score record de 92, le HCP nous atteste le contraire en démontrant que 35,9% des ménages s'endettent ou puisent pour cela dans leurs épargnes pour couvrir leurs dépenses. « Le solde de l'indicateur relatif à la situation financière actuelle des ménages s'établit à un niveau négatif de -30,2 points, en hausse de 0,8 point par rapport au même trimestre de 2012 et en baisse de 0,4 point par rapport au trimestre précédent. Quant à leur situation financière personnelle passée, les opinions des ménages se détériorent de 4,2 points », note le HCP avant de rajouter que le solde d'opinion concernant les perspectives d'évolution de la situation financière des ménages atteint son niveau le plus bas depuis 2007 (0,7 point). La Bourse de Casablanca peine à voir le bout du tunnel Par ailleurs, alors que l'indice Mastercard nous fait savoir que les Marocains sont plus confiants par rapport à la Bourse (85,7 contre 70,3), avec un important regain de confiance en ce premier semestre, la réalité des chiffres témoignent du contraire. Tous les départements concernés (Bank Al Maghrib, Bourse de Casablanca, CDVM…) parlent d'une véritable déprime à la Bourse de Casablanca avec des dépréciations importantes des 2 indices Masi et Madex, une chute de la capitalisation boursière et un maigre volume de transactions. Quoi qu'il en soit, face à une économie marocaine en berne aggravée d'une profonde crise politique, induisant une crise de confiance des Marocains, un HCP qui dévoile un réel pessimisme auprès des ménages marocains et des perspectives moins reluisantes, une chose est sûre, on voudrait bien croire à cet indice de Mastercard…