Posé au pied de l'océan, entre le souffle du vent et le disque solaire rosissant qui s'échoue dans l'Atlantique à l'heure du crépuscule, le Cabestan Ocean View, offrira bientôt son nouveau visage. Le restaurant mythique, qui a ouvert ses portes en 1965, cher aux Casablancais, a en effet été acheté par Nicolas Perez et François Cros, spécialisés dans la restauration, l'hôtellerie et le management. L'idée et le choix du Cabestan, ont en fait été «le fruit d'un pur hasard », pour Nicolas Perez, séduit par le lieu et sa position: « Depuis que nous avons fait le choix d'acquérir ce restaurant, tout s'est très bien passé. Nous avons décidé d'en conserver le nom car il fait partie de la vie des Casablancais, qui y sont attachés». Les intérieurs et les extérieurs du Cabestan Ocean View seront relookés par Imaad Rahmouni, architecte et designer de renommée internationale, qui travaille entre Paris et Marrakech, et à qui l'on doit le Crystal Hôtel à Marrakech, le Saint Martin's Lane à Londres ou encore le Pershing Hall à Paris. La carte proposera une cuisine méditerranéenne et provençale, à base de poissons et crustacés, aux commandes, du chef Franck Ferigutti, élu «Meilleur ouvrier de France en 2000»(Lire aussi page 2). Le directeur du Cabestan Ocean View sera Abdelatif Khay, qui a précédemment travaillé au Métropole de Monaco: «Cette nouvelle aventure représente un réel défi, j'ai quitté le Maroc à l'âge de cinq ans et à présent, j'y suis de retour». L'achat du restaurant représente un budget de 25 millions de dirhams et la réfection nécessitera 20 millions de dirhams. Entretien inspiré avec le designer architecte Imaad Rahmouni Quelle est la genèse de ce projet? J'ai été amené à travailler avec le nouveau propriétaire, Nicolas Perez pour la décoration du Bar Rouge, à Shanghai et celle du restaurant l'Ephémère qui est à Montpellier. C'est une vraie rencontre, Nicolas Perez est une personne très professionnelle. Il est particulièrement précis au sujet des ses demandes et il sait que recevoir est un métier. Que vous inspire le Cabestan? C'est un lieu mythique, un nom, il représente plus qu'un restaurant pour les Casablancais. Sa position exceptionnelle, niché au bord de l'océan, offre une vue inouïe. C'est l'un des plus beaux emplacements sur la côte. La façade extérieure, que l'on va conserver, m'a tout de suite plu. La rencontre de toutes ces spécificités ne pouvait que me séduire, et promet un défi rare. Quel sera le déroulement de votre travail sur le « nouveau » Cabestan, baptisé Cabestan Ocean View? Nicolas Perez et moi-même avons une vision commune à propos des lieux publics. Il s'agit souvent de lieux liés à la mode, à l'air du temps, et qui ne sont pas pour autant éphémères. Ils s'inscrivent dans le temps, ils ont une traçabilité. Le Cabestan incarne, à ce sujet, une adresse. Comme l'Hôtel Coste à Paris, c'est une invitation. Il est très complexe de penser ce lieu. Une de mes intentions tiendra au fait qu'il y aura deux visions : une vision de jour et une vision de nuit. La journée, la mer devient en quelque sorte un personnage déterminant, auquel s'ajoute la lumière du site. La nuit, l'intérieur doit reprendre le dessus grâce notamment aux éclairages et à l'ambiance récréés, afin de mettre en scène le lieu. Votre créativité est-elle multiple, protéiforme? Allez-vous vous entourer d'autres compétences? Elle s'inspire principalement des nombreux voyages que je fais. Je passe le plus clair de mon temps en avion, ce qui me permet d'avoir une vision internationale. Je ne suis pas uniquement lié à un pays : je me sens bien à Paris, à New-York, à Bangkok. Ces différents passages dans ces villes sont ensuite une imprégnation qui alimente mon travail. Quelle sera la couleur dominante du Cabestan? Le grège, une nuance qui oscille entre le beige et le gris. C'est une couleur qui peut s'appliquer à tous. Il faut que les personnes soient belles dans l'espace du restaurant, qu'elles s'y sentent bien. Un lieu est un support, surtout un lieu public. Quelle est la couleur de votre marque? Le gris, qui correspond davantage au warm gris, un gris chaud. Mais, j'ai aussi travaillé avec le rouge pour le Bar Rouge, à Shanghai. C'est un des premiers lieux réellement « rouge », dans l'histoire de mon travail. Le rouge est une couleur qui atténue et gomme de nombreux défauts. Un lieu a besoin d'un beau support chromatique. Comment êtes-vous venu à l'architecture et au design? Enfant, je voulais devenir marin. Peut-être parce que j'avais un rapport angoissé par rapport à la mer, comme beaucoup d'Algériens. Ma mère m'a encouragé à suivre des études d'architecture et de design, à l'issue de mon baccalauréat. J'ai ensuite eu une chance incroyable, j'ai travaillé aux côtés de Philippe Starck, de Jean Nouvel, durant plusieurs années.