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Ahmadinejad, une élection volée ?
Publié dans Le temps le 10 - 09 - 2009


En attendant la démocratie à Téhéran
Par Gideon Rachman*, The Financial Times, 15 juin 2009
Trente ans après la révolution khomeyniste, pourrait-on assister à une contre-révolution iranienne ? Dans l'immédiat, les événements semblent plutôt alarmants - élection contestée, violence dans les rues et répression. À long terme, le week-end du vote a donné la preuve réconfortante que l'Iran et le Moyen-Orient en général ne sont pas à l'abri de la grande vague de démocratisation qui a balayé le monde depuis la fin des années 1970. Il y a, bien sûr, ceux qui pensent que malgré la tourmente à Téhéran le président Mahmoud Ahamdinejad a bien remporté les élections présidentielles à la régulière. Leur argument est que les journalistes occidentaux se sont fourvoyés en se focalisant sur l'opinion publique dans la capitale et parmi l'élite. En réalité, les classes moyennes des villes seraient débordées par le vote des ruraux.
Ces arguments sont peu convaincants. L'élection présidentielle iranienne présente toutes les caractéristiques d'un hold-up. Le décompte officiel donne Ahmadinejad gagnant… même dans la ville natale de Mir Hossein Moussavi, son principal challenger. Ahmadinejad aurait gagné même dans les circonscriptions de langue azérie, en dépit du fait que Moussavi a des origines azéries. Les résultats officiels créditent Ahmadinejad de 63% des voix, ce qui est largement au-dessus des prévisions les plus optimistes. Et le régime iranien a réagi aux manifestations populaires à la manière d'une dictature : manifestants battus, opposants jetés en prison, fermeture de services SMS et de sites Internet. On disait l'Iran l'exemple d'une semi-démocratie au Moyen-Orient. Mais le week-end a arraché au pays son voile démocratique.
Rétrospectivement, la révolution iranienne de 1979 n'a fait que remplacer un régime despotique par un autre. (…) Ces dernières années, la révolution démocratique a semblé s'essouffler. Après le chaos qui a suivi les invasions menées par les États-Unis en Irak et en Afghanistan, certains réalistes conservateurs ont fait valoir qu'il est, partout, erroné de promouvoir la démocratie au Moyen-Orient, car les islamistes sont susceptibles de gagner le pouvoir et d'imposer des régimes intolérants. “Un homme une voix, une seule fois”, disait la blague. L'islamisme ne serait susceptible de perdre de son attrait populaire que lorsque des fondamentalistes musulmans seront autorisés à gouverner - prouvant ainsi qu'ils sont capables d'être incompétents, oppresseurs et corruptibles.
Ce cycle se joue désormais en Iran. Même si M. Ahmadinejad et ses acolytes parviennent à s'accrocher au pouvoir, leur prétention à représenter une révolution populaire islamique se délite. Comment devrait réagir le monde extérieur ? L'administration Obama a déjà été critiquée par certains conservateurs qui jugent son attitude trop douce et prudente face aux événements en Iran. Mais une intervention plus appuyée de l'Occident serait une erreur à ce stade. Le régime iranien a trois sources possibles de légitimation : l'appui populaire, la réussite économique ou la menace extérieure. Or, l'économie va mal et le hold-up électoral a détruit l'idée que le gouvernement repose sur un mandat populaire. Cela laisse au régime l'épouvantail de l'intervention étrangère afin de rallier les patriotes contre l'opposition. (…)
L'histoire nous enseigne que les révolutions démocratiques doivent, pour finalement réussir, s'appuyer presque entièrement sur des raisons intérieures. (…) Il est encore possible que l'Iran vive une révolution “verte” réussie, comme les précédentes révolutions orange et rose, en Ukraine et en Géorgie. Mais pour l'heure, tout ce que le monde extérieur peut offrir aux démocrates iraniens est un soutien rhétorique. Regarder, attendre et espérer.
Gideon Rachman est le chroniqueur en chef pour les affaires internationales du Financial Times. © The Financial Times Limited
Les résultats des élections présidentielles iraniennes ont-ils été vraiment manipulés ?
Ne sont-ils pas plutôt l'émanation réelle de la majorité du peuple iranien ?
Analyses croisées de deux quotidiens de référence, le Financial Times
(Royaume-Uni) et le Washington Post (Etats-Unis).
Le peuple iranien a (peut-être) parlé
Par Ken Ballen* and Patrick Doherty*, The Washington Post, 15 juin 2009
Les résultats des élections en Iran pourraient bien refléter la volonté du peuple iranien. De nombreux experts affirment que la marge de victoire du président sortant Mahmoud Ahmadinejad n'est que le résultat d'une fraude ou de manipulation, mais une enquête d'opinion réalisée trois semaines avant le vote créditait déjà Ahmadinejad des deux tiers des intentions de vote - un avantage plus large encore que sa victoire. Alors que les reportages des médias en provenance de Téhéran, dans les jours précédant le vote,
dépeignaient un public iranien enthousiaste en faveur du principal opposant d'Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, nos échantillons,
représentant l'ensemble des 30 provinces iraniennes, montraient une large avance pour Ahmadinejad.
Les enquêtes d'opinion indépendantes sont rares en Iran. Généralement, les sondages d'avant élections sont conduits ou contrôlés par le gouvernement et sont notoirement peu dignes de confiance. Toutefois, l'enquête que nous avons menée du 11 au 20 mai dernier était la troisième en deux ans. (…) L'ampleur du soutien à Ahmadinejad nous est apparu lors de notre enquête préélectorale. Durant sa campagne, par exemple, Moussavi a souligné son identité azérie - le deuxième plus grand groupe ethnique en Iran après les Perses - pour courtiser les électeurs de cette ethnie. Notre sondage a indiqué, cependant, que deux tiers des Azéris favorisaient Ahmadinejad.
On a beaucoup glosé sur la jeunesse iranienne et Internet comme porteurs de changement lors de cette élection. Pourtant, notre sondage révèle que seulement un tiers des Iraniens ont même accès à Internet, tandis que la tranche d'âge des 18-24 ans comprend le bloc le plus pro-Ahmadinejad de tous les groupes d'âge. Le seul groupe démographique dans lequel notre étude a constaté que Moussavi était en avance ou au coude à coude avec Ahmadinejad était celui des étudiants et diplômés universitaires, et les Iraniens aux plus hauts revenus.
Certains diront que le soutien déclaré à Ahmadinejad indique seulement la réticence des répondants à fournir des réponses honnêtes aux sondeurs. Pourtant, l'intégrité de nos résultats est confirmée par les réponses politiquement risquées que les Iraniens étaient prêts à donner à une série de questions. Par exemple, près de quatre Iraniens sur cinq - dont la plupart des partisans d'Ahmadinejad - ont dit vouloir élire le guide suprême de la révolution, qui n'est pas actuellement choisi par un vote populaire. De même, les Iraniens ont choisi comme priorités pour leur gouvernement des élections et une presse libres, pratiquement à égalité avec l'amélioration de l'économie nationale. Ces ne sont pas vraiment des réponses “politiquement correctes” dans une société autoritaire.
En effet, plus de 70% des Iraniens interrogés ont exprimé leur soutien à un accès des inspecteurs de l'armement et à un engagement de l'Iran à ne pas de développer ou posséder des armes nucléaires, en contrepartie de l'aide extérieure et de l'investissement. Et 77% sont favorables à des relations normales avec les Etats-Unis. (…) Les allégations de fraude électorale et de manipulation serviront à isoler encore l'Iran et pourraient accroître son bellicisme et son intransigeance envers le monde extérieur. Avant que des pays, dont les États-Unis, s'empressent de conclure que les élections présidentielles iraniennes ont été truquées - avec les graves conséquences que cela pourrait entraîner - ils devraient tenir compte des informations de sources indépendantes. Le fait est que la réélection du président Ahmadinejad pourrait bien être la volonté du peuple iranien.
Ken Ballen est président du Terror Free Tomorrow, un institut qui étudie les attitudes à l'égard de l'extrémisme. Patrick Doherty est directeur adjoint de l'American Strategy
Program à la New America Foundation. © The Washington Post Company


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