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Le trublion du Rif condamné
Publié dans Le temps le 10 - 09 - 2009

Après cinq mois de détention, le tribunal a rendu son verdict dans l'affaire Chakib El Khiyari : 3 ans de prison et 750 000 DH d'amende. Une sentence lourde de conséquences. Récit.
Le verdict est tombé comme un couperet : trois ans de prison ferme et 753.930 DH d'amende pour Chakib El Khiyari, président de l'Association Rif des droits de l'Homme (ARDH). Ce mercredi 24 juin, en fin d'après-midi, la surprise est totale. “On s'attendait à une condamnation même si on est convaincu de l'innocence de notre client, mais à ce point ! Nous sommes choqués, et déçus. C'est révoltant et absurde”, s'insurge Me Mounir Benlakhdar, un des avocats de la défense, en annonçant qu'il interjettera appel.
Du côté de la famille, c'est la consternation, même si une pointe de défi transparaît. “Je dis aux personnes qui ont émis leurs instructions pour faire taire mon frère : vous allez voir, ce n'est pas fini”, promet Amine El Khiyari. Le comité de soutien à Chakib El Khiyari prépare déjà une série de manifestations au Maroc et à l'étranger. “Des associations en Amérique latine, en Asie, en Afrique et en Europe se sont dites prêtes à manifester pour Chakib partout dans le monde”, explique le frère du condamné.
Chakib El Khiyari devait répondre à deux accusations : la première, qui a beaucoup fait jaser, concerne l'“atteinte aux corps constitués” (articles 263 et 265 du code pénal), un délit passible d'un mois à une année de prison. Et qui ressemble de près à un délit d'opinion. Le militant rifain était également poursuivi pour “ouverture d'un compte bancaire à l'étranger sans autorisation”, une infraction économique punie de cinq ans de prison. Les deux charges ont été retenues, et les peines cumulées.
Watchdog méchant
Comment ce militant devenu célèbre pour sa guerre déclarée contre les réseaux de trafic de haschich s'est-il retrouvé derrière les barreaux ? Flash-back. Dimanche 11 janvier 2008, une (très courte) dépêche de l'agence officielle MAP fait état de l'arrestation de M.L. (on apprendra par la suite qu'il s'agit de Mohamed Lghani, tenancier d'un café à Nador) présenté comme un gros poisson du trafic de drogue dans le Nord. Suivent plusieurs coups de filet dans le milieu des narcotrafiquants. Des officiels, dont des militaires, sont concernés aussi. Une grande purge qui intervient en pleine guerre de résultats avec l'Espagne, qui accuse le Maroc de “laxisme” dans ses efforts anti-drogue.
Chakib El Khiyari se mobilise alors pour “tirer les choses au clair”. Le président de l'ARDH, qui affirme recevoir constamment des menaces de mort de la part des narcotrafiquants, multiplie les déclarations à la presse : “M.L n'est qu'un intermédiaire. Les véritables trafiquants se sont réfugiés à Melilia où ils attendent que la tempête passe. Des officiels nadoris mêlés à cette affaire n'ont pas été inquiétés”, répète à qui veut l'entendre El Khiyari. Des propos largement repris dans les colonnes de la presse marocaine.
Rien d'étonnant dans la mesure où cet activiste, à l'aspect débonnaire, est devenu un habitué des coups d'éclat médiatiques. Début 2007, il obtient, grâce à un reportage pour la télé espagnole auquel il a collaboré, la fermeture de la lagune de “Mar Chica” au large de Nador. Des zodiacs puissants bourrés de résine de cannabis y circulaient impunément. Dans la foulée, il envoie une lettre au roi pour dénoncer le règne de la mafia de la drogue et la marginalisation à laquelle est acculé le Rif. En réaction aux déclarations de l'activiste rifain, le ministère de l'Intérieur émet un communiqué, El Khiyari est accusé de “dénigrer les efforts de l'Etat”. Tout s'enchaîne.
La machine infernale
Le samedi 21 février, Chakib El Khiyari est mis sous mandat de dépôt, après une longue garde-à-vue à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca. Un élan de solidarité se met automatiquement en place. “Human Rights Watch, Amnesty, l'AMDH, etc. Tout le monde nous soutient”, explique Amine. Le lundi 18 mai, la première audience de l'affaire El Khiyari a lieu. Plusieurs autres se suivent où la défense réclame le non-lieu. “Les droits de la défense ont été respectés, par contre toutes nos requêtes ont été refusées”, explique Me Mohamed Khattab. “Tout le monde peut ouvrir un compte à Melilia à l'aide d'un simple passeport. De plus, il faudrait que le montant soit supérieur à 2.000 francs français de l'époque, alors que mon client n'a fait qu'ouvrir un compte avec la somme de 229 euros remise par le journal El Pais pour sa collaboration”, explique l'avocat.
Emprisonné à Oukacha, Chakib El Khiyari garde son calme. Un trait de caractère devenu sa marque de fabrique, depuis tout jeune. Depuis près de 5 mois, l'infatigable trublion du Rif croupit dans la prison de Casablanca. “Je suis déjà libre car je suis soutenu”, se plaît-il a répéter. Dans sa cellule individuelle, en face des cachots, il se nourrit de conserves et se tient au courant de l'actualité grâce à sa radio. “On a dû insister pour qu'on lui remette un transistor. Il allait flipper, lui si hyperactif, cantonné à ne rien faire entre quatre murs”, raconte son frère Amine. Et pour cause, Chakib El Khiyari, n'est pas habitué à se tourner les pouces.
Issu d'une famille rifaine pauvre (son père et sa mère sont fonctionnaires, aujourd'hui à la retraite), il fait la majeure partie de sa scolarité à Mohammedia. “C'était un petit génie. 19,75/20 de moyenne en maths, au bac. Quand il allait à la plage, il emmenait avec lui des problèmes et exercices. Pour le plaisir”, témoigne ce proche. C'est tout naturellement qu'il s'inscrit à la fac d'Oujda pour suivre des études de mathématiques et de sciences physiques. Faute de moyens, il interrompt ses études au bout de deux ans. Durant les années fac, Chakib n'est pas vraiment un militant, “même s'il l'était un peu dans l'âme. A la maison, il n'a jamais toléré les injustices”, se rappelle son frère. Le déclic se produit quand le jeune Rifain au tempérament bouillant se prend à rêver d'une université à Nador. Pour que d'autres aient plus de chance que lui. C'est l'époque où il rencontre Omar El Khattabi, le frère de Abdelkrim, pour l'aider dans cette entreprise. C'est comme cela qu'il prendra goût au militantisme. “Omar El Khattabi a tué la peur en moi”, rapporte un proche. Il faudra du courage à El Khiyari pour affronter l'avenir.
Zakaria Choukrallah


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