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10 ans, en 10 visages
Publié dans Le temps le 28 - 09 - 2009

Les dix années de règne de mohammed VI ont vu défiler nombre de personnalités d'horizons et de milieux divers. Une dizaine les ont particulièrement marquées.
Abderrahmane el Youssoufi
Une transition en douceur
L'ancien chef de l'USFP, co-artisan de l'alternance sous Hassan II, participa également à la transition entre les deux rois. Premier chef de gouvernement sous Mohammed VI, il fit le choix de se ranger du côté de la monarchie et de poursuivre l'œuvre (qu'il disait “historique”) débutée avec son père. Mais l'ancien opposant en fut mal récompensé. Au lendemain des législatives de 2002, desquelles l'USFP sortait gagnante, le jeune roi décida de faire fi de la “logique démocratique” et nomma Driss Jettou, technocrate apolitique, au poste de Premier ministre. Si Abderrahmane choisit alors de quitter la vie politique et de (re)prendre le chemin de son exil cannois. Aujourd'hui, il y séjourne encore et continue à garder secret le contenu du fameux “pacte sur le Coran”, conclu avec Hassan II. Quant au Parti de la rose, il entra malgré tout dans le gouvernement Jettou. Ce fut le début de sa descente aux enfers politique…
Driss Basri
Le symbole de “l'ancien règne”
En juillet 1999, lors des obsèques de Hassan II, Driss Basri est dans les premiers rangs du cortège funéraire, aux côtés de Mohammed VI et du prince Moulay Rachid. Le tout-puissant ministre de l'Intérieur, qui a résisté à bien des bourrasques (dont celle de l'alternance), était parti, croyait-on, pour poursuivre sa carrière “au service du trône alaouite”. Mais deux mois plus tard, la décision de son limogeage tombe comme un couperet. Elle est surtout un signal politique fort envoyé par le jeune roi : en écartant l'éternel homme de confiance de son père, Mohammed VI sacrifie un symbole de “l'ancien règne” et vend habilement sa “nouvelle ère” et le fameux “nouveau concept d'autorité”. Depuis sa retraite parisienne, et jusqu'à son décès, le 27 août 2007, Driss Basri, amer, ne cessera de multiplier les escarmouches avec le nouvel entourage royal qu'il accuse de tous les maux. En guise de bouclier, il menace aussi de faire des révélations explosives dans un livre jamais écrit. L'homme qui aura incarné les années hassaniennes emporta finalement ses secrets dans la tombe.
Driss Jettou
L'homme providentiel
On l'oublie souvent, mais Driss Jettou fut l'une des premières personnalités en lesquelles Mohammed VI a placé sa confiance. Au lendemain de son intronisation, le jeune monarque lui confia déjà la lourde tâche de restructurer le holding royal Siger. Un bref passage qui lui permis de préparer le terrain à un certain Mounir Majidi, fraîchement nommé secrétaire particulier du roi. Quelques mois plus tard (septembre 2001), l'industriel est nommé ministre de l'Intérieur, avec comme première mission l'organisation des premières législatives de la nouvelle ère. Jettou réussit à en faire les premières élections transparentes de l'histoire du pays. Au lendemain du scrutin, et à la surprise générale, le roi le “bombarde” Premier ministre, le préférant à Abderrahmane Youssoufi, patron de l'USFP. Les partis de la Koutla protestent, dénoncent un “retour sur les acquis démocratiques”, mais finissent malgré tout par rallier son gouvernement. Pragmatique, discret et efficace, Jettou réussit à faire le consensus autour de lui au cours d'un mandat pourtant semé d'embûches. Il passera finalement la main, en octobre 2007, à Abbas El Fassi. Aujourd'hui encore, beaucoup le désignent comme le “meilleur Premier ministre” que le royaume ait connu.
Lalla Salma
Princesse du peuple
21 mars 2002, la Maison du protocole annonce le mariage du roi du Maroc. Le 12 juillet, le pays découvre le visage de sa First lady. Première épouse d'un souverain marocain alaouite à s'être vu conférer le titre d'Altesse royale, elle est aussi la première à être présentée publiquement au peuple marocain et aux médias, en véritable symbole de modernité pour la monarchie : le roi en personne lance le signal fort de l'émancipation féminine. Epouse, mère de deux enfants, elle ne veut guère se cantonner à un rôle d'apparat, ni à celui de mère du prince héritier. On la voit aux côtés du roi accueillir des chefs d'Etat étrangers, l'accompagner dans ses déplacements officiels, remplir seule des missions diplomatiques. Mais elle veut agir plus. Novembre 2005, elle fonde l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, dont elle prend la présidence effective, et pas seulement honorifique. Elle est aussi ambassadrice de bonne volonté pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Princesse engagée et icône de la mode, Lalla Salma incarne à elle seule un équilibre délicat entre tradition et modernité. Surnommée, entre autres, “l'atout du roi”, elle offre au peuple marocain et au monde une visibilité exceptionnelle sur la monarchie, qui a longtemps tenu à protéger jalousement l'image des princesses.
Driss Benzekri
L'homme de la réconciliation
Lorsque Driss Benzekri a été nommé par Mohammed VI, le 7 janvier 2004, à la tête de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), il avait un cahier de charges précis : mener des investigations sur les années de plomb et les exactions commises durant la période allant de 1956 à 1999. Mission réussie pour cet ex-membre d'Ila Al Amam, qui a fini par exorciser les démons des années noires. Pour ce faire, l'IER devait établir des critères de compensation matérielle et de réinsertion sociale des victimes, ainsi que des investigations pour retrouver la trace des disparus. Avec les témoignages retransmis à la télé (une première ), c'est toute une nation qui découvrait sa mémoire refoulée. En 23 mois d'existence, l'IER aura finalement traité quelque 16 861 dossiers, indemnisé 9.680 victimes et élucidé 593 cas de disparitions. Quant à Benzekri, il fit son entrée dans l'histoire après son décès, en juin 2007.
Moulay Hicham
Le prince “dissident”
Ceux qui ont assisté de près ou de loin aux obsèques de Hassan II le 23 juillet 1999, sont tous unanimes. Ce jour là, Moulay Hicham était un homme encombrant. Omniprésent, on le voyait partout, plus visible aux clichés des rares photographes presse et autres cameramen accrédités au Palais, que quiconque de la grande famille royale. Sur la liste de la beia, il était la deuxième personne, après le passage de Moulay Rachid, à signer l'acte de l'allégeance. Sauf qu'il y avait un hic : le prince rouge s'est abstenu publiquement du baisemain traditionnel qu'il doit à son cousin, hier encore prince héritier, devenu Roi du Maroc. Cet incident ne passera pas inaperçu pour des millions de spectateurs. Durant les trois jours des obsèques, Moulay Hicham multipliera les erreurs allant jusqu'à se faire remettre la liste détaillée des membres du cabinet royal avec le CV de chacun. Trop, c'est trop. Le roi du Maroc tranche et lui envoie des émissaires pour lui signifier qu'il était interdit de fréquentation des Palais royaux. Réaction immédiate du prince rouge à l'étranger, lors d'un colloque à Paris, qui remet en cause la règle de la primogéniture pour la succession au trône qu'il juge “absolutiste”. À Rabat, le message est reçu cinq sur cinq. En 10 ans de règne, Moulay Hicham a été interdit de s'approcher du Roi.
Abdelaziz Meziane Belfqih
L'éminence grise
Conseiller du roi aux affaires économiques, Abdelaziz Meziane Belfqih est l'un des hommes les plus influents du nouveau règne. Il est aussi, avec Mohammed El Moatassim, l'un des conseillers le plus écoutés de Mohammed VI. Présenté comme la tête pensante des grands chantiers voulus par le roi (Tanger Med, rocade méditerranéenne, vallée de Bouregreg…), on le dit également l'architecte en chef des équipes gouvernementales. Les Ghellab, Douiri, Boussaïd et autres Bakkoury… sont ses poulains, au point qu'on lui colle désormais l'étiquette de DRH de “l'entreprise Maroc”. L'homme s'est aussi illustré sur d'autres dossiers. Le rapport du cinquantenaire a été chapeauté par ses soins . Il a été également, et reste à ce jour, le dirigeant en chef de la réforme de l'enseignement, lui qui officie en tant que président délégué du Conseil supérieur de l'enseignement et président de la commission Education-Formation (COSEF). Une réforme qu'il n'aura peut-être pas le temps de mener à bon terme... Affaibli par la maladie, l'homme est en effet donné partant depuis quelque temps. Une chose est sûre : le palais aura du mal à lui trouver un successeur !
Mohammed Mounir Majidi
Le gestionnaire des affaires royales
Porté un an après l'intronisation du jeune monarque au poste de secrétaire particulier du roi, et gérant de sa fortune, Mohammed Mounir Majidi (3M pour les intimes) est devenu en l'espace de quelques années l'homme le plus influent de la sphère économique du pays. Il incarne en tout cas l'esprit de la nouvelle génération des hommes du sérail : jeune, bardé de diplômes, discret… et surtout loyal envers “le patron”. Chargé au début du toilettage du holding royal, Siger (anagramme du mot latin Regis qui signifie roi), l'homme réussit avec brio (et non sans encombres) sa mission, verrouillant à jamais le contrôle du duo ONA-SNI, cheval de bataille du groupe royal. Homme de dossiers et de réseaux, Majidi ne cesse d'étendre son influence. Groupes privés, établissements publics, patronat… Majidi a l'œil sur tout et place ses hommes partout. Dernières trouvailles : le sport (le FUS de Rabat) et la culture (Festival Mawazine)… deux domaines où il tente de faire ce que son alter ego (Fouad Ali El Himma) essaie tant bien que mal d'accomplir en politique : construire des modèles et donner l'exemple !
Fouad Ali El Himma
Le parti de Sa Majesté
L'homme n'est plus à présenter. Compagnon de collège du roi, puis son directeur de cabinet alors qu'il n'était que prince héritier, Fouad Ali El Himma a traversé la première moitié du règne de son ami d'enfance comme l'homme fort du régime. Le numéro Deux du régime, comme n'hésitaient pas à le qualifier médias et observateurs nationaux et étrangers. En 2007, à la veille des élections législatives, l'ancien ministre délégué à l'Intérieur crée la surprise en annonçant sa démission et son intention de se présenter aux élections. L'homme affirmait sans ciller que sa démarche ne répondait à aucun agenda politique. Néanmoins, sa liste rafle les trois sièges de sa circonscription. Quelques mois plus tard, il lance le Mouvement de tous les démocrates, un “melting-pot” qui rassemble personnalités de gauche, dignitaires du régime et politiciens en quête d'une nouvelle virginité. L'association devient la matrice d'un parti politique, le PAM, qui dominera les élections communales moins de 2 ans après de sa création. En habile stratège, El Himma choisit de rester à l'écart. Au premier congrès de son parti, il se contente d'une 18ème position sur la liste des membres du bureau national. Il n'en continue pas moins d'en être le vrai patron.
Hamidou Laânigri
La lutte anti-terroriste, c'est lui
Il s'est illustré spécialement en matière de lutte anti-terrorisme au Maroc. A l'époque où il était le boss incontournable de la DST. Militaire de carrière, général de grade, spécialiste du renseignement en tout genre, Laânigri, n'a jamais fait l'unanimité au sein du mouvement droits-de-l'hommiste : enlèvements, tortures, garde à vue abusives au centre de détention secret de Temara... Faut-il rappeler que c'est sous son mandat à la tête de la DST que des milliers de personnes ont été interpellés pour terrorisme ( avant même le carnage du 16 mai 2003 ) et pas moins de 1.300, d'entre elles, ont été condamnés et incarcérés dans les prisons marocaines. Et pourtant, ce qu'on craignait, nous l'avons eu à Casablanca. Ce qui consacrera l'échec de la politique sécuritaire instaurée par Laânigri . Et il ne peut qu'en endosser la responsabilité. En disgrâce, Laânigri aura à chapeauter peu après la DGSN en juillet 2003. De nouveau, loin de baisser les bras, Laânigri s'attelle à la tâche et entreprend moults réformes qui donnent satisfation. Jusqu'au jour de l'éclatement de l'affaire de drogue Ben Louidane et l'implication effective de son bras droit, Abdelaziz Izzou. De la DST, en passant par la DGSN, Laânigri se voit confier les forces auxiliaires, en attendant des jours meilleurs.


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