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OPA virtuelle contre le Club Med ?
Publié dans Le temps le 28 - 09 - 2009

Les intérêts de la CDG chahutés par l'offensive intrigante de Bernard Tapie.
L'été n'aura pas été de tout repos pour la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG). La saison a vu le débarquement brutal de Mustapha Bakkoury de la direction du bras financier de l'Etat au moment où ses intérêts sont chahutés dans le Club Méditerranée dont il est l'actionnaire principal. La menace est venue de l'homme d'affaires Bernard Tapie, un personnage haut en couleurs qui, fort du pactole enlevé à l'Etat français dans la tumultueuse affaire du Crédit Lyonnais, s'est mis en tête de jouer les trublions dans le tour de table de la marque la plus emblématique du tourisme de masse. Intrigues, coups tordus et passes d'armes médiatiques jettent le trouble sur l'avenir capitalistique du Club Med fragilisé par la crise internationale qui frappe de plein fouet son secteur. Tour à tour déterminé, convaincant et ambigu, « Nanard », comme le surnomment les Guignols de Canal+, laisse planer le mystère sur ses motivations réelles. Pour se prémunir d'un coup de Jarnac dont Tapie a le secret, l'actionnariat très éclaté du Club a organisé une contre-offensive coûteuse qui, en ces temps incertains, n'arrange pas les finances de la CDG déjà engagée dans plusieurs opérations de sauvetage dont celle de l'implantation de l'usine de Renault à Tanger Med (lire article pp 24-26).
Depuis qu'il a annoncé son intérêt pour la marque, Tapie a crée un séisme dans l'establishment français et dont les frayeurs ont traversé la Méditerranée jusque dans les arcanes du pouvoir marocain. Pourquoi tant d'inquiétudes à propos des caprices du matamore des affaires ? Dans les bureaux feutrés du Club Med à Paris, le président Henri Giscard d'Estaing et son conseiller Alain Minc peinent à dissimuler leur stress face à la nuée de journalistes venus les questionner. Ils essaient tant bien que mal de faire bonne figure en qualifiant avec dédain la tentative d'abordage de Tapie d' « OPA virtuelle ».
Un feuilleton tragi-comique
Pourtant les victoires judiciaires de l'impétrant contre le Crédit Lyonnais et le consortium de réalisation (CDR) dans le cas Adidas l'ont renfloué de 100 millions d'euros, ce qui lui permet de lever la même somme pour prendre pour cible le Club Med en bourse dont la valeur vivote à peine à 240 millions d'euros, la reléguant ainsi à la taille d'une grosse PME internationalisée. D'où le suspense terrible qu'il entretient savamment par des déclarations fracassantes dans les médias, au point de donner des sueurs froides à Rabat, la CDG étant l'actionnaire principal du Club avec près de 11% du capital. Comment et pourquoi l'institution marocaine s'est-elle entichée d'un placement aussi hasardeux au point d'en être l'otage ? Il faut revenir trois ans en arrière pour retracer le film des événements. Juin 2006, Fipar-Holding, société d'investissement filiale du Groupe Caisse de Dépôt et de Gestion signe un accord visant une prise de participation à hauteur de 10% dans le capital de Club Méditerranée SA, société anonyme de droit français cotée à l'Euronext Paris. Cette prise de participation de près d'un milliard de dirhams est le prolongement d'un partenariat conclu de longue date entre le Groupe CDG et le Club. Entamé dans les années 60 par la location à Club Med du village de Restinga Smir, propriété du Groupe CDG, ce partenariat s'est développé jusqu'à la construction d'un village de vacances dans la Palmeraie de Marrakech, puis la constitution d'une joint venture regroupant tous les actifs immobiliers exploités par Club Méditerranée au Maroc. Cette joint venture, dénommée Société Immobilière de la Mer (SIM), et détenue à hauteur de 60% par le Groupe CDG et de 24% par Club Med est présentée comme l'outil de développement des villages au Maroc. Le principal actionnaire du Club, le fonds d'investissement KBL Richelieu Gestion (ex-Richelieu Finance) maintient à l'époque sa position initiale.
Les subprimes saignent la CDG
Deux ans plus tard, le pacte d'actionnaires paraphé en 2006 et comportant une clause de standstill (Accor à 6%, CDG à 10% et Air France-KLM à 2%) conclu pour deux ans, arrive à échéance le 9 juin 2008. De 10%, la CDG ambitionne alors d'élargir sa part dans le capital. Bakkoury ne cache pas son ambition de voir la Caisse devenir un acteur majeur du tourisme international. Devant l'assemblée générale mixte des actionnaires, tenue en mars 2008, à Paris, Henri Giscard d'Estaing prend acte du volontarisme de Bakkoury et annonce avec satisfaction l'engagement de son partenaire marocain. Il s'agit de peaufiner la voilure du tour de table recomposé.
L'avenir semble dégagé pour la CDG, mais la crise mondiale des subprimes viendra changer la donne pour Bakkoury.Les actions cotées sur les bourses internationales dévissent brutalement. La valeur des 10% de Club Med et 5% de tour opérateur allemand TUI acquis par la CDG à 3,7 milliards de DH accuse une dépréciation d'actifs qui atteint 2 milliards de dirhams. Acquise au prix unitaire de 44,9 euros, l'action du Club Med, déjà chahutée en 2007 en raison d'un profit warning, décroche jusqu'à 7,82 euros son minima historique, ce qui occasionne une moins-value potentielle pour la CDG titanesque qui engloutit presque la totalité de l'investissement consenti à l'achat. Idem pour les 5% de TUI, achetés entre mai et juin 2007 au prix global de 2,7 milliards de DH, et dont la valeur de marché a, elle aussi, fondu comme neige au soleil. «Les externalités positives sur l'économie nationale» dont se targuait Bakkoury se révèlent être un mirage. La volonté de stabiliser l'actionnariat de TUI et de Club Med dont le capital éclaté la mettait sous la menace d'une OPA hostile, aura coûté cher, très cher à l'Etat marocain, en plus d'une saignée de ses avoirs en devises à l'étranger. La publication des résultats 2008 de la Caisse révélait la bérézina : les bénéfices accusaient une baisse de 62%.
Alami vole au secours de Giscard
Le cours de l'action du Club Med est tombé si bas que Tapie rêve aujourd'hui de mettre la main sur le groupe dont le capital est loin d'être verrouillé. Mais la CDG ambitionne toujours selon la presse de prendre jusqu'à 20% du Club. Pour comprendre l'insistance de la CDG pour le Club Med, il faut se projeter dans la politique voulue par le gouvernement pour doper le tourisme national. Il y a quelques mois, à La Palmeraie, un club haut de gamme de 22 hectares à Marrakech, cette ambition était toujours affichée. Au menu ce jour-là, des huîtres, des fruits de mer et du saumon à volonté. Pourquoi tant de prodigalité ? Henri Giscard d'Estaing est là pour inaugurer … un mini-club pour enfants à l'intérieur même du club. Le mini-club s'adresse non seulement aux enfants des GM (gentils membres), mais aussi, trois fois par semaine, à des gamins de Marrakech. L'événement est jugé suffisamment important pour justifier la présence de Mohamed Boussaid, le ministre marocain du Tourisme et de l'Artisanat. « Le Club Med est très attaché au Maroc. C'est à Agadir que nous y avons construit notre premier village en dur. Dans nos cinq villages, nous accueillons chaque année plus de
110 000 personnes », explique Giscard avant de se féliciter, à plusieurs reprises, de son partenariat avec la CDG. En fait, il est venu convaincre l'institution financière de suivre presque les yeux fermés et la bourse déliée l'augmentation de capital qu'il a lancée pour contrer une éventuelle OPA de Tapie : à hauteur de 10 millions d'euros (un peu plus de 111 millions de DH) et aux actions existantes pour 30 millions (environ 335 millions de DH). Ce qui va se traduire par la montée en puissance de la CDG, celle-ci aura ainsi atteint 13 %, et ce n'est qu'un début…Mais Tapie toujours en embuscade compte sur la baraka de son nom et sa gouaille légendaire pour retourner les autres actionnaires que l'on dit indécis sur la stratégie jugée floue et inconstante de Giscard à qui il voue une inimitié qualifiée de choc de deux mondes. Lui est fils de Président de la République française, impeccable de courtoisie, tandis que l'autre est self-made man qui a su sortir du ruisseau jusqu'à devenir ministre sous Mitterrand. Des noms circulent avec insistance dont le fonds d'investissement GLG et surtout celui de Gérard Augustin-Normand, le patron de…KBL Richelieu Gestion. Tapie frappe fort, il dit avoir acquis 1% du capital flottant de l'entreprise.
Après plusieurs mois de fausses hésitations, le businessman-politique-entertainer prétend avoir ramassé 260.000 actions du Club Med pour la modique somme de 2.5 millions d'euros, et de ce pas affirme avoir engagé une mission de due diligence pour expertiser des comptes et les actifs de sa proie qu'il certifie être opaques. Tapie le bateleur, qui s'oppose à la stratégie visant à orienter le Club Med vers le haut de gamme, précise qu'il ne fera rien avant la publication des résultats de l'exercice 2008-2009 qui sera clos fin octobre.« Mon ambition à partir de maintenant est de comprendre toutes les incohérences tant sur le comportement des actionnaires que de certains chiffres et d'autre part, expliquer à ces actionnaires pourquoi je ne comprends pas la stratégie menée par Henri Giscard d'Estaing » martèle-t-il dans tous les médias. Il explique qu'il ne vise pas à prendre le contrôle du groupe ni à remplacer Giscard, ajoutant toutefois que ce dernier pourrait être amené à revoir sa stratégie si le groupe ne se redressait pas. Contre de tels propos assassins, le Club sort l'artillerie lourde et requiert au parquet de Paris d'ouvrir une enquête préliminaire pour « manipulation en bourse » après une plainte du groupe de loisirs contre Tapie, accusé d'avoir volontairement fait fluctuer le cours du titre de la société en dénigrant sa direction. Le 6 mai, coup de théâtre !
Un capital éclaté redouté
Le Club annonce une augmentation de capital de 102 millions d'euros prégarantie à 75% par des investisseurs alliés. Entre-temps à Rabat, Bakkoury, directeur général de la CDG depuis 2001 est relevé de ses fonctions le 13 juin et remplacé par Anas Alami. 24 Juin 2009, la contre-attaque prend forme. Le Crédit Agricole français qui détient un peu plus de 4% du Club et la famille d'entrepreneurs italiens Benetton (Holding Edizione) entrent au conseil d'administration du Club Med avec des obligations remboursables en actions nouvelles ou existantes (Orane) représentant après conversion plus de 2% du capital. L'éparpillement du capital tant redouté par la CDG s'intensifie, même si ces nouveaux entrants sont à priori des alliés contre les velléités affichées de Tapie pour jouer les trouble-fêtes. A l'issue de l'augmentation de capital, la CDG possède 10,97% du capital du groupe de loisirs, Rolaco Groupe 4,69%, Air France Finance 2%, Crédit Agricole 4,2% et Nippon Life 2,98%. « A mon avis, c'est la dernière étape avant le grand réveil », renchérit Bernard Tapie, évoquant trois hypothèses : « La première, je me suis trompé. Le Club se remet à gagner de l'argent (...). La deuxième : bizarrement alors que les actionnaires ont perdu 80% de leur actif en trois ans, ils continuent de l'accepter. Moi et mon 1% du capital, je la boucle et j'essaie d‘en sortir ». Pour faire changer les choses à la prochaine assemblée générale en mars 2010, Bernard Tapie aurait besoin d'une majorité qui sera très difficile à obtenir, étant donné le niveau du soutien du bloc de 25% proche de la direction. Il devra élaborer une alternative crédible, ce qui semble difficile. La CDG conforte ainsi ses arrières et pourrait comme prévu à terme en posséder entre 12 et 13%, après la conversion de ses Orane. Interrogé sur la question de savoir si la CDG continuerait à soutenir le Club Med, un porte-parole a indiqué à la presse que la caisse « ne souhaite pas répondre dans l'immédiat car Anas Alami est en train de prendre connaissance des différents dossiers ». Depuis, peu d'informations sont communiquées par la direction de la CDG, la Fipar étant de surcroît une société offshore installée dans le zone franche de Tanger. Selon un analyste du tourisme international, pour qui la stratégie actuelle est la seule alternative étant donné le niveau élevé des coûts fixes inhérents à l'activité du groupe et la concurrence féroce sur l'entrée de gamme dans les pays émergents, la tâche ne sera pas aisée pour Bernard Tapie. Et pour la CDG ?
Ghalia Slaoui


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