Le Maroc a établi une forte présence sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, avec 16 éléments reconnus. Voici quelques-uns des éléments du leg marocain les plus emblématiques, du savoir-faire de l'argan et du taskiwin à gnaoua, tbourida, le malhoun et le caftan. DR ‹ › Du savoir-faire ancestral aux pratiques enracinées dans la nature et la culture, le Maroc est fortement présent sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Depuis 2008, le royaume a réussi à inscrire une série d'éléments pour protéger des pratiques culturelles ancestrales et à sensibiliser sur leur importance. À ce jour, le Maroc a enregistré 16 éléments du patrimoine auprès de l'UNESCO, le premier en 2008 et le plus récent tout juste le 10 décembre 2025. La liste couvre un large spectre de la culture : la musique (comme gnaoua et le malhoun), la gastronomie et le savoir-faire culinaire (des traditions de l'argan au régime méditerranéen), et le folklore, y compris la danse taskiwin et tbourida, la fantasia marocaine. Certains de ces éléments sont uniquement marocains, entièrement conçus, pratiqués et transmis dans le pays. D'autres sont partagés avec les nations voisines, comme le régime méditerranéen qui inclut notamment l'Espagne, l'Italie et le Portugal. Il en va de même pour le couscous, un patrimoine partagé entre le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Mauritanie, au cœurs de débats tendus entre Rabat et Alger pendant des années. La calligraphie arabe et le savoir des palmiers dattiers sont également inscrits comme éléments multinationaux, qui concernent le Maroc parmi d'autres pays. Voici un aperçu des traditions marocaines les plus emblématiques inscrites par l'UNESCO, enracinées dans l'histoire et le savoir-faire culturel du royaume. Le savoir-faire de l'argan L'arganier, endémique au Maroc, symbolise des siècles de pratiques liées à la récolte, l'extraction d'huile et les produits artisanaux associés. En 2014, l'UNESCO a accepté la demande du Maroc d'inscrire ce précieux savoir-faire sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Inscrit sous «Argan, pratiques et savoir-faire de l'arganier», ce leg est enraciné dans la réserve de biosphère de l'arganeraie du sud-ouest du Maroc. Dans son dossier, le Maroc a souligné que l'arganier était «central dans la vie culturelle et sociale des communautés locales». Les femmes rurales sont au cœur de ce savoir-faire. Elles sont les gardiennes de cet usage et transmettent leur expertise, par l'imitation et la pratique quotidienne. Le dossier décrit une chaîne de gestes précis, «de la récolte et du séchage du fruit au broyage, au moulinage et au mélange», le tout étant préservé à travers les générations. Toutes les traditions associées, y compris la fabrication de moulins à main et la préparation de plats festifs, «renforcent la cohésion sociale et le respect mutuel entre les communautés». Taskiwin, une danse martiale du Haut Atlas La musique, le mouvement, le rythme et même la chorégraphie traditionnelle ont valu aussi une place pour le Maroc sur les listes de l'UNESCO. En 2017, le Maroc a soumis «Taskiwin, danse martiale du Haut Atlas occidental» pour inclusion au patrimoine culturel immatériel, nécessitant une sauvegarde urgente. La dans taskiwin est décrite comme «martiale spécifique au Haut Atlas occidental». Elle est exécutée avec une corne richement décorée, appelée tiskt. Les danseurs portent également des épaulettes, des pièces d'ornementation inspirées des uniformes militaires, mais dans des versions colorées adaptées au cadre artistique. La danse est centrée sur le rythme. Elle est construite autour de «l'art de secouer les épaules au rythme des tambourins et des flûtes». L'UNESCO a souligné son importance sociale, notant qu'elle «favorise la cohésion et offre un moyen clé de socialisation pour les jeunes». Mais la danse taskiwin est en danger. La nomination précise que la pratique ne survit que dans quelques villages, avec un artisanat lié à ses instruments également en déclin rapide. Gnaoua, une musique de l'âme Du rythme martial au chant spirituel, le patrimoine marocain ne cesse de montrer ses richesses. En décembre 2019, l'UNESCO a accepté la proposition du Maroc d'inscrire gnaoua sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. La nomination a été soumise en septembre 2018. Dans son dossier, le Maroc décrit l'art gnaoua comme «un ensemble d'événements musicaux, de performances, de pratiques fraternelles et de rituels thérapeutiques mêlant le profane au sacré». Il est «avant tout une musique de confrérie soufie» dont les paroles invoquent «les ancêtres et les esprits». Le dossier a également retracé ses profondes racines historiques jusqu'à des communautés formées à travers «l'esclavage et la traite des esclaves datant d'au moins le seizième siècle», des traditions qui aujourd'hui font partie intégrante de «la culture et de l'identité multiforme du Maroc». L'UNESCO a noté le nombre croissant de confréries et de maîtres musiciens gnaoua, soutenus par des festivals à travers le Maroc et à l'étranger. Ces rassemblements permettent aux jeunes artistes d'apprendre «les paroles, les instruments et les rituels liés à la culture gnaoua». Tbourida, parades militaires Le folklore guerrier et la performance équestre ont également leur place dans les traditions culturelles du Maroc. Tbourida, soumise par le royaume en 2019, a été inscrite en 2021. Décrite comme une «performance équestre marocaine datant du seizième siècle», la tbourida réinterprète les parades militaires ancestrales arabo-amazighes. Sous la direction d'un chef, des troupes de 15 à 25 cavaliers exécutent des formations synchronisées. La parade se compose de deux parties principales : - La hadda, un trot suivi d'un «exercice acrobatique d'armes», - La talqa, une galopade collective se terminant par un tir de fusil parfaitement synchronisé «simulant un départ collectif pour la guerre». Les cavaliers portent des tenues traditionnelles, des turbans, de longues robes, des babouches, un petit coran et une épée arabe. Pour leur part, les chevaux sont parés de selles brodées montrant l'identité tribale de la troupe. Malhoun, la poésie chantée En 2023, l'UNESCO a ajouté le malhoun, l'art poétique et musical du Maroc, à sa liste du patrimoine. La nomination a été soumise en 2022. Le malhoun est ancré dans la poésie chantée en arabe dialectal et parfois en hébreu. Il est accompagné du luth, du violon, du rebab et de petits tambours. Ses thèmes vont de l'amour, la spiritualité et la beauté aux questions sociales, la politique, la gastronomie et les voyages imaginaires. L'UNESCO a salué sa force unificatrice, notant qu'en mêlant «chant, théâtralité, métaphore et symbolisme», le malhoun «unit tous les Marocains, quelle que soit leur religion». Aujourd'hui, la transmission se poursuit à travers des maîtres artistes et artisans, mais aussi à travers des conservatoires et des publications qui préservent les textes historiques. Le caftan, le dernier ajout Source de fierté nationale, la plus récente inclusion est le «Caftan marocain : art, traditions et compétences», inscrite en 2025, après une soumission de dossier par le Maroc en 2024. Le dossier décrit le caftan comme «une longue tunique portée par des personnes de tous genres et âges pour des occasions spéciales et des célébrations». Sa création implique des tisserands, des tailleurs et des artisans qui produisent «boutons, galons et broderies». L'UNESCO estime que le caftan est «un élément significatif de la vie communautaire et du patrimoine partagé», marquant le statut social et l'appartenance, tout en créant un écosystème économique significatif pour les artisans marocains.