Le secteur de la pêche nationale, en 2025, révèle une dynamique complexe : une valorisation financière record masque une baisse préoccupante des volumes. Cette tendance, marquée par des disparités régionales entre l'Atlantique et la Méditerranée et une pression accrue sur les stocks, souligne l'urgence d'une transition vers une gestion durable. Selon les données récemment divulguées par l'Office national des pêches (ONP), le secteur halieutique marocain affiche une trajectoire économique nuancée au cours des onze premiers mois de l'année 2025. Avec une valorisation dépassant les 9,57 milliards de dirhams, la pêche côtière et artisanale demeure un pilier stratégique de l'économie nationale, bien que confrontée à des défis structurels majeurs. Ce chiffre, bien qu'impressionnant, invite à une analyse plus fine des dynamiques sous-jacentes qui animent ce secteur vital pour la sécurité alimentaire et l'emploi dans de nombreuses communautés littorales du Royaume. Cette performance financière masque une réalité plus préoccupante sur le plan des volumes. Le poids total des produits débarqués s'établit à 1.048.347 tonnes, enregistrant une contraction significative de 15% comparativement à la même période de l'exercice précédent. Cette divergence entre la valorisation croissante et la diminution des tonnages révèle une mutation profonde du secteur. Elle est caractérisée par une valorisation accrue des espèces halieutiques, potentiellement due à une demande soutenue sur les marchés nationaux et internationaux, et une possible amélioration des prix à la première commercialisation, mais aussi par une pression croissante sur les ressources. Lire aussi : Normes internationales : pourquoi l'alignement du Maroc est désormais un impératif stratégique L'analyse par catégorie d'espèces met en exergue des dynamiques sectorielles disparates. Les coquillages connaissent une progression spectaculaire, avec une augmentation vertigineuse de leur valeur atteignant 1.458%, tandis que les algues et le poisson blanc enregistrent des croissances respectivement de 26% et 8%. À l'inverse, les poissons pélagiques et les céphalopodes subissent des reculs substantiels de 9% et 5%, reflétant probablement les pressions exercées par la surexploitation, les variations saisonnières des stocks halieutiques et l'impact des changements climatiques sur les écosystèmes marins. Sur le plan géographique, la dichotomie entre les façades méditerranéenne et atlantique s'accentue. Les ports méditerranéens enregistrent une trajectoire positive, avec un accroissement de 7% en tonnage et de 3% en valeur, totalisant respectivement 14.346 tonnes et 626,1 millions de dirhams. Cette performance contraste fortement avec le déclin observé sur la façade atlantique, où les débarquements régressent de 15% en poids et de 4% en valeur, atteignant 1.034.001 tonnes et 8,95 milliards de dirhams. Cette dichotomie régionale soulève des interrogations quant à l'équilibre écologique des stocks halieutiques et à l'efficacité des mesures de gestion durable. La prédominance des poissons pélagiques dans les débarquements atlantiques, conjuguée à leur recul, suggère une pression accrue sur ces ressources halieutiques traditionnelles.