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«Mangez le ramadan !»
Publié dans Le temps le 29 - 01 - 2013

Choquer à tous prix, c'est s'attaquer à l'un des piliers fondamentaux de l'identité nationale, le ramadan. El Ghazali a osé !
La mèche rebelle, l'œil torve et l'expression hallucinée, Kacem El Ghazali s'installe tranquillement devant une caméra. Derrière lui, une bibliothèque débordant de livres. Sa façon de dire au monde que, s'étant abreuvé aux sources du savoir temporel, il est désormais en droit d'intenter un procès d'intention au spirituel. Commence alors une attaque en règle contre l'un des cinq piliers de l'Islam, le ramadan. Une tradition que 34 millions de Marocains appellent de leur vœux, attendent chaque année durant avec la ferveur inextinguible d'une piété saine est assumée. Kacem El Ghazali se prévaut d'une identité somme toute classique. Natif de Meknes, il exerce le métier de journaliste en freelance et se présente comme un des porte-voix les plus féroces du mouvement du 20 février. Sur une plateforme communautaire de blogs, intitulée Theatheist (L'athée), il distille sa vision... particulière de la réalité marocaine. Une grille de lecture combinant originalité et iconoclasme.
«Protéger El Ghazali de lui-même»
Dans une vidéo publiée sur son portail, il taille un costard à la nouvelle Constitution. S'inscrivant à rebours de l'opinion populaire, il fustige une charte fondamentale qui, selon lui, est symptomatique non pas d'une avancée démocratique, mais d'une plongée profonde dans le despotisme. Jeune homme frêle au timbre de voix cristallin, il énumère quantité de griefs à l'encontre du pacte sociétal marocain. De prime abord, son discours apparaît solide et argumenté. Cependant, au fil de son soliloque, ses coups de béliers contre l'Islam ne laissent aucun doute quant à son véritable agenda. Kacem El Ghazali souhaite une refonte intégrale de la citoyenneté. Il prône un progressisme compensé d'hérésie. Ce faisant, il prend pour cible un symbole puissantissime. «Nous faisons partie, dit-il, d'un peuple majoritairement musulman, au sein duquel évolue une communauté pacifique de citoyens désireux de s'affranchir du diktat islamique». Et d'ajouter : «Ladite communauté a donc décidé de ne plus jeûner, car le ramadan ne la concerne ni de près ni de loin». Les théories de Kacem El Ghazali trouvent leurs origines dans une enfance trouble. Sur le profil Facebook du jeune prédicateur, on apprend que celui-ci a subi les coups de bâtons d'un Fqih lors de séances de mémorisation du Coran dans un M'sid. Libertaire convaincu, El Ghazali s'érige en pourfendeur des homophobes, des meurtriers et des violeurs. Un psychanalyste r'bati estime que le jeune déjeuneur : «paraît avoir souffert d'une adolescence trouble rythmée par une juxtaposition de valeurs contradictoires». Cet état de fait continue le praticien «résulte sur une anomie à tendance narcissique, le but étant de choquer pour asseoir une reconnaissance, un début de célébrité». De fait, les déclarations d'El Ghazali renvoient à une certaine forme de prosélytisme. Au fil d'un désormais fameux discours posté sur Facebook et Youtube, le pseudo-reporter semble vouloir convaincre que sa voie est celle de la raison. Une gourou-attitude dont le dessein serait éventuellement d'engendrer une communauté, voire des disciples. Docteur en théologie, Mahmoud. R ne s'inquiète nullement d'une hypothétique propagation doctrinale : «El Ghazali, quoi qu'il dise, représente une frange ultra-minoritaire de la société. Son appel à s'alimenter publiquement durant ramadan n'a aucune chance d'aboutir». De fait explique l'érudit, le Marocain lambda, y compris celui qui ne fait pas ses cinq prières quotidiennes, observe doctement le jeûne. Cela, conclut-il, «relève d'un besoin fondamental d'appartenance au groupe, à la nation, voire à la Oumma». Le 13 septembre 2008, le MALI (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles) avait défrayé la chronique en pique-niquant pendant le mois sacré. L'épisode marqua les consciences. Des membres du collectif furent placés en garde à vue en vertu de l'article 222 du Code pénal lequel stipule ce qui suit : «Toute personne notoirement affiliée à l'Islam, qui rompt ostensiblement le jeûne en public durant le ramadan est puni d'un emprisonnement d'un à six mois et d'une amende». Mais, à la différence de MALI, les exhortations d'El Ghazali s'inscrivent dans un rejet caractérisé de l'Islam. Ainsi, dans une note publié sur son blog, le 20 fébrériste déclaré soutient, en anglais, que : «L'Islam ne s'accommode nullement de la liberté de conscience. A ses débuts, cette religion étant encore fragile, elle fit usage d'une rhétorique pacifiste afin d'éviter la répression de Quraish (...) Néanmoins, à peine les musulmans ont-ils acquis une certaine puissance qu'ils choisissent de répandre leur foi par le glaive». Hormis le fait que la vidéo d'El Ghazali ait été visionné plusieurs milliers de fois, il subsiste un doute autour du nombre de ses suivants. De qui, au juste, est-il le porte-parole ? Les membres fondateurs du mouvement du 20 février ne sont pas très diserts sur une quelconque proximité idéologique avec l'impétrant. Toujours est-il qu'ils ne l'excommunient pas non plus de leur cercle. Ce silence est-il synonyme d'un blanc-seing officieux ? «Le risque est grand de voir les conflits entre anti et pro Constitution se transformer en une lutte opposant les laïques à tendance athée et les défenseurs acharnés de l'Islam d'Etat», note un professeur de sociologie à l'Université Al Akhawayn. Avec la montée en puissance de la Tarika Boutchichiya d'un côté et les dérives impies d'un certain chapitre du 20 février, le clash est loin d'être inévitable. Pour le théologien A.B : «Les autorités se doivent de punir El Ghazali, ne serait-ce que pour dissuader d'autres jeunes de l'accompagner dans ses délires et, accessoirement, le protéger de lui-même car, poursuit-il, s'il échappe à la sentence de la justice, il n'échappera pas à la vindicte de la rue...» Un deuxième scénario qui fait froid dans le dos !
Réda Dalil
Il était une fois le MALI
Tout commence le dimanche 13 septembre 2009, quand un groupe d'activistes appartenant au mouvement Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles), qui revendique les libertés individuelles, religieuses et sexuelles, décide de mener une rupture du jeûne collective devant la gare ferroviaire de Mohammedia. Cette action très hasardeuse, considérée comme une atteinte à la foi musulmane, troublant ainsi l'ordre public dans un pays dont la religion d'Etat est l'Islam, a été instiguée par Zineb El Ghzaoui, ancien journaliste au défunt magazine le Journal hebdomadaire. Les suites de cette affaire ne se sont pas trop faites attendre. En effet, 15 personnes ont été poursuivies, le 16 du même mois, par la Cour de première instance de Casablanca et ont été condamnées à des peines allant de un à six mois de prison avec sursis. Rappelons que l'initiative de MALi avaient également suscité un tollé auprès d'une grande frange de la population. Certaines personnes avait même décidé de mener une contre-offensive, s'attaquant aux déjeuneurs. N'eût été l'intervention des forces de l'ordre, les choses auraient pris des tournures fort désagréables. L'histoire risque-t-elle de se répéter avec Kacem El Ghazali ?


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