Lafarge Ciments tient bon. Malgré un paysage de plus en plus concurrentiel et une saturation des capacités de production, qui sera appelée à s'accentuer au vu de l'arrivée (très) prochaine de nouveaux opérateurs dans le secteur, Lafarge conserve tout de même une longueur d'avance sur ses principaux concurrents. Il est en tout cas le leader incontesté du marché du ciment à l'heure actuelle avec une part de marché de 41% loin devant Ciments du Maroc (27%) et Holcim (26%). C'est du moins ce qui ressort de la toute dernière étude réalisée par le département recherche et analyste d'Attijari Intermédiation. La filiale du leader mondial du ciment le mérite bien, faut-il le dire. Sa stratégie axée sur l'investissement tout azimut et sur la réduction des coûts opérationnels s'avère aujourd'hui payante. Il n'y a qu'à voir l'énorme travail qui a été fait au niveau de la réduction des coûts énergétiques pour s'en convaincre. La facture énergétique, élément clé de la compétitivité d'un cimentier, car représentant près de 60% de ses charges variables, a été au centre des prises de décision stratégiques du groupe sur les dix dernières années. “L'extension du parc éolien de 10 MW à 30 MW, l'optimisation du rapport clincker/ciment grâce à une meilleure fiabilité des fours et enfin le doublement du taux d'utilisation des combustibles de substitution ont permis de réduire considérablement la dépendance de Lafarge face aux fluctuations des prix des énergies classiques”, explique l'étude d'Attijari Intermédiation. Résultat des courses : Lafarge est aujourd'hui le cimentier à plus bas coût de revient (401 DH par tonne de ciment produite contre une moyenne de 455 DH pour le secteur !). Les réalisations financières du groupe en 2008 traduisent parfaitement cet état de fait. Sa marge opérationnelle s'est établi à fin 2008 à 53% contre 30% pour Ciments du Maroc et 50% pour Holcim. Lafarge a une marge nette de 34%. Ses concurrents n'en sont en moyenne qu'à 19%. Le groupe dispose aussi d'une assise financière des plus solides : avec un taux d'endettement (gearing) nul, le cimentier dispose d'une force de frappe financière lui permettant de renforcer ses capacités de production, améliorer son outil industriel, et résister à la guerre des prix annoncée pour l'après 2010…