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Le Maroc est-il en train de se réveiller ? Des journalistes nous répondent
Publié dans Lions De l'Atlas le 06 - 02 - 2018

FOOTBALL - Dimanche soir, le Maroc a battu le Nigéria à plates coutures lors de la finale du Championnat d'Afrique des Nations (CHAN 2018).

S'imposant par 4 buts à 0 sur la pelouse du stade Mohammed V à Casablanca, les Lions de l'Atlas ont ajouté un nouveau trophée au tableau du Maroc déjà chargé. Une victoire remarquée par la presse sportive, qui s'est montrée enthousiaste quant aux progrès effectués par le Maroc ces derniers mois. Le royaume est-il en train d'opérer un "sursaut footballistique"? Les journalistes sportifs Amine El Amri (Le Matin), Zineb El Houari (France 24) et Patrick Juillard (Football365 Afrique) nous répondent.
HuffPost Maroc: Quelle analyse faites-vous du match Maroc-Nigéria dimanche soir?
Amine El Amri: C'est un succès complet des hommes de Jamal Sellami. Ils finissent le CHAN avec les meilleurs statistiques et une victoire écrasante sur le Nigéria. Cela faisait 4 décennies que les Marocains attendaient un titre continental en sélection. Il est venu de la meilleure des manières.
Zineb El Houari: 4-0, une victoire plus que méritée. Le Maroc a dominé le jeu dès les premières minutes face à une équipe nigériane solide défensivement en début de rencontre. Les joueurs marocains n'ont pas cédé malgré les tentatives de l'équipe adverse après quinze minutes de jeu, et ils ont fini par ouvrir le score, ce qui les a mis en confiance. Le rythme a ensuite baissé mais le Maroc a gardé la même tactique, jouer en haut, ce qui a fatigué l'adversaire. En infériorité numérique, le Nigéria a montré des faiblesses à la fin de rencontre. Dimanche soir, nous avons vu une équipe forte, composée de joueurs locaux de qualité.
Patrick Juillard: Le Maroc a remporté une victoire éclatante, la plus nette de la jeune histoire du CHAN, dont c'était la cinquième édition. Le Nigeria n'a pour ainsi dire jamais existé, alors que cette équipe présentait avant la finale un bilan similaire à celui du Maroc, avec trois victoires et un match nul. Seul un manque de réussite et de rythme a retardé l'échéance du premier but, intervenu juste avant la pause. Le verrou nigérian avait sauté, il n'y eut plus de match après l'expulsion d'Eneji Moses (48ème). Par la suite, les Lions de l'Atlas ont "déroulé". Symbole de cette finale parfaitement menée, le doublé de Zakaria Hadraf, qui n'avait pas encore marqué jusqu'alors.Ayoub El Kaabi a été encensé par la presse pendant tout le championnat. Est-ce mérité selon vous? Quelles sont ses principales qualités et ses principaux défauts?
Amine El Amri: Ayoub El Kaabi a été meilleur joueur et buteur du tournoi. Il a égalé un record vieux de 44 ans. Il mérite amplement la reconnaissance de tous. C'est un très bon attaquant, qui sait se placer et est doté d'un pied gauche dévastateur. Le plus dur reste à venir. S'il continue le travail avec l'humilité qu'on lui connaît, il a toutes les chances d'avoir sa place en équipe nationale A.
Zineb El Houari: Ayoub El Kaabi est la révélation de ce CHAN 2018. Puissant, rapide et efficace devant les buts (neuf en six matchs), il a brillé durant cette compétition et déjà effacé le précédent record de buts marqués sur une seule édition, détenu par le Zambien Given Singuluma en 2009. C'est le collectif qui prime chez lui, on l'a vu lorsqu'il aidait ses coéquipiers, ce qui est rare pour un attaquant. El Kaabi n'est qu'un exemple de beaucoup de jeunes talents marocains. Il a de très bonnes qualités pour briller ailleurs, mais il ne devrait pas brûler les étapes en quittant tout de suite le championnat marocain.Patrick Juillard: C'est absolument mérité selon moi. Ayoub El Kaabi a pulvérisé le record de buts de Given Singuluma (5 buts), qui tenait depuis la première édition du CHAN. Mieux encore, il n'a eu besoin que de trois matchs pour se hisser au niveau du Zambien. C'est dire l'impact de ce joueur, qui s'est avéré très complet: bon dans le placement, inspiré dans les initiatives, culotté (il n'hésite pas à tenter des gestes acrobatiques) et efficace face au but du pied comme de la tête. Ailier de formation, il n'a pas vraiment de défaut sinon un certain manque d'expérience... que sa participation à ce CHAN 2018 lui a permis de combler en partie. Hervé Renard, qui n'a jamais dédaigné les joueurs locaux dans ses précédentes missions en Afrique (Zambie, Côte d'Ivoire), doit s'en féliciter, lui dont l'effectif n'était pas très fourni en finisseurs.Qualifications au Mondial 2018, victoire du Wydad à la Ligue des Champions d'Afrique, le Maroc vainqueur du CHAN... Ces derniers mois ont été prolifiques pour le royaume. Peut-on parler d'un "sursaut footballistique" du Maroc?
Amine El Amri: Tout le monde espère que ce soit le début d'un cycle. Je pense qu'il y a eu du travail de fond accompli depuis quelques années, dont la cadence s'est accélérée dernièrement. N'oublions pas qu'il y a eu une médaille d'or dans l'épreuve du football aux Jeux de la francophonie. L'intérêt est de perpétuer ce cycle de succès en misant sur les jeunes et donc, le moyen et long terme.
Zineb El Houari: Oui, c'est le grand retour du football marocain sur la scène mondiale. Il y a un vrai travail de fond qui est fait par la fédération marocaine. Le championnat national s'améliore, il faudra être patient mais le travail commence à porter ses fruits. Le CHAN est un bel exemple ainsi que la belle performance du WAC qui a remporté la champions league africaine, ce qui prouve que la formation footballistique s'améliore au Maroc. Sans oublier les infrastructures qui sont meilleures qu'avant. Au point de vue extérieur, on sent une volonté marocaine de devenir une vraie nation de football et ce à quelques mois de désigner le pays qui organisera la Coupe du monde 2026 pour laquelle il est candidat.
Patrick Juillard: Absolument. Commencée par une place de quart de finaliste de la CAN, niveau que le pays n'avait plus atteint depuis 13 ans, terminée par le sacre continental du Wydad, 2017 a remis le Maroc au sommet du football africain. Cette victoire des Lions locaux au CHAN 2018 s'inscrit dans une séquence très porteuse pour le football marocain, dans un pays qui entend faire du sport l'un des vecteurs privilégiés de ses relations diplomatiques et de son rayonnement régional, ainsi qu'en témoigne l'élection du président de la Fédération marocaine (FRMF), Fouzi Lekjaâ, comme représentant de l'Afrique du Nord au sein du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). Il y a un peu plus de trois ans, le Maroc était mis au ban pour avoir refusé d'accueillir la CAN 2015 sur son sol à la date prévue, aujourd'hui le pays est candidat à l'organisation du Mondial 2026. C'est dire si les temps ont changé pour le royaume.Cela fait deux ans qu'Hervé Renard entraîne les Lions de l'Atlas. Peut-on parler d'un avant Hervé Renard et d'un après? Qu'est-ce qui a changé pour l'équipe marocaine ces deux dernières années?
Amine El Amri: C'est manifeste. Je pense que le choix d'Hervé Renard a été bénéfique pour tous. Depuis deux ans, il s'applique à créer un esprit de groupe. Ça a commencé à se concrétiser lors de la CAN 2017 et la cohésion autour d'un objectif commun a rendu la qualification à la Coupe du monde possible.
Zineb El Houari: Depuis l'arrivée de Hervé Renard, l'équipe nationale marocaine s'est transformée. Il a su former un groupe solide, mettre les joueurs en confiance. Son expérience et sa maîtrise du football africain ont permis à Renard de rassembler les meilleurs joueurs internationaux et les adapter à sa méthode tactique. Son rapport avec ses joueurs a changé l'esprit d'équipe. Aujourd'hui, on voit un groupe collectif avec une défense en fer.
Patrick Juillard: L'effet Hervé Renard a été incontestable, mesurable dans les résultats comme dans l'état d'esprit. Sous la direction du technicien français, le Maroc s'est remis à gagner et a retrouvé ce que l'équipe avait perdu au fil des ans: un jeu collectif sans faille. Hervé Renard a reconstruit l'équipe nationale marocaine en commençant par sa défense, avec l'incorporation de Romain Saïss aux côtés de Mehdi Benatia. Il a également su canaliser les talents dont le Maroc n'a jamais manqué au milieu de terrain. Les Lions de l'Atlas comptent aujourd'hui autant (sinon plus) sur leurs vertus collectives que sur leurs qualités individuelles. Là se situe sans doute la plus grande victoire d'Hervé Renard.Croyez-vous aux chances du Maroc de faire, en 2018 en Russie, mieux qu'en 1986 au Mexique?
Amine El Amri: Le football est magique parce qu'il laisse une marge considérable à l'espoir et à la volonté. Ce sera dur contre l'Iran, le Portugal et l'Espagne. Je suis pourtant très confiant sur le fait que les joueurs seront prêts le moment venu.
Zineb El Houari: L'équipe marocaine nationale actuelle est aussi solide que celle de 1986. Renard a tous les ingrédients pour faire de belles choses durant cette édition. Il est vrai que le Maroc jouera contre des adversaires difficiles, le Portugal et l'Espagne que tout le monde voulait éviter, et l'Iran que l'on connaît moins. Mais dans ce genre de compétitions, il n'y a pas d'équipe favorite car tout le monde veut gagner. À noter également que notre groupe est composé de grands joueurs internationaux qui évoluent dans les meilleurs championnats européens à l'image de Mehdi Benatia et ils connaissent la majorité des joueurs adverses. Notre défense était la meilleure de toutes les zones de qualification. Aujourd'hui, le Maroc a toutes ses chances pour briller en Russie en juin prochain.
Patrick Juillard: Le Maroc a selon moi les moyens de faire au moins aussi bien. Il faudra pour cela aux Lions de l'Atlas sortir d'un groupe assez relevé, qui les verra affronter l'Iran, le Portugal et enfin l'Espagne. La difficulté ira crescendo pour les hommes d'Hervé Renard. Si le Maroc ne se loupe pas d'entrée face à l'Iran, équipe a priori la plus faible du lot, puis arrive à faire un résultat face aux Portugais, champions d'Europe en titre, la qualification ne devrait pas être loin.
S'imposant par 4 buts à 0 sur la pelouse du stade Mohammed V à Casablanca, les Lions de l'Atlas ont ajouté un nouveau trophée au tableau du Maroc déjà chargé. Une victoire remarquée par la presse sportive, qui s'est montrée enthousiaste quant aux progrès effectués par le Maroc ces derniers mois. Le royaume est-il en train d'opérer un "sursaut footballistique"? Les journalistes sportifs Amine El Amri (Le Matin), Zineb El Houari (France 24) et Patrick Juillard (Football365 Afrique) nous répondent.
HuffPost Maroc: Quelle analyse faites-vous du match Maroc-Nigéria dimanche soir?
Amine El Amri: C'est un succès complet des hommes de Jamal Sellami. Ils finissent le CHAN avec les meilleurs statistiques et une victoire écrasante sur le Nigéria. Cela faisait 4 décennies que les Marocains attendaient un titre continental en sélection. Il est venu de la meilleure des manières.
Zineb El Houari: 4-0, une victoire plus que méritée. Le Maroc a dominé le jeu dès les premières minutes face à une équipe nigériane solide défensivement en début de rencontre. Les joueurs marocains n'ont pas cédé malgré les tentatives de l'équipe adverse après quinze minutes de jeu, et ils ont fini par ouvrir le score, ce qui les a mis en confiance. Le rythme a ensuite baissé mais le Maroc a gardé la même tactique, jouer en haut, ce qui a fatigué l'adversaire. En infériorité numérique, le Nigéria a montré des faiblesses à la fin de rencontre. Dimanche soir, nous avons vu une équipe forte, composée de joueurs locaux de qualité.
Patrick Juillard: Le Maroc a remporté une victoire éclatante, la plus nette de la jeune histoire du CHAN, dont c'était la cinquième édition. Le Nigeria n'a pour ainsi dire jamais existé, alors que cette équipe présentait avant la finale un bilan similaire à celui du Maroc, avec trois victoires et un match nul. Seul un manque de réussite et de rythme a retardé l'échéance du premier but, intervenu juste avant la pause. Le verrou nigérian avait sauté, il n'y eut plus de match après l'expulsion d'Eneji Moses (48ème). Par la suite, les Lions de l'Atlas ont "déroulé". Symbole de cette finale parfaitement menée, le doublé de Zakaria Hadraf, qui n'avait pas encore marqué jusqu'alors.Ayoub El Kaabi a été encensé par la presse pendant tout le championnat. Est-ce mérité selon vous? Quelles sont ses principales qualités et ses principaux défauts?
Amine El Amri: Ayoub El Kaabi a été meilleur joueur et buteur du tournoi. Il a égalé un record vieux de 44 ans. Il mérite amplement la reconnaissance de tous. C'est un très bon attaquant, qui sait se placer et est doté d'un pied gauche dévastateur. Le plus dur reste à venir. S'il continue le travail avec l'humilité qu'on lui connaît, il a toutes les chances d'avoir sa place en équipe nationale A.
Zineb El Houari: Ayoub El Kaabi est la révélation de ce CHAN 2018. Puissant, rapide et efficace devant les buts (neuf en six matchs), il a brillé durant cette compétition et déjà effacé le précédent record de buts marqués sur une seule édition, détenu par le Zambien Given Singuluma en 2009. C'est le collectif qui prime chez lui, on l'a vu lorsqu'il aidait ses coéquipiers, ce qui est rare pour un attaquant. El Kaabi n'est qu'un exemple de beaucoup de jeunes talents marocains. Il a de très bonnes qualités pour briller ailleurs, mais il ne devrait pas brûler les étapes en quittant tout de suite le championnat marocain.Patrick Juillard: C'est absolument mérité selon moi. Ayoub El Kaabi a pulvérisé le record de buts de Given Singuluma (5 buts), qui tenait depuis la première édition du CHAN. Mieux encore, il n'a eu besoin que de trois matchs pour se hisser au niveau du Zambien. C'est dire l'impact de ce joueur, qui s'est avéré très complet: bon dans le placement, inspiré dans les initiatives, culotté (il n'hésite pas à tenter des gestes acrobatiques) et efficace face au but du pied comme de la tête. Ailier de formation, il n'a pas vraiment de défaut sinon un certain manque d'expérience... que sa participation à ce CHAN 2018 lui a permis de combler en partie. Hervé Renard, qui n'a jamais dédaigné les joueurs locaux dans ses précédentes missions en Afrique (Zambie, Côte d'Ivoire), doit s'en féliciter, lui dont l'effectif n'était pas très fourni en finisseurs.Qualifications au Mondial 2018, victoire du Wydad à la Ligue des Champions d'Afrique, le Maroc vainqueur du CHAN... Ces derniers mois ont été prolifiques pour le royaume. Peut-on parler d'un "sursaut footballistique" du Maroc?
Amine El Amri: Tout le monde espère que ce soit le début d'un cycle. Je pense qu'il y a eu du travail de fond accompli depuis quelques années, dont la cadence s'est accélérée dernièrement. N'oublions pas qu'il y a eu une médaille d'or dans l'épreuve du football aux Jeux de la francophonie. L'intérêt est de perpétuer ce cycle de succès en misant sur les jeunes et donc, le moyen et long terme.
Zineb El Houari: Oui, c'est le grand retour du football marocain sur la scène mondiale. Il y a un vrai travail de fond qui est fait par la fédération marocaine. Le championnat national s'améliore, il faudra être patient mais le travail commence à porter ses fruits. Le CHAN est un bel exemple ainsi que la belle performance du WAC qui a remporté la champions league africaine, ce qui prouve que la formation footballistique s'améliore au Maroc. Sans oublier les infrastructures qui sont meilleures qu'avant. Au point de vue extérieur, on sent une volonté marocaine de devenir une vraie nation de football et ce à quelques mois de désigner le pays qui organisera la Coupe du monde 2026 pour laquelle il est candidat.
Patrick Juillard: Absolument. Commencée par une place de quart de finaliste de la CAN, niveau que le pays n'avait plus atteint depuis 13 ans, terminée par le sacre continental du Wydad, 2017 a remis le Maroc au sommet du football africain. Cette victoire des Lions locaux au CHAN 2018 s'inscrit dans une séquence très porteuse pour le football marocain, dans un pays qui entend faire du sport l'un des vecteurs privilégiés de ses relations diplomatiques et de son rayonnement régional, ainsi qu'en témoigne l'élection du président de la Fédération marocaine (FRMF), Fouzi Lekjaâ, comme représentant de l'Afrique du Nord au sein du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). Il y a un peu plus de trois ans, le Maroc était mis au ban pour avoir refusé d'accueillir la CAN 2015 sur son sol à la date prévue, aujourd'hui le pays est candidat à l'organisation du Mondial 2026. C'est dire si les temps ont changé pour le royaume.Cela fait deux ans qu'Hervé Renard entraîne les Lions de l'Atlas. Peut-on parler d'un avant Hervé Renard et d'un après? Qu'est-ce qui a changé pour l'équipe marocaine ces deux dernières années?
Amine El Amri: C'est manifeste. Je pense que le choix d'Hervé Renard a été bénéfique pour tous. Depuis deux ans, il s'applique à créer un esprit de groupe. Ça a commencé à se concrétiser lors de la CAN 2017 et la cohésion autour d'un objectif commun a rendu la qualification à la Coupe du monde possible.
Zineb El Houari: Depuis l'arrivée de Hervé Renard, l'équipe nationale marocaine s'est transformée. Il a su former un groupe solide, mettre les joueurs en confiance. Son expérience et sa maîtrise du football africain ont permis à Renard de rassembler les meilleurs joueurs internationaux et les adapter à sa méthode tactique. Son rapport avec ses joueurs a changé l'esprit d'équipe. Aujourd'hui, on voit un groupe collectif avec une défense en fer.
Patrick Juillard: L'effet Hervé Renard a été incontestable, mesurable dans les résultats comme dans l'état d'esprit. Sous la direction du technicien français, le Maroc s'est remis à gagner et a retrouvé ce que l'équipe avait perdu au fil des ans: un jeu collectif sans faille. Hervé Renard a reconstruit l'équipe nationale marocaine en commençant par sa défense, avec l'incorporation de Romain Saïss aux côtés de Mehdi Benatia. Il a également su canaliser les talents dont le Maroc n'a jamais manqué au milieu de terrain. Les Lions de l'Atlas comptent aujourd'hui autant (sinon plus) sur leurs vertus collectives que sur leurs qualités individuelles. Là se situe sans doute la plus grande victoire d'Hervé Renard.Croyez-vous aux chances du Maroc de faire, en 2018 en Russie, mieux qu'en 1986 au Mexique?
Amine El Amri: Le football est magique parce qu'il laisse une marge considérable à l'espoir et à la volonté. Ce sera dur contre l'Iran, le Portugal et l'Espagne. Je suis pourtant très confiant sur le fait que les joueurs seront prêts le moment venu.
Zineb El Houari: L'équipe marocaine nationale actuelle est aussi solide que celle de 1986. Renard a tous les ingrédients pour faire de belles choses durant cette édition. Il est vrai que le Maroc jouera contre des adversaires difficiles, le Portugal et l'Espagne que tout le monde voulait éviter, et l'Iran que l'on connaît moins. Mais dans ce genre de compétitions, il n'y a pas d'équipe favorite car tout le monde veut gagner. À noter également que notre groupe est composé de grands joueurs internationaux qui évoluent dans les meilleurs championnats européens à l'image de Mehdi Benatia et ils connaissent la majorité des joueurs adverses. Notre défense était la meilleure de toutes les zones de qualification. Aujourd'hui, le Maroc a toutes ses chances pour briller en Russie en juin prochain.
Patrick Juillard: Le Maroc a selon moi les moyens de faire au moins aussi bien. Il faudra pour cela aux Lions de l'Atlas sortir d'un groupe assez relevé, qui les verra affronter l'Iran, le Portugal et enfin l'Espagne. La difficulté ira crescendo pour les hommes d'Hervé Renard. Si le Maroc ne se loupe pas d'entrée face à l'Iran, équipe a priori la plus faible du lot, puis arrive à faire un résultat face aux Portugais, champions d'Europe en titre, la qualification ne devrait pas être loin.


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