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Bantunani « Casablanca est la capitale majeure d'une Afrique qui réussit »
Publié dans L'observateur du Maroc le 16 - 11 - 2020

Deux ans après le succès de Moonkinjazz, l'artiste franco-congolais qui a élu domicile à Casablanca revient avec un nouvel opus Perspectives, dont la sortie est prévue en mars 2021 et dont deux singles « Casablanca, Sunday can wait » et « Aisha Kandisha » ont été tournés au Maroc. Un groove afro funky teinté d'électro soul qui vous emporte dans des tourbillons discos sous l'œil maternel de la basse, omniprésente, qui fait vibrer le cœur et trembler le corps.

En ces temps maussades, Michel Nzau Vuanda, alias Bantunani, s'extirpe de son confinement musical avec un nouvel opus qui nous plonge à la recherche du temps perdu où chacun des 15 titres est comme une pause pensive. À l'ombre des romances du passé, le dandy dansant et parrain de la Nu Rumba, -courant musical fondé sur une trinité philosophique : « Je pense, je danse, donc je suis » -, chante et murmure une profonde nostalgie balancée d'une heureuse mélancolie, attentive au présent, en attente de l'avenir.
Adepte du groove des sens, ce mélomane philosophe et afropolitain convaincu envisage avec ce nouvel album l'avenir et ouvre de nouvelles perspectives. Le chanteur, auteur et compositeur qui a plusieurs cordes à son arc brasse les styles, des teintes de la palette qu'il épuise en dégradés et mélanges. Cette perspective devient alors une invitation spirituelle qui passe par l'envol de l'âme pour toucher au plus près la matière, la vie.
Chaque titre parle avec sa propre identité, sa propre thématique qu'il puise dans l'observation du monde ou des mondes sous le prisme du groove trotteur. Le romantisme n'est plus, le monde se décompose et devient terne dans ses excès de violence et d'injustice. L'artiste s'interroge sur notre capacité à l'émerveillement, comme dans le titre « Another Place » qui est un hymne à l'enfance et à l'affection maternelle.


« Perspectives », un album en plein confinement ?
Oui, c'était pour moi une occasion de s'interroger dans cette entre pause : « quelle perspective l'artiste a en ces temps de crise ? ». C'est un peu ma perspective en tant qu'artiste, deux ans après mon album Moonkinjazz.
« Casablanca, sunday can wait » est une déclaration d'amour à une ville que vous affectionnez particulièrement ?
Vous savez, tomber amoureux d'une ville, c'est comme tomber amoureux d'une femme, on ne sait pas pourquoi ni comment. Mais il y a une passion entre moi et Casablanca que je ne saurais expliquer. Pendant le confinement, je me trouvais à Casablanca et j'ai vu cette ville animée et ultra dynamique s'arrêter d'un coup, et c'est ce qui a inspiré l'écriture de ce morceau. Sur les traces d'Humphrey Bogart, on plonge dans un étrange swing macabre et une solitude nocturne où la mort se cache. ‘sunday can wait' veut dire que dimanche peut attendre, tout comme la mort d'ailleurs, pour me laisser vivre mes dernières errances.

Le clip a été tourné à Casablanca ?
Oui, ce clip exprime le tournant que je veux opérer dans ma musique, à savoir ouvrir en douceur les portes, proposer de nouveaux horizons. Cette ville m'a accueilli les bras ouverts en 2019, et depuis, on partage une certaine romance. En Afropolitain, Casablanca est pour moi la capitale majeure de cette Afrique qui réussit. Le Maroc est un pays exemple en Afrique car il conjugue à la fois l'infrastructure occidentale et la qualité de vie africaine.

Le clip est assez sombre, l'ambiance est triste, c'est un peu une ville qui se meurt ?
Oui, cette atmosphère est voulue, il y a des idées de mélancolie, d'agonie, à l'image de ce DJ qui monte, qui nous oublie, à qui on a coupé la tête...J'aime faire des choses spontanées et à la fois cinématographiques, et comme beaucoup de musiciens, je suis un homme de la nuit, donc, ne plus avoir de nuit, c'est ne plus avoir d'existence.

Dans « Rising song » (la chanson du lever), vous avez collaboré avec maâlem Abdenabbi Meknassi ?



Oui, d'ailleurs, il est devenu un ami depuis et je crois que je vis un conte de fées avec le Maroc. Je voulais collaborer avec les Gnaouas mais pas à la façon des fusions faites par les autres musiciens internationaux. J'ai toujours entendu parler de Aicha Kandisha, de la musique Gnaoua, des couleurs, de la transe, ... Il y a une connivence qui s'est opérée entre lui et moi, une sorte de rapport qui s'est installé entre le vieux, le maâlem qu'il est, et l'élève que je suis, Deux titres sont nés de cette collaboration : « Rising Song » et « Aicha Kandisha ».

Réussir une fusion, ce n'est pas une mince affaire. Comment avez-vous procédé ?
Je suis aussi producteur, donc je sais associer les artistes, j'avais une idée bien précise du son Pop que je voulais. J'aime que la chanson contienne des paroles simples, et dont on retient les mélodies. Même si la mécanique musicale est très compliquée, il faut que le message populaire soit fort. « Rising Song » par exemple est un morceau qui est sorti au moment où la France s'empêtrait dans des problèmes d'islamo-franco français. Malheureusement, on vit dans un monde où on s'ignore, où on ne connait pas l'autre ! Ce morceau inspiré du film « Le destin » de Youssef Chahine est tombé à point, parce qu'il montre que l'amitié existe entre les peuples, et ce sont les dirigeants qui, des fois, empêchent cette paix-là. Il faut se soulever, et se transformer en oiseau pour dépasser les barrières, au-delà de toutes frontières.

Comment expliquez-vous votre attirance pour « Aicha Kandisha » ?
Je ne sais pas si j'ai cherché Aicha Kandicha ou si c'est elle qui m'a trouvé ? je voulais écrire une chanson sur la légende Kandicha mais pas dans le sens de la femme possédée ou la femme possédante mais plutôt en termes de Jeanne d'Arc. J'étais plus intéressé par la résistante que par la comtesse, par l'image d'un Maroc qui a résisté aux Portugais. Je voulais montrer qu'il y a une similitude entre la légende Aicha Kandicha et la divinité Mamie Watta au Congo ; la légende est mondiale, mais au Maroc, elle a été mise en musique grâce aux Gnaouas, et donc, tout le côté un peu sombre, – vaudou pour le Congo et mystique pour la musique Gnaoua – , m'envoyait à cette image de la femme fatale, dangereuse.

Qu'est-ce qui vous séduit dans la musique Gnaoua ?

C'est la musique noire, la présence de l'Afrique noire au Maroc. C'est le même groove que je produis avec ma basse, ma guitare, cette transe que je trouve en scène, je la trouvais aussi dans les « Lilas » chez les Gnaouas. Dans un Maroc métisse et arc en ciel qui s'interroge parfois sur son identité occidentale, méditerranéenne et subsaharienne,... voilà une des réponses.


Le guembri c'est l'ancêtre de la basse ?
Exactement, si on regarde les musiques tribales au Congo, il n'y rien de nouveau. Les lilas et les transes des Gnaouas ressemblent aux veillées qu'on animait dans le Congo profond. La musique apporte beaucoup de réponses là où l'homme s'oublie. La musique est universelle, j'ai toujours un mal fou à dire « Dieu » parce que je crois que la musique c'est cela. Du côté lyrique, Dieu est là !

Pensez-vous vraiment que la musique peut changer les choses là où les politiques échouent ?
Oui, c'est facile comme message, combien de chansons il y a eu sur la paix et la guerre est toujours présente. Néanmoins, aujourd'hui, il y a des artistes qui ne disent plus rien ! la musique aujourd'hui est vide de sens, on parle de réussite, de matérialisme, de blingbling, on inculque de mauvaises valeurs à la jeunesse. L'Art est la solution ultime à l'Homme et on ne peut pas vivre sans utopies ni perspectives. Il faut que les artistes se dirigent vers du sens, du texte, à l'image de Bob Marley, ou Bob Dylan ; aujourd'hui, en écoutant la radio, les chansons ne véhiculent aucun message. Il faut écrire des chansons où on peut lever le poing à l'image de mon titre « Francophonie », ce modèle un peu ethnocentrique français qui n'a pas tenu sa promesse et n'a pas servi les peuples. Il faut donc garder foi en la chanson mais il faut que les artistes portent des voix vers la consistance.

Quel est le message de « Perspectives » ?

Au-delà du sens personnel où s'entrepose l'idée de la mort, de la vieillesse, et l'usure, il y a l'importance de la consistance, de la matière et la paix est une matière qu'il faut exploiter et projeter violemment. Il faut que l'artiste cogne, il faut croire en l'Afrique, en cette perspective panafricaine. Je crois que le Maroc est le pays moteur de ce centre panafricain, la grande Afrique est possible avec des Africains. « Rising song » rappelle que chaque individu doit se lever tel un oiseau et briser les barrières (économiques et religieuses).

La scène c'est très important pour vous ?
Oui, actuellement, mon seul problème c'est l'absence de scène. Il y deux choses qui me nourrissent, l'écriture et la scène. Le fait de pouvoir improviser, décomposer ce qui a été composé en studio. La scène pour moi, c'est cela, je décompose les musiques, je les rends vivantes, tel l'esprit des jam sessions en Jazz, ...pas le jazz feutré que l'on présente sans odeurs. La scène c'est une drogue pour moi, je suis très mal aujourd'hui. J'ai besoin de m'affronter au public, ça me manque.

Justement, l'Art en général est à l'agonie en ce moment ?

Oui, le sous-titre de mon nouvel album c'est : « Grimasse et misère », et la vie d'artiste n'est que ça : Grimasse et misère. Jamais la musique n'a été aussi diffusée et « streaminguée », et pourtant, nous n'avons que des pacotilles. On pense qu'avec l'avènement d'internet, la musique est gratuite, c'est cela le problème, on oublie que derrière, il y a des vies, des investissements, des implications, beaucoup de travail et énormément de musiciens.

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