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EPARGNE: Les crédits changent les Chinois
Publié dans L'observateur du Maroc le 12 - 09 - 2013

Par Simon Rabinovitch à Shanghai
Quelques années après avoir terminé ses études universitaires, Jack Dai a pensé qu'il était au summum du succès d'un jeune homme chinois: un poste de fonctionnaire, un appartement et une épouse. Mais il n'avait pas pris en considération un facteur supplémentaire, moins visible à la surface, qui a créé un fossé entre lui-même et sa conception du bien-vivre. Pour acheter son appartement à Shanghai, M. Dai, 30 ans, a contracté un lourd crédit immobilier. Les remboursements mensuels avalent pratiquement la moitié de son salaire. En plus du reste des dépenses du chinois de la classe moyenne : vacances à l'étranger, shopping touristique, fi lms et restaurants, etc… M. Dai est encerclé par les dépenses « tous les deux mois, j'ai du mal à régler le solde de mes cartes de crédit. Je n'arrive pas à économiser un sou », soupire-t-il. L' expérience de ce jeune cadre, n'étant point une exception dans le monde occidental, représente un changement radical dans le comportement d'épargne en Chine.
La génération précédente, celle des parents de M. Dai, était connue pour ses prouesses en termes d'épargne. Les souvenirs d'une enfance démunie de l'ère maoïste l'a amenée à mettre de côté le plus net de leurs revenus même pendant les périodes de grandes fortunes suite à la croissance économique rapide qu'a connue la Chine depuis les années 1980. Mais les jeunes citadins chinois qui sont entrés dans le marché du travail au cours de la dernière décennie ont grandi dans une période d'abondance, et leurs opinions sur l'épargne et les dépenses ressemblent très peu à celles de leurs parents. Leur volonté d'emprunter aujourd'hui et ne se soucier du remboursement que le lendemain est en passe de remodeler la dynamique de la dette en Chine. Parmi les trois types de dette – la dette publique, celles des entreprises, et des ménages – cette dernière est à peine perçue comme un risque en Chine. L'endettement des ménages représente environ Rmb15trillions (2.5 trillions $), soit un tiers du produit intérieur brut, selon RBS. C'est à peu près la moitié de la dette publique et un quart de la dette d'entreprises.
Pourtant, ce cliché manque les changements dramatiques en cours de réalisation. Le stock de la dette des ménages a triplé au cours des cinq dernières années. La dette moyenne est passée de 30% du revenu disponible en 2008 à 50% d'ici la fi n 2011, selon l'Institut Peterson d'économie internationale. La Chine a encore un long chemin à faire pour rattraper les niveaux d'endettement des particuliers aux Etats- Unis ou en Europe – où elle dépasse 100% du revenu. «A mon avis, si on peut obtenir un prêt, on devrait le prendre», soutient Ray Chang, 29 ans, inspecteur de navires dans le port de Shanghai. «La valeur de l'argent diminue en raison de l'infl ation, il serait donc logique de le dépenser aujourd'hui et de le rembourser plus tard ». Sirotant un mochaccino lors d'une pause de son cours d'anglais du dimanche (payé par carte de crédit), le joyeux M. Chang était sûr qu'il avait ses fi nances sous contrôle. Il n'avait omis de régler à temps ses factures par carte de crédit qu'une seule fois, après une série de shopping frénétique à Hong Kong où il a dépensé RMB15,000 ($ 2,450) – plus de son salaire mensuel – pour une montre Longines.
«Un homme a besoin d'une belle montre», dit-il. La plus grosse dépense pour les jeunes chinois reste de loin l'achat de leur logement, vu que l'accès à la propriété est largement considéré comme une condition sine qua non pour le mariage. Près de 90% des chinois sont propriétaires de leur logement, a constaté une enquête menée par l'Université Southwestern des Finances et de l'Economie, par rapport à une moyenne mondiale de 63%. Le gouvernement dispose de règles strictes pour limiter la dette contractée pour l'achat d'un logement. Les acheteurs de logement doivent régler au moins 30% en espèce de la valeur totale du prêt en numéraire pour obtenir un crédit immobilier. Une démarche beaucoup moins risquée qu'aux Etats-Unis avant la crise des subprimes où les crédits à zéro acompte étaient très répandus. Mais il est rare que les nouveaux cadres chinois engagent autant d'argent. Dai et Chang comptent évidemment sur leurs parents pour l'ensemble de leurs acomptes. En plus d'impliquer leurs aînés, les Chinois ont développé une tendance croissante pour l'octroi de prêts.
Les banques se lancent dans le crédit à la consommation, des petites sociétés de crédits ont pris leur envol, ainsi que les prêts entre particulier online. La banque centrale a affi rmé que le secteur des petits crédits a pompé plus de Rmb700 milliards en crédit, soit dix fois plus depuis 2009. Les organismes de réglementation ont jusqu'ici été tolérants dans leur encouragement du développement de ces nouvelles plates-formes de crédits. Ils espèrent que la hausse du crédit à la consommation aidera à sevrer l'économie chinoise de sa dépendance à l'investissement et à faire de la consommation un plus grand moteur de la croissance. «C'est comme le Far West», indique Roger Ying, qui a fondé le site Pandai l'an dernier, l'un des 200 websites de crédits peer-to-peer (entre particuliers) établis depuis 2007. Ces sites permettent aux particuliers disposant de fonds de prêter à d'autres qui en ont besoin, que ce soit pour l'achat d'un ordinateur ou d'une voiture, ou simplement pour l'octroi d'un capital supplémentaire. «Le crédit à la consommation pourrait devenir une bulle. Les gens accordent des prêts imprudents », a déclaré M. Ying.
Les taux des prêts annualisés ont atteint en moyenne environ 15% dans le secteur des petits prêts, soit deux fois plus les taux des prêts bancaires de référence. Diplômé de l'Université de Stanford aux Etats-Unis, M. Ying a mis au point un système qui permet de déduire une petite somme de chaque transaction afi n de créer un fonds d'assurance au cas où un emprunteur se trouve dans l'incapacité de rembourser un prêt. Bien que les taux de défaillance soient encore faibles, soit à peu près 1% du total des dossiers de crédits, ils commencent pourtant à augmenter. Les différends sur les défauts de paiement peuvent se retrouver dans les tribunaux, mais le système chinois a du mal à exécuter les jugements. Donc, pour les cas diffi ciles, certains prêteurs se tournent plutôt vers les agences de recouvrement, comme celle dirigée par Wang Taifu, rattachée à un bureau d'avocats dans la banlieue de Shanghai. Il recevait à l'époque un ou deux dossiers par jour. A présent, il en reçoit cinq ou six. Son diplôme de droit en poche, vêtu d'une chemise à manches courtes et des lunettes percées, M. Wang n'a pas l'air d'un grand sévère. Mais il les emploie. « Si on veut collecter la dette en Chine, il faut être dur. Il faut pousser les gens. Ma spécialité, c'est de faire tout cela dans les limites de la loi ».
Il refuse de divulguer ses techniques, à part dire qu'il envoie généralement quatre personnes pour collecter l'argent et, contrairement à certains concurrents, il ne ramasse pas les débiteurs dans une camionnette pour les conduire à la campagne et les inonder dans l'eau froide. Heureusement, peu de Chinois ont vu une agence de recouvrement frapper à leur porte. Mais beaucoup d'entre eux sont confrontés à un challenge tout aussi étrange, même si un peu moins éprouvant pour les nerfs : le défi du ralentissement de la croissance. M. Dai ainsi que M. Chang avaient prévu que la situation ne pourrait que s'améliorer, avec des salaires en constante augmentation. Mais le gouvernement a gelé le salaire de M. Dai, tandis que l'entreprise de M. Chang a supprimé le sien au cours de cette année. A travers toute la Chine, les revenus des cols blancs augmentent à leur plus faible taux depuis la crise fi nancière. La réaction de M. Dai fût de quitter la stabilité d'une carrière dans la fonction publique, pour un avenir plus incertain mais potentiellement plus lucratif dans une compagnie d'assurance. M. Chang ne change pas d'emplois. En fait, il reste imperturbable dans son optimisme. Après avoir vu son appartement actuel augmenter en valeur, il pense acquérir un logement plus spacieux. L'accompte sera de nouveau hors de sa portée et va même s'étendre aux économies de ses parents. Mais il a pensé à une solution. «Nous pouvons utiliser la maison de mes parents comme garantie pour obtenir un prêt »


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