Séisme d'Al-Haouz: A Marrakech, l'opération de reconstruction continue    Le Roi Mohammed VI félicite le président Lula à l'occasion de la fête national brésilienne    Algérie : Quand le régime se dévore lui-même, Nadir Larbaoui sous ISTN    F1: Max Verstappen remporte le Grand Prix d'Italie    Voici la hauteur des pluies enregistrées ces dernières 24H    Obésité au Maroc : un fléau en progression, surtout chez les femmes    Sommet Afrique-CARICOM : L'Initiative Royale atlantique mise en avant    Maroc–Brésil, acte II : la revanche se prépare pour novembre ?    El Rey Mohammed VI felicita al Presidente de Brasil por el Día Nacional    82e Mostra de Venise : «Calle Malaga» de Maryam Touzani remporte le prix du public    Automobile: Porsche écarte toute production aux Etats-Unis malgré les droits de douane    El Polisario cede terreno en sus principales reivindicaciones    Le Roi Mohammed VI adresse ses félicitations au Président brésilien pour la fête nationale    Le PJD exige une enquête après la contamination inquiétante des puits de la plaine d'Angad    ONU: Hilale conclut avec succès la négociation de la déclaration politique du deuxième Sommet social prévu à Doha    Munir El Haddadi signe son premier contrat hors d'Espagne, direction l'Iran    Le Maroc voit rebondir de 85 % ses importations de cuivre russe au premier semestre 2025    Royaume-Uni : Le métro londonien en grève, une première depuis 2023    La liberté de Nasser Zefzafi : une victoire pour l'unité du Maroc et un revers pour les manœuvres extérieures    Trump signe un décret renommant le département de la Défense en « ministère de la Guerre »    Températures prévues pour le lundi 08 septembre 2025    Casablanca: Interpellation de 6 individus pour leur lien présumé à un braquage à main armée en France    Avons-nous déjà été humains ?    CDC Afrique alerte sur la persistance du choléra comme menace majeure    Sidi Bennour: Lancement des fouilles archéologiques sur le site de l'ancienne cité de "Mouchtraya"    Zambie – Maroc : Arbitrage, heure et chaines    Le Premier ministre japonais annonce sa démission après une crise politique    Afro Basket U16 Rwanda 25 : Cet après-midi, les Lionceaux face à un Mali diminué    Botola Pro D1 25-26 : Le programme des J1 et J2 dévoilé    Prépa CDM U17 Qatar 25 : Les Lionceaux battus par l'Angleterre    Le Polisario lâche du lest sur ses revendications phares    Al Mada et CNGR concluent un financement vert syndiqué international pour leur première usine africaine de matériaux pour batteries    Le temps qu'il fera ce dimanche 7 septembre 2025    Blessé, Dembélé sera absent 6 semaines    Royal Air Maroc ouvre le 18 septembre une liaison Casablanca–Sal (Cap-Vert) avec des Embraer E190    Des œuvres marocaines obtiennent les subventions du Fonds arabe pour les arts et la culture 2025    Publicité en ligne : L'UE inflige une amende de 2,95 milliards d'euros à Google    Accord Mercosur-UE : le Brésil presse l'Europe d'avancer malgré la fronde française    Dakhla-Oued Eddahab : Une délégation du Sénat kényan en mission pour renforcer la coopération avec le Maroc    L'Humeur : Le disque, ce cher microsillon...    Coordination avec Interpol et la police marocaine : l'Indonésie expulse un Marocain recherché pour crimes violents et enlèvement d'enfants    Trump renomme le département de la Défense en "ministère de la Guerre"    Aéroport Al Hoceima: Hausse de 7% de passagers à fin août    Waly Dia : "Une Heure à Tuer", un spectacle coup de poing entre humour et conscience    David Beckham fête ses 50 ans à Marrakech    The Jazz au Chellah festival relocates and becomes Jazz à Rabat    Le Maroc et l'Azerbaïdjan approfondissent leurs relations culturelles lors d'un entretien à Rabat en vue du 11e Salon international du livre de Bakou    Buraïda, capitale saoudienne des dattes, célèbre le patrimoine et la créativité lors d'un carnaval mondial    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Bab Marrakech, salon de coiffure à ciel ouvert
Publié dans L'observateur du Maroc le 02 - 05 - 2014

Lundi, 15h, en passant par Bab Marrakech, impossible de ne pas remarquer les petits rassemblements féminins ici et là à côté et aux pieds des remparts historiques.
Nullement dissuadées par la chaleur grandissante de cette journée printanière, des subsahariennes ont jeté leur dévolu sur une bonne partie du trottoir.
En solo ou en groupe, elles installent autour d'elles de petites chaises en plastique pour accueillir leurs clientes potentielles.
Anta, une jeune sénégalaise à la forte corpulence, est très convaincante.
Le verbe séducteur et le regard bienveillant, elle interpelle les passantes en les invitant à essayer ses divers services.
«Tresses, manucure, pédicure, pose de cils, épilation de sourcils... nous proposons tout ce dont vous avez besoin.
Venez vous installer, vous serez satisfaite », promets la jeune femme en m'attirant vers son salon de coiffure à ciel ouvert, au pied du mur bien à l'abri du soleil tapant.
Mais avant d'entamer le travail, elle commence par m'encourager en me montrant le « beau résultat de la pose de cils, qui est très à la mode », sur la cliente de sa voisine.
Installée sous un grand panneau publicitaire lui servant de parasol, Kimia est absorbée par sa besogne.
Elle a juste le temps de nous lancer un bonjour rapide.
Elle est en train de poser des cils artificiels à sa jeune cliente marocaine.
Consentante, cette dernière la laisse faire docilement en essayant de ne pas trop bouger en répondant à nos questions.
« J'aime le résultat.
C'est la deuxième fois que je les mets ici.
C'est indolore et c'est beau », nous confirme-t-elle.
La prestataire, elle, insiste sur la bonne résistance de ces cils.
« Ça tient jusqu'à 2 mois. Vous pouvez même aller au hammam avec, ça ne part pas », argumente Anta sous le regard approbateur de Kimia qui ne se laisse pas distraire pour autant.
Concentrée, elle manipule, à l'aide d'une petite pince, des cils artificiels sortie d'une boîte « Made in china » et qu'elle présente comme « 100% d'origine naturelle ».
Une substance brunâtre nonchalamment déposée sur un bout de papier glacé sert de colle à cils.
Inutile de s'interroger sur le respect des normes d'hygiène dans des conditions de travail pareilles.
Sous le soleil, coiffeuses et esthéticiennes pratiquent tous genre d'interventions.
« Je viens souvent ici pour me faire des manucures, m'épiler les sourcils et parfois même me couper les cheveux », nous confirme Meriem, une jeune étudiante qui n'est pas la seule à se détourner des salons de coiffure « classiques », pour venir se faire choyer à Bab Marrakech.
A 16h, le trottoir est déjà envahi par une belle foule féminine.
Nullement intimidées par les regards curieux des passants, ces Marocaines, jeunes et moins jeunes, y viennent chercher « les petits prix », reconnait, Madiha venue accompagnée de son enfant de 5 ans.
« Ici, c'est largement moins cher que chez le coiffeur.
La pose des cils est à 100 DH à Bab Marrakech alors qu'elle coûte plus de 400 DH dans un salon », ajoute-t-elle.
Vu le sacré décalage entre les prix pratiqués de part et d'autre, le choix est vite fait.
Peu importe la qualité de la prestation, les prix alléchants l'emportent souvent chez ces clientes « bricoleuses»... parfois aux dépens même de leur santé.
« Encouragée par le prix convenable, je me suis faite poser des ‘cils de manga' à Bab Marrakech.
Au bout de 15 jours mes nouveaux cils ont commencé à succomber en donnant un aspect irrégulier et inesthétique à mes yeux.
Pire, j'ai eu par la suite une inflammation des paupières avec de fortes démangeaisons.
Lorsque j'ai essayé d'enlever mes faux cils, c'était la catastrophe ! J'ai fini par sacrifier mes vrais cils pour m'en débarrasser pour de bon », nous raconte Wiaam, étudiante stagiaire.
Une mésaventure qui ne dissuade pas pour autant les clientes de plus en plus attirées par le bouche à oreille ou par simple curiosité en passant du côté de Bab Marrakech.
Au-delà de la bonne affaire, une cliente assidue des coiffeuses subsahariennes évoque un argument pour le moins inattendu : La solidarité.
« Certes les prix sont intéressants, mais je viens souvent ici par solidarité.
J'imagine un peu les conditions difficiles qui ont amené ces femmes à quitter leur pays.
Je fais appel à leurs services pour les aider à gagner leur vie décemment », explique, convaincue, la jeune Samira.
« En plus, elles sont souples dans l'exercice de leur travail », ajoute-t-elle.
Par souples, la jeune cliente veut dire la grande « adaptabilité» de ces esthéticiennes particulières.
D'après elle, elles sont prêtes à rejoindre les clientes, les plus pudiques, dans leurs voitures ou même à se déplacer à domicile pour un service personnalisé.
Amina, la soeur d'Anta nous a d'ailleurs donné son numéro de téléphone en se montrant prête à nous rejoindre à la maison et même au bureau.
« Si vos collègues ou vos parentes ont besoin de mes services, n'hésitez pas à leur refiler mon numéro.
Je fais aussi des massages amincissants pour le fessier et le ventre et c'est à 100 DH », insiste Amina, qui vient d'arriver du Sénégal il y a à peine deux mois.
Chassée par la crise de l'emploi, comme elle le soutient, elle rejoint sa soeur au Maroc pour chercher du travail.
«J'étais coiffeuse professionnelle dans mon pays mais à cause de la grande concurrence, surtout des immigrantes marocaines, j'ai préféré plier bagages et partir », raconte-t-elle.
Un argument parmi d'autres que certaines ressortissantes venant du Sénégal, du Mali, du Nigéria, du Congo ou de la Côte d'ivoire avancent pour justifier leur présence au Maroc.
« Il faut dire que mon passage par le Maroc est provisoire.
Je préfère nettement rejoindre l'Europe.
En attendant, je dois survivre... », confie Ngondo, une jeune congolaise, sans s'arrêter de couper les cheveux d'une compatriote installée au Maroc depuis des années.
Une déclaration qui résume un peu la situation et explique cette sorte de « bricolage ».
Ces migrantes converties en coiffeuses d'occasion gagnent de la sorte leur vie et des Marocaines désireuses de coller aux nouveaux standards de beauté se hasardent à acheter leurs services à petits prix ❚


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.