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Addiction sexuelle: Quand le désir devient un enfer
Publié dans L'observateur du Maroc le 17 - 01 - 2025

L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Comment définir l'addiction au sexe ?
Rhirzlane Benabbou : La sexualité est une composante fondamentale de la vie humaine et du bien-être des individus, mais pratiquée d'une manière incontrôlable et répétitive, elle pourrait provoquer une grande souffrance chez l'individu. L'addiction ou la dépendance sexuelle fait référence à des pensées, des désirs, des pulsions ou des comportements qui ne peuvent pas être contrôlés et qui pourraient causer une détresse psychologique et des répercussions sur différents aspects de la vie de la personne.
Dans sa Classification Internationale des Maladies (CIM-11), l'OMS décrit l'addiction sexuelle comme un trouble du comportement sexuel compulsif caractérisé par une recherche excessive ou compulsive d'activités sexuelles, qu'elles soient réelles ou fantasmées, même avec des efforts répétés pour arrêter. Ca se définit aussi comme une sorte de prisme, un filtre sexuel qui fait que la personne perçoit des situations de la vie courante comme érotiques ou sexuelles. Une préoccupation excessive pour les activités sexuelles, au point d'en négliger d'autres aspects de la vie, puisque, comme pour toutes les addictions, l'individu doit généralement intensifier le comportement addictif pour obtenir les mêmes résultats.
On peut aussi définir ce trouble par la persistance de ces comportements, même s'ils entraînent des répercussions négatives sur la vie, la santé, la situation financière, les relations sociales ou professionnelles, ou la vie conjugale de l'individu, et aussi sur son estime de soi et la perception de son intégrité et de sa personne s'il s'engage dans des comportements qui vont à l'encontre de ses croyances religieuses, de ses valeurs personnelles ou celles jugées appropriées par la société.
Quant est-ce que le simple désir charnel peut virer à l'addiction sexuelle ?
Lorsqu'on commence à allouer une grande partie du temps pour planifier, rechercher ou réaliser des activités sexuelles. Aussi en notant une multiplication des relations sexuelles et de leur fréquence, régie par un besoin incontrôlable, même en présence de risque (absence de protection, partenaire inconnu, endroit inadéquat...sans limite de lieu ou de temps). Ceci doublé d'une absence de satisfaction durable, puisque, malgré la fréquence des comportements, le plaisir ou le soulagement émotionnel reste temporaire.
Bien que l'addiction au sexe implique des pratiques qui pourraient être courantes dans une vie sexuelle, telles que la masturbation, la pornographie, les conversations téléphones érotiques, les échanges sexuels via le téléphone, le cybersexe, des partenaires multiples ou autres, c'est lorsque les pensées et activités sexuelles prennent le contrôle de la vie de l'individu qu'on pourrait considérer qu'il souffre d'une dépendance sexuelle.
Comment peut-on développer une addiction sexuelle ?
Il n'existe pas de cause unique derrière la dépendance sexuelle, mais une multitude d'éléments qui, réunis, en augmenterait le risque chez un individu. Le développement d'une dépendance sexuelle pourrait donc résulter de l'interaction de plusieurs facteurs : biologiques, psychologiques et sociaux ou environnementaux. Biologiquement la libération de dopamine entraînée par les comportements sexuels pourrait renforcer le désir de les répéter.
L'accès facilité et massif à la pornographie en ligne, un facteur de risque
Une prédisposition génétique pourrait, dans certains cas, conduire à une vulnérabilité à l'impulsivité ou aux troubles de dépendance d'une manière générale et augmenterait ainsi le risque d'une addiction au sexe. Aussi, une exposition répétée à des stimuli sexuels comme la pornographie pourrait provoquer une désensibilisation, nécessitant des niveaux croissants de stimulation pour ressentir la même intensité du plaisir.
Psychologiquement parlant, des traumatismes de l'enfance (abus sexuels, par exemple) pourraient entraîner des comportements sexuels compulsifs comme mécanisme d'échappement à la souffrance ou de régulation émotionnelle. Certaines personnes utilisent le sexe comme un moyen pour soulager le stress, l'anxiété ou la dépression, ce qui avec la répétition et la difficulté à se contrôler, pourrait conduire à une dépendance sexuelle. Les comportements sexuels compulsifs peuvent également être utilisés pour compenser un sentiment d'insécurité ou un manque d'estime et de valorisation de soi.
Dans le cadre de certaines relations dysfonctionnelles l'activité sexuelle devient le seul moyen de se sentir valorisé et désiré, ou quand on a évolué dans un environnement qui gratifie les relations basées sur la manipulation, l'objectification. Certains troubles mentaux (tels les troubles bipolaires, notamment ou les troubles obsessionnels compulsifs) pourraient, parfois, inclure des comportements sexuels excessifs. Aussi l'abus de substances psycho actives.
D'autres facteurs pourraient prédisposer à ce trouble comme l'accès facile au contenu sexuel sur Internet, l'hypersexualisation dans les médias et les réseaux sociaux, environnement ou une éducation sans contraintes, ni limites favorisant une sexualité débridée, l'isolement social et le manque de connexion sociale pourraient pousser à cherche du réconfort dans la sexualité, un environnement familial marqué pas des conflits, des abus et l'absence de communication sexuelle pourrait aussi augmenter la vulnérabilité à l'addiction.
Quel est l'impact de ce type d'addiction sur la vie sociale et la santé mentale du patient ?
L'addiction sexuelle pourrait impacter les relations sociales, et en particulier la relation conjugale qui risque d'être déstabilisée ; à cause du désir incessant et des demandes non équivalents entre les deux partenaires. Aussi à cause du risque d'adultère quand la personne cherche de nouvelles expériences pour satisfaire ses besoins compulsifs d'activité sexuelle et atteindre de nouveaux niveaux encore plus élevés de plaisir, érodant ainsi, l'intimité et la confiance dans le couple.
Cette addiction pourrait altérer les relations normales et saines avec le partenaire sexuel, la famille, les amis et les collègues du travail, à cause des fantasmes, et/ou de certains comportements inappropriés. De plus, la préoccupation constante par les comportements sexuels conduirait à négliger les responsabilités familiales et les obligations sociales et professionnelles.
Il faut savoir que l'addiction au sexe crée des sentiments négatifs. La personne en souffrant ressent très souvent une honte et une culpabilité intenses, en plus, de la tristesse et de la solitude à cause de son incapacité à contrôler ses pulsions et comportements sexuels. Les sentiments de honte et les remords constamment ressentis pourraient engendrer une dépression et une anxiété sévères. Ceci accentue davantage la compulsion et enfonce la personne dans l'activité sexuelle comme mécanisme d'adaptation (dysfonctionnel) pour faire face à la détresse psychologique ressentie.
Quand le désir charnel devient une obsession
Tout ceci crée un cercle vicieux et un cycle continue de comportements compulsifs sexuels qui impacte profondément la santé mentale : Culpabilité, troubles de l'humeur, baisse de l'estime de soi, dépression, anxiété, développement d'autres addictions...
Qu'en-est-il des effets physiques et physiologiques ?
L'un des risques majeurs pour la santé restent les maladies sexuellement transmissibles (MST). La répétition excessive de comportements sexuels pourrait entrainer une fatigue physique et une diminution des capacités corporelles mais aussi des blessures potentielles liées aux activités sexuelles. A long terme, le fardeau physique d'un tel niveau d'activité sexuelle pourrait entraîner une détérioration significative de l'état général de la santé.
La stimulation constante du système dopaminergique pourrait altérer la régulation hormonale et les circuits cérébraux associés au plaisir. Nous pourrons citer d'autres impacts liés à l'incapacité à contrôler ses pulsions sexuelles et qui pourraient engendrer des difficultés financières, des problèmes juridiques tout en accentuant la pression et la crainte d'être « dévoilé » et surpris dans une situation désobligeante. La préoccupation constante par les pensées et activités sexuelles interfère avec la capacité d'un individu à être performant dans les divers domaines de sa vie (travail, études...). Cette distraction entraîne une baisse de productivité, de mauvaises performances et dans certains cas, une perte d'emploi ou un échec académique.
Au Maroc, peut-on quantifier l'incidence de cette addiction ?
Malheureusement, au Maroc, nous souffrons d'un manque significatif de données sur la santé mentale, encore plus quand il s'agit d'un trouble relatif à la sexualité dont les problématiques relèvent encore du tabou.
Comment se décline la prise en charge de ce trouble ?
La dépendance sexuelle nécessite souvent une prise en charge multidisciplinaire. Dans un premier temps, il faudrait de consulter un psychologue spécialisé en addictions comportementales. Dans certains cas, il serait nécessaire de consulter également un psychiatre qui pourrait prescrire un traitement médicamenteux pour réguler l'humeur, réduire les compulsions et calmer l'anxiété, ou traiter la dépression, pour faciliter l'engagement du patient dans la psychothérapie et l'aider à retrouver une vie plus sereine.
A la différence d'autres addictions, l'objectif psychothérapeutique dans l'addiction sexuelle ne serait pas de mener le patient au sevrage, car la sexualité est une partie intégrante et importante de notre vie, et elle ne représente aucun danger lorsqu'elle est pratiquée d'une manière qui n'affecte pas la santé, les relations et le bien-être de l'individu, et donc non-pathologique. Le travail thérapeutique aura pour but d'aider le patient à repenser la sexualité différemment et envisager sa pratique en reprenant le contrôle sur ses pulsions et ses comportements, et en traitant les problèmes sous-jacents à l'addiction.
Parfois, une thérapie de couple serait envisageable pour apporter le soutien du partenaire et éviter des répercussions sur le couple. Des thérapies de groupe pourraient aussi, apporter un grand soutien aux personnes souffrant de dépendance sexuelle : en offrant un espace sécurisé pour libérer leur souffrance par la parole, et en brisant l'isolement dont elles pourraient souffrir.


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