Un vaste chantier de modernisation des abattoirs s'ouvre au Maroc. Le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, a annoncé qu'un budget conséquent est alloué pour la réhabilitation ou la construction de 120 abattoirs agréés d'ici 2030. Ce projet stratégique est mené en partenariat avec l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la stratégie « Génération green 2020-2030 », et repose sur une approche intégrée associant également les ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture, ainsi que les collectivités territoriales concernées. L'objectif est double : améliorer les conditions d'abattage et de distribution de la viande, tout en assurant une meilleure qualité sanitaire du produit consommé par les citoyens. Un maillon clé de la sécurité alimentaire En réponse à une question écrite au parlement, Ahmed El Bouari a souligné que les abattoirs constituent un maillon central de la chaîne de la viande rouge, en raison de leur rôle fondamental dans la sécurité sanitaire. Leurs dysfonctionnements peuvent impacter négativement la santé publique, mais aussi l'environnement et les équilibres économiques locaux. Le ministre a dressé un diagnostic sans concession : de nombreux établissements présentent des défaillances majeures, allant de la vétusté des infrastructures à l'insuffisance des équipements, en passant par un manque flagrant d'hygiène et de gestion rigoureuse. Ces carences posent un réel obstacle à la conformité avec les normes en vigueur. Une carte nationale des abattoirs en préparation Pour remédier à cette situation, le ministère a commandé une étude cartographique visant à établir un maillage cohérent des abattoirs, selon des critères géographiques, économiques et sanitaires. Cette carte prend notamment en compte la concentration des cheptels, les capacités locales de production animale, ainsi que les distances entre les zones de production et les centres de consommation. Parmi les principales recommandations de l'étude figure la restructuration du réseau national des abattoirs, via la création de pôles régionaux ou intercommunaux, et la fermeture de structures obsolètes ou non conformes. L'objectif est d'optimiser la couverture territoriale en abattoirs modernes, fonctionnels et répondant aux exigences de sécurité et de rentabilité. Des incitations pour mobiliser l'investissement privé Le ministre a également annoncé la mise en place d'incitations financières à travers le Fonds de développement agricole, avec un soutien pouvant atteindre 30 % du coût global de l'investissement, dans la limite de 18 millions de dirhams. Cette mesure vise à encourager le secteur privé à investir dans la création ou l'équipement d'abattoirs modernes pour la viande rouge, incluant également les unités de découpe. Un exemple concret est donné dans la région de Fès-Meknès, où 12 nouveaux abattoirs seront construits, dont un à vocation régionale dans la ville de Sefrou. Ces infrastructures ont vocation à répondre aux besoins croissants des collectivités territoriales, dans le respect du schéma directeur national. Le processus est déjà en cours : « Des conventions de partenariat spécifiques sont en cours de finalisation avec les acteurs concernés », a conclut El Bouari.