Le Maroc construit vite, mais construit-il bien ? À l'heure où le pays engage de grands projets dans l'habitat, les infrastructures et l'aménagement du territoire, le Syndicat national des architectes privés (SNAP) appelle à l'adoption de la qualité comme choix stratégique dans les politiques publiques liées à la construction et à l'urbanisme. Une conférence nationale initiée par le SNAP s'est tenue à Casablanca, le 24 juin 2025 pour poser les bases d'un référentiel marocain adapté et durable. Intitulée « Construire la qualité : entre normes, classifications et responsabilité de l'architecte », la rencontre a réuni architectes, promoteurs, maîtres d'ouvrage, experts et représentants d'institutions publiques à la Bibliothèque universitaire Mohamed Sekkat. « Une tribune pour repenser en profondeur la place de l'architecte dans les politiques de développement urbain », indique un communiqué du SNAP. La qualité au cœur du débat Lors de cette rencontre, Hassan El Menjra Essâadi, président du SNAP, a insisté sur l'urgence de faire de la qualité un choix stratégique et essentiel. « Il ne s'agit pas seulement de bâtir des villes modernes, mais aussi de penser la qualité dans tous les territoires : villes, villages, agglomérations en montagnes ou en campagne... », a-t-il souligné. Un plaidoyer en faveur d'une approche inclusive, tenant compte des spécificités régionales et culturelles des différentes régions du Royaume. Le président du SNAP a par ailleurs appelé à redonner à l'architecte sa juste place : « Celle de chef d'orchestre du chantier, garant de la conformité des projets aux normes les plus élevées, et acteur clé du Maroc de demain. L'architecte marocain a les compétences pour construire le Maroc 2030, mais encore faut-il lui permettre d'exercer pleinement ses responsabilités », insiste El Menjra Essâadi. Pour l'architecte Charafeddine Barada, la qualité ne dépend pas uniquement des moyens financiers ou techniques. « Elle repose sur un esprit d'engagement et une parfaite synergie entre tous les intervenants : architectes, ingénieurs, entrepreneurs et ouvriers. Un bâtiment réussi, c'est une œuvre collective », a-t-il rappelé. Il a par ailleurs souligné l'importance de valoriser les ouvriers, souvent oubliés dans les réflexions sur la qualité, tout en appelant à reconnaître le rôle de chacun dans la chaîne de production architecturale. Un référentiel national Trois axes majeurs ont structuré les débats lors de cette première conférence nationale : La création d'un référentiel marocain de la qualité, fondé sur les spécificités environnementales et territoriales du pays, en rupture avec les modèles importés, la revalorisation du rôle de l'architecte, du stade de la conception jusqu'à l'exécution du projet et l'intégration de la qualité comme levier stratégique pour accompagner les grands chantiers nationaux. La conférence a été conclue par une série de recommandations du SNAP notamment l'adoption de la qualité comme pilier des politiques publiques de construction et d'urbanisme, l'amélioration de la coordination entre les acteurs du chantier, en clarifiant les responsabilités, la valorisation des matériaux locaux et le développement des mécanismes d'accréditation adaptés à la réalité marocaine. Ceci en plus de l'intégration de la dimension environnementale et culturelle dans les critères de qualité, en cohérence avec les objectifs de durabilité et de bien-être des citoyens.