Il est des heures où les mots cessent d'être un simple enchaînement de phrases pour devenir un devoir, presque un serment. L'heure que nous vivons est de celles-là. Je prends la plume non pour accuser, ni pour diviser, mais pour conjurer. Conjurer notre jeunesse de ne pas s'égarer, conjurer notre Nation de préserver sa cohésion face à l'épreuve. Vous, enfants du Maroc, génération façonnée par l'ère numérique, née dans l'espace des réseaux, souvenez-vous que votre force réside dans la clarté des idées et la puissance de la parole. La rue, hélas, a déjà basculé dans la désolation : banques vandalisées, voitures incendiées, commerces pillés, pharmacies détruites. Ce spectacle n'est pas celui d'un peuple en marche, mais celui d'un pays blessé. Rien ne naît de ces ruines, si ce n'est davantage de désespoir. Votre voix doit s'élever ailleurs, dans vos espaces propres, où elle peut éclairer, rassembler, bâtir. À ceux parmi vous qui cèdent à la tentation de saccager, d'affronter inutilement les autorités, je le dis sans détour : vous n'avez pas raison. Aucune cause, aussi légitime soit-elle dans son fondement, ne trouve de justification dans l'anarchie et la destruction. Détruire, c'est insulter la mémoire de vos pères, c'est profaner le labeur patient de vos mères, c'est tourner en dérision les sacrifices silencieux qui, génération après génération, ont façonné ce pays. Mais il y a plus grave encore. Car derrière ces gestes désespérés se cachent des instigateurs cyniques. Oui, ils existent : des manipulateurs tapis dans l'ombre, des marchands de colère, des semeurs de discorde. Ils se parent des habits de la révolte, mais leur seule cause est leur ego, leur seul horizon leur intérêt. Ces êtres sans scrupules n'aiment ni la jeunesse qu'ils trompent, ni le pays qu'ils exploitent. Leur place est promise : la poubelle de l'Histoire. Car viendra le jour où les Marocains les reconnaîtront, les démasqueront, et les rejetteront. Ils finiront relégués à jamais dans l'ignominie. Et ce jour-là, ils paieront le prix de leur trahison. Face à ce tumulte, le gouvernement actuel doit assumer toute la rigueur de sa responsabilité. Ecouter, apaiser, agir — tel doit être son triptyque immédiat. Non par des paroles convenues, mais par des gestes forts, des réformes tangibles, un plan d'action clair qui redresse les secteurs vacillants et rouvre l'horizon de l'espérance. Et vous, partis politiques, où êtes-vous ? Vous qui deviez incarner la médiation, le dialogue, la transmission, vous êtes muets. Votre silence n'est pas une prudence, c'est une lâcheté. Reprenez votre rôle, ou bien l'Histoire retiendra que vous avez abandonné la jeunesse au vacarme de la rue et à la perfidie de ses manipulateurs. Le Maroc, notre patrie, vacille mais ne ploiera pas. Il doit rester debout, et il le restera. Car sa jeunesse est sa sève, son souffle, son avenir. À elle de transformer la colère en ambition, l'impatience en énergie créatrice, l'inquiétude en espérance. Et à nous, collectivement, de lui tendre la main, pour qu'elle bâtisse non sur des cendres, mais sur la lumière d'un destin retrouvé.