Lors d'un échange consacré aux menaces qui pèsent sur la démocratie à travers le monde, tenu en marge des AD 2025, l'ancien chef de la diplomatie mexicaine Jorge Castañeda a estimé que « si les régimes démocratiques restent le meilleur cadre politique, ils sont aujourd'hui fragilisés par des attentes déraisonnables et des interprétations dangereuses de leur fonctionnement ». Revenant sur les discussions menées entre représentants d'Europe, d'Afrique et d'Amérique latine, Castañeda a rappelé que la contestation démocratique s'alimente d'une frustration croissante : « Les gens veulent une meilleure éducation, une meilleure santé, un meilleur logement. Or, ils pensent que la démocratie doit fournir tout cela. Ils ont tort. » Selon lui, la démocratie garantit avant tout des libertés fondamentales, mais ne peut pas, à elle seule, résoudre les défaillances sociales et économiques que les gouvernements n'assument pas. La véritable force d'un régime démocratique, insiste-t-il, réside dans la possibilité « de renvoyer chez eux ceux qui gouvernent sans résultats », non dans la promesse de transformer instantanément les conditions de vie. Le deuxième axe de réflexion du panel portait sur l'idée, avancée par certains intervenants, d'adapter les modèles démocratiques aux particularités culturelles ou politiques des régions du monde. Jorge Castañeda s'y oppose fermement : « Je n'aime pas cette idée d'adapter la démocratie aux réalités de chaque pays. Ce sont des principes universels. » Pour lui, invoquer les « spécificités nationales » revient trop souvent à justifier les dérives autoritaires, anciennes ou nouvelles. Il met en garde contre cette tendance qui, sous couvert de pragmatisme, sape les fondements même du pluralisme et de l'alternance. Alors que de nombreux pays enregistrent des tensions institutionnelles, la montée de l'autoritarisme ou le recul des libertés, Castañeda estime indispensable de défendre l'universalité des règles démocratiques, tout en rappelant que leur efficacité repose sur l'engagement des citoyens et la responsabilité des dirigeants. Le débat devrait se poursuivre, « et il doit se poursuivre », affirme-t-il, car la démocratie traverse une phase critique qui exige clarté, fermeté et pédagogie.