J'accuse ceux qui, par calcul idéologique et par opportunisme politique, entretiennent un climat de tension et d'insécurité au sein de la presse marocaine, alors même que le pays avance, se transforme et s'affirme comme un vaste chantier de réalisations à tous les niveaux. Il n'y a pas aujourd'hui de crise structurelle de la presse marocaine. Il y a une tension fabriquée, une inquiétude amplifiée, un sentiment d'insécurité nourri par des discours intéressés. Cette tension ne reflète ni la réalité du pays ni la trajectoire institutionnelle dans laquelle le Maroc est engagé. J'accuse le Parti de la justice et du développement (PJD) d'avoir, lorsqu'il contrôlait le secteur de la communication, engagé le paysage médiatique dans une logique de contrôle, de fragmentation et d'affaiblissement, au lieu de le moderniser et de le structurer. Les choix opérés durant cette période ont durablement fragilisé les équilibres professionnels : neutralisation des groupes organisés, prolifération de plateformes sans viabilité réelle, instrumentalisation des institutions représentatives. Pourquoi diviser plutôt que consolider ? Pourquoi affaiblir les structures professionnelles plutôt que les renforcer ? Ces questions restent sans réponse crédible. Mais cette dérive structurelle s'est doublée d'un discours politique profondément dangereux. J'accuse ici nommément Abdelilah Benkirane, chef du PJD, d'avoir instauré un climat de terrorisme intellectuel à l'encontre des journalistes, des intellectuels et de toutes les voix libres qui contredisaient sa doctrine idéologique régressive. Quand l'insulte devient récurrente, est-ce encore du débat démocratique ? Quand des figures médiatiques sont publiquement désignées et menacées à travers des communiqués officiels du parti, est-ce encore une liberté d'expression assumée ? Ou s'agit-il d'une tentative d'intimidation politique assumée ? Plus grave encore : où étaient les institutions censées protéger la profession ? Où était le Conseil national de la presse lorsque ces dérives verbales franchissaient toutes les lignes rouges ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette absence totale de réaction face à des discours susceptibles d'alimenter une violence réelle contre des journalistes ? Ce mutisme coupable a laissé s'installer une banalisation dangereuse de la pression politique et a profondément affaibli la crédibilité morale de certaines instances. Et pourtant, sans la moindre autocritique, les héritiers de cette séquence viennent aujourd'hui donner des leçons. Ils attaquent le ministre de la Communication actuel au Parlement. Avec quelle légitimité politique ? Avec quelle mémoire ? Avec quelle cohérence ? Il faut au contraire reconnaître le courage politique de ce ministre qui a pris la responsabilité de présenter un projet de loi visant à refonder le Conseil national de la presse sur des bases plus saines : indépendance réelle, gouvernance clarifiée, protection contre les lobbies idéologiques et les calculs partisans. Ce texte marque une rupture nécessaire avec des pratiques passées qui ont fragilisé l'organisation professionnelle. Il faut reconnaître le rôle fondamental de l'Etat marocain, qui a fait preuve de maturité et de clairvoyance. En soutenant directement les journalistes pendant une des période les plus dure , celle de Covid, en accompagnant les entreprises de presse et en maintenant une trajectoire réformatrice, l'Etat a affirmé une vérité essentielle : la presse relève pleinement de l'intérêt général. Dans un monde marqué par des mutations technologiques rapides et des bouleversements profonds de l'industrie des médias, la modernisation du paysage médiatique marocain n'est pas une option idéologique, mais une condition de survie. Le Maroc avance, se prépare à des échéances majeures et construit son avenir. La presse doit accompagner ce mouvement avec responsabilité, indépendance et professionnalisme — non être prise en otage par les fantômes du passé. J'accuse pour rappeler les faits. J'accuse pour refuser l'amnésie. Et j'accuse parce qu'il n'y a pas de progrès sans vérité.