Il est loin le temps où assister à un match se résumait à l'expérience physique de l'instant présent. Aujourd'hui, le supporter est un diffuseur à part entière. Armé de son smartphone, il commente, filme, partage et «live-stream» l'ambiance des gradins. Cette mutation comportementale a transformé les enceintes sportives en véritables chaudrons numériques où la congestion du réseau est l'ennemi absolu. Conscients de cette nouvelle donne, les décideurs marocains ont intégré la connectivité comme un pilier central du dossier de candidature, transformant une exigence technique en atout majeur. Le cahier des charges de la CAF de plus en plus exigeant sur le volet technologique, a trouvé au Royaume une réponse infrastucturelle que peu de nations sur le continent pouvaient égaler. Ce n'est pas un hasard si le Maroc a été plébiscité. Le pays offrait la garantie que l'image de la compétition ne souffrirait d'aucune latence. Cette robustesse repose sur une mobilisation générale de Maroc Telecom, Orange et inwi, qui ont, chacun à son échelle, anticipé cette échéance bien avant l'officialisation de l'attribution. Preuve en est le lancement rapide de la 5G. En reliant les stades, les centres de presse et les zones touristiques par des liaisons à très haut débit, le Maroc a sécurisé les "autoroutes de l'information" nécessaires au transport massif des données. C'est cette capacité de charge, éprouvée et redondante, qui a rassuré les inspecteurs de la CAF sur la capacité du pays à gérer les pics de trafic, notamment pour la diffusion télévisuelle internationale en 4K, gourmande en bande passante. Le rôle de chaque opérateur a été déterminant pour crédibiliser le dossier marocain sur le plan de l'expérience utilisateur, garantissant que le visiteur étranger bénéficierait d'un "roaming" fluide et d'une connectivité aux standards européens. En investissant massivement dans des solutions de connectivité innovantes, les opérateurs télécoms ont contribué à créer un environnement concurrentiel dynamique qui a élevé le niveau global des infrastructures nationales. Leur capacité à déployer rapidement des solutions temporaires et flexibles pour les "fan zones" constitue un autre atout tactique majeur pour la gestion des flux de supporters hors des stades. L'enjeu, en aval, dépasse la simple commodité technique. Lors de la CAN 2025, chaque selfie posté sur Instagram, chaque vidéo partagée sur TikTok par un influenceur ou un simple fan constituera une carte postale numérique du Maroc. C'est ce qu'on appelle dans le jargon technique le "User Generated Content" (contenu généré par l'utilisateur), devenu aujourd'hui l'un des vecteurs les plus puissants du soft power. Si la connexion est fluide, c'est l'image d'un Maroc moderne, technologique et efficace qui inonde la toile. Les opérateurs télécoms ne sont donc plus de simples prestataires de service, ils sont les garants de la réputation numérique du Royaume. La réussite de la CAN Maroc 2025, qui servira de répétition générale pour le Mondial 2030, dépendra autant de la performance des Lions de l'Atlas sur le terrain que de la capacité des réseaux à supporter l'enthousiasme numérique de tout un continent. Le match de la technologie est lancé.