Jamais autant de particuliers ne se sont intéressés à la Bourse et aux produits d'investissement qu'aujourd'hui. Mais cette démocratisation de l'investissement s'accompagne aussi de dérives. Face à la montée des conseils financiers non autorisés et à la prolifération de plateformes de trading frauduleuses, l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) tire la sonnette d'alarme. Dans un environnement numérique dominé par les réseaux sociaux, de plus en plus d'épargnants sont exposés à des recommandations présentées comme des « bons plans » ou des opportunités à ne pas manquer. Derrière ces discours séduisants, se cachent parfois des pratiques illégales, voire des mécanismes de manipulation de marché. Quand le conseil devient une infraction Au Maroc, le conseil en investissement financier n'est pas une activité libre. Il est strictement encadré par la loi n°19.14 et soumis à un enregistrement préalable auprès de l'AMMC. Cette autorisation n'est pas une formalité : elle vise à s'assurer de la compétence, de l'intégrité et de l'indépendance du conseiller, tout en limitant les conflits d'intérêts. Or, l'AMMC constate une multiplication de recommandations diffusées en ligne, souvent dans des groupes fermés ou sur des applications de messagerie. Certaines peuvent relever de l'exercice illégal du conseil, tandis que d'autres dissimulent des stratégies frauduleuses, comme le « pump and dump », qui consiste à faire artificiellement grimper le cours d'un titre avant de le revendre à profit. Plateformes de trading : des promesses souvent trompeuses Autre phénomène en forte croissance : les plateformes de trading promettant des rendements rapides et élevés. Présentées sous une apparence professionnelle, elles recourent parfois à des témoignages fictifs, à des publicités agressives, voire à l'usurpation de l'identité d'acteurs reconnus du marché. Le scénario est souvent le même : un premier dépôt encouragé par des gains affichés, des incitations répétées à investir davantage, puis l'impossibilité de retirer les fonds. Dans certains cas, la plateforme disparaît sans laisser de trace. L'AMMC rappelle que certaines de ces plateformes, notamment celles portant sur les devises ou les métaux précieux, ne relèvent pas de son périmètre de contrôle, ce qui complique la prévention et la répression des escroqueries. Sanctions et responsabilité Les auteurs de conseils financiers non autorisés ou de diffusion d'informations trompeuses s'exposent à des sanctions pénales, incluant des amendes et des peines d'emprisonnement. Un rappel nécessaire, alors que la frontière entre information, influence et manipulation devient de plus en plus floue sur les plateformes numériques. Pour le régulateur, la vigilance individuelle reste essentielle. Vérifier l'autorisation d'un conseiller, se méfier des promesses de gains garantis et privilégier les sources officielles sont des réflexes de base pour limiter les risques. Dans cette optique, l'AMMC annonce le renforcement de ses actions de sensibilisation à travers des outils digitaux dédiés à la prévention des arnaques financières. Elle invite également le public à consulter son portail d'éducation financière, « Le marché des capitaux pour tous », conçu pour accompagner les investisseurs, débutants comme avertis, dans la compréhension des marchés et des mécanismes d'investissement.