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Dialoguer pour sortir du bourbier
Publié dans L'observateur du Maroc le 15 - 02 - 2010

Faut-il parler aux talibans et comment ? Neuf ans après le renversement de leur régime, le fait de poser cette question est déjà un aveu d’impuissance et d’échec. Pour le président afghan Hamid Karzaï, la tentation du dialogue n’est pas nouvelle et l’impopularité liée à sa réélection très contestée de novembre l’a renforcée. Cette inclination au dialogue est en revanche plus nouvelle chez les Occidentaux.
La question a en tout cas été au cœur de la conférence internationale sur l'avenir de l'Afghanistan qui s’est tenue le 28 janvier à Londres avec des représentants de soixante-dix pays et organisations internationales. Le paradoxe, qui aboutit à convier de facto une rébellion extrémiste à participer à nouveau au pouvoir alors que 140.000 soldats étrangers la combattent sans merci sur le terrain, n’est pas banal. Il est toutefois à la mesure de la lucidité qu’impose la situation. Comme plus personne ne croit à une victoire militaire de l'Otan et moins encore à la possibilité d’éradiquer les talibans, il faut bien composer avec eux pour sortir d’un conflit inextricable et très meurtrier.
Faiblesse de l’aide civile
Les réticences des opinions occidentales face à l’engagement en Afghanistan ne laissent de toute façon pas le choix. En fait, Otan et Américains paient leurs erreurs. Au lieu de privilégier les opérations de renseignements, de police et quelques frappes militaires très ciblées, ils ont cru pouvoir combattre par une armada de près de 150.000 hommes une organisation éclatée c_omme Al Qaïda et une contre-insurrection très motivée et aguerrie dans un pays d’accès difficile et où les relations claniques et tribales sont des plus complexes… Richard Holbrooke, l’émissaire de Barack Obama, admet un autre fourvoiement : l’aide civile aux populations est loin d’avoir été proportionnelle à l’intensification des efforts militaires. C'est tout ce contexte qui a permis aux talibans de prospérer dans le sud et l'est du pays.
Face à cette situation, une idée s’est imposée : accélérer le transfert de la sécurité aux forces afghanes est la condition sine qua non à tout désengagement occidental. Reste à savoir comment mener à bien ce transfert quand les talibans grignotent quotidiennement du terrain. La solution, c’est de «récupérer» ou de retourner certains des talibans. Hillary Clinton, qui veut voir un encouragement dans les changements d’allégeance obtenus en Irak, l’exprime d’une formule: «on ne fait pas la paix avec ses amis». Le président afghan évoque, lui, la nécessité de «réintégrer nos compatriotes, en particulier nos frères désabusés qui ne sont pas membres d'al-Qaïda ou d'une autre organisation terroriste».
500 millions de dollars pour acheter la paix
Plus trivialement, il s’agit d’acheter la paix. C’est-à-dire de proposer argent, travail… ou postes importants aux insurgés qui «quitteraient la rébellion pour renoncer à la violence, participer à une société libre, respecter la Constitution et couper les liens avec al-Qaïda».
Cette proposition vise à séduire les combattants pachtounes de base qui ont rejoint le mouvement plus pour des raisons financières qu’idéologiques : ceux qui ont été poussés par la misère, qui ne supportent plus la présence de forces étrangères dans leurs villages ni leurs bavures meurtrières, même si les trois quarts des civils afghans tués sont en réalité victimes de la rébellion… Plus de 140 millions de dollars ont d’ores et déjà été promis pour la première année de ce programme de «réintégration» qui devrait atteindre les 500 millions. 1,6 milliard de dollars de la dette afghane seront par ailleurs effacés. Mais l’aide sur deux ans promise au gouvernement afghan sera conditionnée à des progrès dans la lutte contre la corruption. Plus symbolique : cinq ex-talibans qui figuraient sur la liste noire du terrorisme en ont été retirés, tandis que Karzaï a invité les talibans à participer à un «conseil national pour la paix, la réconciliation et la réintégration, suivi d'une Jirga [grande assemblée]» au cours des premiers mois de 2010.
Reste à savoir l’attitude à adopter face aux chefs talibans qui conditionnent toute négociation au retrait préalable des forces de l’Otan, à l’abolition de la Constitution et à la suppression du droit de vote des femmes ! Si Karzaï n’exclut pas de discuter avec eux, les Occidentaux sont très réservés. Le représentant spécial de l’Onu en Afghanistan aurait cependant rencontré début janvier dans le Golfe des représentants de chefs talibans réfugiés au Pakistan.
Karzaï compte d’ailleurs sur le soutien d’Islamabad, où se joue aussi la lutte contre Al Qaïda, et de l’Arabie Saoudite qui a déjà abrité de telles discussions. Mais en contrepartie, Ryad exige que les talibans afghans n'accordent pas refuge à Ben Laden et rompent tous leurs liens avec les réseaux terroristes islamistes.
La peur d’un retour des talibans
Ces positions apparemment irréconciliables signifient-elles que la politique de la main tendue est mort née et que les talibans finiront par l’emporter ? En réalité, l’Otan fait un pari : que la poursuite d’une forte pression militaire sur les talibans leur inflige des revers susceptibles de contenir leur avancée. Mais cela restera un leurre si le pouvoir central est incapable de retrouver un minimum d’efficacité et de légitimité en luttant contre la corruption et le népotisme et si les Afghans ne parviennent pas à assurer la sécurité.
Ce n’est pas acquis. Les forces afghanes devraient atteindre 300.000 hommes en 2011. Et si les Occidentaux espèrent que Kaboul «assumera la responsabilité de sa sécurité d'ici à cinq ans», Karzaï estime qu’il faudra encore «cinq à dix ans» d’aide étrangère pour équiper et entraîner ses forces... Dans les deux cas, on est au-delà de l’échéance de 2011 voulue par Obama pour le début du retrait américain. Et on peut redouter qu’en cas de départ des troupes de la coalition, l'armée afghane ne tienne pas longtemps face aux talibans.
Autant dire qu’une bonne partie de la population afghane, surtout dans les milieux urbains et parmi les ethnies minoritaires (tadjik, ouzbek, hazara...), a des raisons de craindre un retour des talibans.


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