Lorsqu'on présente des voeux, en formule-t-on dans la foulée pour soi-même ? Question incongrue ? Cela paraît pourtant relever du talent de la rareté. Comment peut-on fêter une fin d'année alors qu'elle s'assimile à une fin de règne ? Comment ose-t-on souhaiter, dans l'euphorie, une meilleure année sur les cendres d'une autre ? Pourquoi s'élance-t-on dans pareils engagements pour finalement incriminer les douze mois qui s'écoulent et réitérer le même constat l'an qui suit ? Comment arrive-t-on à célébrer l'inconnu au lieu de mettre de l'ordre dans le vécu ? Pourquoi s'agite-t- on comme des bestioles à applaudir le lendemain avant d'aider le présent à bien se mettre la tête sous l'eau ? Comment, en somme, se raconte-t-on des balivernes ? C'est apparemment ainsi et cela n'est pas prêt de s'éclipser. Le plus trouble dans cette démarche collective, c'est qu'on convoque le futur immédiat en ignorant le passé récent, broyant au passage un présent moulé dans le perpétuel. Le constat n'est ni sombre ni déprimant, c'est l'aurore qui enlace le crépuscule. Et c'est là où la lumière a son mot à dédire. Les souhaits variablement construits ne s'adressent pas au tas, au paquet, à tout le monde : il y en a qui n'en ont pas besoin et d'autres qui s'attendent à plus d'actions concrètes et à moins de verbiage. C'est un peu comme la tolérance qui n'existe pas et le vivre-ensemble qui tresse des liens. On n'a aucun droit de tolérer l'autre, on espère vivre avec lui en harmonie, parfaite ou pas. Alors, joyeuse vie à tous, hors fins d'années, avec beaucoup d'amour. Anis HAJJAM
