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Sahara : L'heure de vérité pour Staffan De Mistura [Intégral]
Publié dans L'opinion le 07 - 09 - 2023

Staffan de Mistura s'est rendu pour la première fois à Laâyoune dans le cadre d'une tournée régionale destinée à relancer les tables rondes. Une volonté soutenue par le Maroc et contrecarrée par l'Algérie. Décryptage.
Du nouveau dans l'affaire du Sahara. La besogne reprend pour l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, qui sillonne actuellement les provinces du Sud dans le cadre d'une nouvelle tournée régionale. Une visite importante pour l'émissaire onusien dont l'objectif est de voir la réalité du terrain loin des fake-news de la propagande algérienne et celle du Polisario. C'est la première fois qu'il se rend au Sahara, sachant qu'il s'est rendu au Maroc à maintes reprises où il avait eu des entretiens en tête à tête avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Maintenant, le contexte est propice à une telle visite qui, rappelons-le, a été reportée depuis 2022.
Comme il est de coutume dans ce genre de déplacements, le diplomate chevronné, dont l'avion a atterri au Maroc le 4 septembre, est allé à la rencontre des élus locaux et des représentants de la société civile et des tribus. Une réunion à huis clos s'est tenue dans le palais municipal à Laâyoune, nous affirment des sources bien informées. Une occasion pour l'émissaire onusien de constater la réalité du terrain et de trancher la question de la représentativité des populations des provinces du Sud au-delà des prétentions du Polisario qui ne parvient plus à convaincre la communauté internationale de la légitimité de ses revendications en tant que représentant des populations du Sahara. Ces dernières se sont exprimées lors d'élections législatives et locales en vertu desquelles elles sont représentées au niveau de toutes les assemblées élues, que ce soit au Parlement ou au niveau des régions et des communes.
Evidemment, la machine de propagande de l'Algérie, et du Polisario, a tourné à plein régime pour faire du brouillage médiatique. Le front séparatiste, pour sa part, s'est employé, avec toutes ses forces, à inciter ses sbires cachés au Sahara à "faire du bruit" de sorte à perturber la visite de l'émissaire onusien.

Voir les choses en face
Pour De Mistura, le fait de se rendre à Laâyoune est d'une importance capitale vu qu'il a besoin de recueillir le maximum d'informations objectives avec le plus de recul possible avant de transmettre ses appréciations au Secrétaire Général de l'ONU, Antonio Guterres, qui s'apprête à rendre son rapport annuel au Conseil de Sécurité. Les membres du Conseil en prendront acte en octobre prochain lors d'une réunion importante, puisque c'est à ce moment que le Conseil vote une Résolution qui décide du sort de la MINURSO. Du point de vue de l'instance onusienne, l'agenda de Staffan De Mistura est clair : cette visite "a pour perspectives de faire progresser de manière constructive le processus politique sur le Sahara occidental", a expliqué le communiqué publié à l'occasion de cette tournée, sans donner de détails sur le programme de l'émissaire.

Reprise du processus politique : Mission ardue

En relevant le défi d'une nouvelle tournée, De Mistura n'a qu'une idée en tête : trouver le chemin qui mène vers les tables rondes qui est quasiment au point mort depuis la démission de son prédécesseur, Horst Köhler, qui avait quitté ses fonctions pour des raisons de santé.
Ce dernier était parvenu, après un effort méritoire, à convaincre toutes les parties, y compris l'Algérie et la Mauritanie, à s'asseoir autour de la table des négociations à Genève en 2018 et 2019.
De Mistura tâche de ressusciter ce format qui avait redonné l'espoir d'une solution politique. Toutefois, cette volonté, aussi sincère et sérieuse soit-elle, se heurte au niet catégorique de l'Algérie qui refuse opiniâtrement de participer à ce format, sous prétexte qu'il est "obsolète". Bien qu'elle soit directement impliquée dans le conflit en parrainant complètement le Polisario à tous les niveaux, l'Algérie s'estime non-concernée et prétend être un simple observateur alors que tous ses mouvements diplomatiques montrent le contraire. Offensives diplomatiques, soutien financier, appui militaire, l'Algérie est trahie par ses actes. A cela s'ajoute le fait de peser de tout son poids pour imposer par la force la participation d'une république fantoche dans les conférences internationales auxquelles l'Union Africaine est associée.
Face à l'irresponsabilité de l'Algérie, dont la participation aux pourparlers est la clé de toute solution aux yeux du Maroc, Staffan De Mistura ne peut qu'assister à un match de tennis sans fin où les protagonistes se renvoient la balle. Au milieu de cet enfumage, provoqué par la réticence algérienne, le Conseil de Sécurité se montre clair. Les dernières Résolutions appellent à la reprise des tables rondes. Un appel qui conforte les revendications du Maroc qui ne cesse d'engranger les victoires sur le front diplomatique en ajoutant, de plus en plus souvent, de nouveaux pays à la liste des soutiens au plan d'autonomie, proposé en 2007 comme solution réaliste à ce conflit artificiel. Tout cela est pris en considération par l'ONU dont tous les récents rapports soulignent le soutien international croissant à la thèse marocaine.
En gros, les efforts de De Mistura auront-ils les effets escomptés ? Difficile de trancher, selon Alexandre Negrus, président de l'Institut d'Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA). "Il est bien trop difficile de prédire l'avenir en la matière, tant le dossier est complexe", souligne l'expert qui estime que quoi qu'il en soit, le dossier a pris un tournant majeur avec la reconnaissance américaine, décidée par Donald Trump et entérinée par Joe Biden, qui a permis au Maroc d'espérer un effet multiplicateur. Ce qui a été le cas avec Israël.
"Ces changements géopolitiques majeurs s'insèrent dans une séquence où le Maroc a défini de nouvelles relations stratégiques car il avait déjà engagé depuis le début des années 2010 une diversification de ses alliances. Le pays a en outre engrangé des soutiens à son plan d'autonomie sur le Vieux continent, en ce que l'Espagne, les Pays-Bas et l'Allemagne reconnaissent depuis 2022 le tracé présenté par le Maroc et soutiennent la proposition de large autonomie", poursuit notre interlocuteur qui précise que tout cela incite le Maroc à regarder vers l'avenir dans le but de parachever son intégrité territoriale, accélérer son développement économique et confirmer ainsi son statut de puissance régionale.

Trois questions à Alexandre Negrus "La dynamique est actuellement du côté marocain"
Quel effet la visite de De Mistura peut-elle avoir sur l'évolution du dossier aux Nations Unies ?

Il est d'abord important de souligner le rôle de l'ONU dans le dossier du Sahara. Ces derniers temps, ce sont notamment les déclarations des Etats qui étaient scrutées. Le fait que l'ONU soit si impliquée, notamment avec de tels déplacements qui constituent des symboles forts, est un signe que le dossier continue d'évoluer pour éviter que la situation ne soit figée. Rappelons que la Résolution 2548 du Conseil de Sécurité, adoptée le 30 octobre 2020, a reconnu la prééminence de l'initiative d'autonomie, et ce, pour la 17ème fois depuis 2007. En plus, la Résolution 2654 du Conseil renouvelait le mandat de la MINURSO pour un an jusqu'à fin octobre 2023 et consacrait les acquis antérieurs du Maroc. La chancellerie marocaine évoquait ainsi une « Résolution de confirmation et d'évolution ».Maintenant, avec la dégradation de la situation au Sahel, il devient urgent de travailler à un processus politique qui puisse contribuer à la stabilisation du Sahara. Les autorités américaines s'engagent fortement en ce sens et appellent à faire preuve de « réalisme » et de « compromis ». Dernièrement, le Maroc jouit d'une situation plutôt favorable car le Royaume engrange des soutiens de poids, dont le dernier en date avec Israël. Cette dynamique diplomatique et militaire pourrait se poursuivre prochainement.

Le processus politique a-t-il des chances de renaître vu la réticence algérienne ?

Le processus politique semble à l'arrêt mais beaucoup de parties s'activent pour lui donner une nouvelle dynamique. La dynamique est actuellement du côté marocain, qui bénéficie d'une emprise diplomatique avec des soutiens de poids, dont les Etats-Unis. Mais comme tout différend territorial qui oppose deux parties, ce n'est qu'un compromis entre ces dernières qui permet d'ouvrir la voie à un processus politique voué au succès. C'est, je crois, ce que cherche l'ONU. Si le Maroc bénéficie de nouveaux soutiens de poids, alors l'étau se resserrera davantage autour de l'Algérie. Chaque partie cherche d'abord à gagner le rapport de force pour ensuite discuter et imposer ses conditions. Entre la paralysie et un processus politique pérenne, il y a la diplomatie. Elle suit son cours actuellement, avec plus ou moins de satisfaction mais il est clair que le dossier du Sahara, qui cristallise beaucoup de passions, est voué à connaître des évolutions, notamment à l'aune de la reconfiguration géopolitique de l'Europe et de l'Afrique.

Vu le soutien croissant au plan d'autonomie, comment voyez-vous l'avenir du processus politique ?

Je rappelle que ce dossier doit être lu à l'aune d'autres enjeux économiques et même énergétiques. Avec la montée irrésistible des prix de l'énergie lors de cette période, les grandes puissances qui soutenaient le plan d'autonomie, lors de sa présentation à l'ONU, ont peu à peu réduit leur enthousiasme afin de ménager l'Algérie, premier producteur de pétrole et de gaz de la région. La guerre d'Ukraine a également changé la donne, dans la mesure où l'Europe est confrontée à une crise énergétique qui impacte l'évolution de certains dossiers, notamment celui-ci. Pour a part, le président Macron a misé sur le partenariat avec l'Algérie. Les résultats sont bien maigres, voire parfois en contradiction avec les intérêts français. La position française et celle d'autres acteurs sur la question du Sahara se déterminera en définitive en fonction de facteurs géoéconomiques.
Autonomie : La thèse du Maroc s'impose
Après les Etats-Unis, Israël a emboîté le pas à l'Administration américaine en reconnaissant à son tour, cette fois-ci de manière officielle, la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Un appui de taille à la thèse marocaine qui bénéficie désormais d'un large soutien à l'international. En plus des nombreux pays ayant ouvert des représentations consulaires dans les provinces du Sud, d'autres pays, surtout en Europe, ont décidé de soutenir le plan d'autonomie en tant que solution crédible et pragmatique au conflit.
Près de douze pays du Vieux continent, dont l'Espagne, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, ont une position favorable au Royaume. D'autres pays se joignent à cet élan de soutien. Le Japon a salué, mardi, les efforts « sérieux et crédibles » du Maroc pour faire avancer le processus politique vers le règlement de la question du Sahara marocain.
Cette position a été exprimée dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères japonais publié à l'issue d'une rencontre tenue mardi au Caire entre le chef de la diplomatie nipponne, Hayashi Yoshimasa, et son homologue marocain, Nasser Bourita, en marge des travaux du Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau des ministres des Affaires étrangères.

Tension régionale : Contexte difficile
L'Emissaire onusien effectue cette nouvelle tournée dans un contexte difficile où l'Algérie a reconnu sa responsabilité dans le meurtre de deux vacanciers franco-marocains qui s'étaient égarés dans ses eaux territoriales. Un meurtre qui a soulevé une vague d'indignations et qui n'est pas de nature à apaiser la tension qui règne entre les deux pays après la rupture des relations diplomatiques en 2021, décidée unilatéralement par Alger.
En plus de cela, les agissements du Polisario sont de plus en plus téméraires. Les milices du front multiplient les incursions irresponsables dans la zone tampon sans se soucier des conséquences de tels actes qui mettent en péril le travail de la MINURSO dont ils obstruent la libre-circulation.
Ces incursions dans une zone si sensible ont pris une ampleur telle que les victimes sont nombreuses. Un des chefs de la milice séparatiste, Bachir Saïd Limam, aurait perdu la vie suite à une frappe de drone alors qu'il se trouvait dans un convoi qui a pénétré la zone tampon où toute circulation militaire est interdite en vertu de l'accord de cessez-le -feu de 1991.
Un accord dont le Polisario s'est affranchi après la libération du passage d'El Guerguerat en novembre 2020. Cette frappe n'a pas été revendiquée par le Maroc. Les Forces Armées Royales, rappelons-le, n'ont ni confirmé ni infirmé ce qui a été publié dans certains médias à ce sujet. Le Polisario a, pour sa part, publié des images des funérailles du séparatiste, le présentant comme un martyr.


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